Le CESE alerte sur le retard pris dans la transition énergétique

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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La trajectoire de la France pour atteindre les objectifs de la loi sur la transition énergétique "n'est pas la bonne", a estimé le Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans un avis consulté mercredi par l'AFP. Celui-ci doit être officiellement approuvé par ses membres mercredi après-midi. Il met en lumière des objectifs "loin d'être atteints" et des moyens "insuffisants".

Rénovation des bâtiments, réduction des émissions de carbone dans les transports, développement des énergies renouvelables, tous les chantiers ont pris du retard.

La loi sur la transition énergétique, votée en 2015, prévoit notamment la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 et 32% d'énergies renouvelables dans la consommation (40% de la production) en 2030. "Avec les mesures qui existent aujourd'hui, ce n'est pas possible d'atteindre les objectifs", s'est inquiétée la rapporteure Madeleine Charru, interrogée par l'AFP.

Pire, selon elle, les mesures supplémentaires conseillées par l'organe consultatif au moment de la première Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) en 2016 n'ont "jamais été mises en oeuvre". Le gouvernement est actuellement en train d'élaborer la deuxième PPE pour définir la trajectoire à suivre pour les années 2019-2023, puis des orientations à horizon 2028.

Concernant le plan de rénovation, qui prévoyait 500 000 logements rénovés par an, le suivi est "insuffisant" et "l'Etat ne s'est pas franchement donné les moyens", a accusé le rapporteur Guillaume Duval, son homologue fustigeant la "jungle d'outils" de financement qui perd le consommateur.

Le CESE se réjouit néanmoins de l'implication des territoires dans la transition énergétique mais redoute "les efforts supplémentaires importants à réaliser par ces collectivités au cours des prochaines années, notamment en matière d'investissement".

Pour combler le retard pris, l'assemblée consultative formule plusieurs demandes: l'élaboration d'une feuille de route précise pour toutes les filières de production d'énergie, en particulier pour le nucléaire, une meilleure prise en compte de l'alimentation, un levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre "complètement ignoré" selon Mme Charru, ainsi que des incitations financières plus conséquentes et plus stables.

Le Conseil propose en outre de négocier au niveau européen afin d'exclure des critères de déficit et de dette publics les financements destinés à la transition énergétique.

Avis du CESE sur la mise en oeuvre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Commentaires

François Cordelle
L'électricité n'émet que 6 % des émissions de CO² de la France, alors qu'elle a payé 94% des dépenses faites pour développer la production d'énergies renouvelables. Il serait beaucoup plus efficace d'affecter les crédits disponibles dans les autres domaines (transports et bâtiments), qui émettent 94 % du CO², qui ne participent actuellement qu'à 6 % des dépenses.
Pierre Allemand
Peut-être que la raison a enfin trouvé sa voie dans la tête des membres du gouvernement ?
Max Gabreski
""Avec les mesures qui existent aujourd'hui, ce n'est pas possible d'atteindre les objectifs", s'est inquiétée la rapporteure Madeleine Charru, interrogée par l'AFP." Moi, ce qui m'inquiète, c'est que dans ses objectifs il y a le développement des énergies renouvelables, c'est à dire le solaire et l'éolien. Elle devrait savoir que cela ne réduit pas les émissions de CO2. Bien au contraire, si l'on veut vraiment utiliser leur électricité de manière significative, ça les augmente, car il faut du fossile de complément pour suppléer leur intermittence. EDF construit d'ailleurs des centrales au gaz et sur le site Internet de la dernière, à Landivisiau, il n'hésite même pas à dire "pour soutenir le développement des renouvelables". Alors, appelons un chat un chat. Ce n'est pas de transition énergétique dont il s'agit, mais d'une chasse au nucléaire orchestrée par le lobby du gaz. Et lorsque l'on s'appelle "connaissance des énergies", on devrait le savoir.
Max Gabreski
Le meilleur moyen de baisser rapidement nos émissions de CO2, c'est de supprimer le fossile tertiaire, c'est à dire le fioul et le gaz domestiques, pour passer au tout électrique, et de construire des centrales nucléaires pour répondre proprement et de manière fiable et économique au surcroît de demande électrique que cela entraînerait.
François Cordelle
je suis tout-à-fait d'accord avec vous, on a oublié l'objectif: "réduire les émissions de CO²", pour le remplacer par "développer au maximum les énergies renouvelables", qui ne sont qu'un moyen. On ne veut pas admettre que le cas de la France est tout-à-fait différent de celui de tous les autres pays (sauf la Norvège, la Suède et la Suisse), car la transition énergétique, nous l'avons faite dès 1975, sans le savoir, car il n'en était pas question à ce moment là. Je regrette par ailleurs qu'on mette dans le même panier des renouvelables, l'énergie hydraulique avec les énergies éolienne et solaire, car les premières sont, dans la limite de l'hydrologie, garanties, pilotables sans délai, dans une large mesure stockables, qualités qui manquent totalement aux secondes.

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