Le chimiste Arkema signe avec Engie un gros contrat d'achat de biométhane

  • AFP
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Le chimiste Arkema a signé avec Engie un important contrat d'achat sur 10 ans de biométhane, gaz issu de la fermentation de déchets agricoles et agroalimentaires, ont annoncé les deux groupes jeudi.

Ce contrat, présenté comme l'un des plus importants contrats privés de biométhane en Europe à ce jour, porte sur la fourniture de 300 gigawattheures (GWh) par an pendant 10 ans. Aucun montant n'a été divulgué. Ce gaz bas-carbone est issu de 17 sites de méthanisation, notamment agricole, répartis en France et dont le géant de l'énergie achète la production pour la revendre.

Pour Arkema, qui obtient ainsi des certifications de recours à une énergie décarbonée, il s'agit de verdir une partie de son processus de production de polyamide issu de graines de ricin, matériau plastique biosourcé utilisé notamment pour des articles de sport. "Nous sommes très heureux d'annoncer ce contrat marquant avec Engie, qui nous permettra de réduire encore davantage l'empreinte carbone de nos matériaux bio-sourcés de haute performance, conformément aux attentes de nos clients", a déclaré Erwoan Pezron, directeur général Polymères Haute Performance d'Arkema.

Pour Engie, ce type de contrat de long terme "permet de bien gérer les risques", pour l'achat sur plusieurs années d'une énergie dont la valeur peut fluctuer, a expliqué à l'AFP Marc Pannier, vice-président d'Engie Global Energy Management and sales.

Ce type de contrat d'approvisionnement en gaz, similaire à ce que l'on voit dans le secteur de l'électricité vendue directement de fournisseur à acteur privé (appelés "PPA" selon leur acronyme anglais), se développent depuis deux à trois ans, dit-il.

En dépit de son coût de production plus élevé que le gaz d'origine fossile, le biométhane est une solution qui "émerge" pour les industriels, souligne M. Pannier : "c'est un gaz produit localement", qui offre une sécurité d'approvisionnement, a fortiori dans le contexte géopolitique présent de la guerre en Ukraine et de l'arrêt des approvisionnements de l'Europe en gaz russe.

"Tous les grands acteurs industriels sont dans des stratégies de décarbonation, et donc plutôt enclins à payer un peu plus cher", ajoute-t-il, évoquant à la fois "une stratégie de différenciation" mais aussi "les obligations d'incorporation" d'énergies bas-carbone imposées dans certains secteurs (par exemple les transports).

"Il y a une place durable pour le gaz dans la transition énergétique", souligne M. Pannier, avec le rôle du biométhane mais aussi de l'hydrogène produit à base d'électricité renouvelable.

La France compte à ce stade environ 500 méthaniseurs raccordés au réseau de distribution du gaz (dont une vingtaine gérées en propre par Engie). Ce secteur produit quelque 2% de la consommation gazière nationale mais est en pleine progression. Jeudi dernier, l'association France Gaz qui regroupe les entreprises du secteur gazier en France, a estimé que le pays était en capacité de doubler son objectif de production de biogaz, obtenu à partir de la méthanisation de déchets agricoles, pour le porter à 20% de la consommation nationale gazière dès 2030.

Un tel objectif permettrait de compenser la part de gaz russe (17%) qui était importé par gazoducs avant le début de la guerre en Ukraine et de donner un caractère renouvelable et local à une partie du gaz consommé en France au lieu de l'importer de l'étranger et d'épuiser les ressources du sous-sol.

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