Le Congrès américain vote des sanctions contre le gazoduc russe Nord Stream 2

  • AFP
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Le Congrès américain a voté mardi l'adoption de sanctions contre le gazoduc russe Nord Stream 2, accusé par Washington de renforcer l'influence de Moscou en Europe, mais jugé stratégique par ses promoteurs pour l'approvisionnement du vieux continent.

Les sanctions, dénoncées par l'Union européenne, visent les entreprises collaborant à la construction sous la mer Baltique de ce gazoduc qui évite notamment l'Ukraine, alliée des Occidentaux, par où transite aujourd'hui une grande partie du gaz russe. Elles visent également un autre projet russe de gazoduc, Turk Stream, qui doit relier la Russie à la Turquie en passant sous la mer Noire.

Le texte a été voté au Sénat à une très large majorité (86 pour, 8 contre) dans le cadre d'une grande loi de défense. Il avait été adopté la semaine dernière par la Chambre des représentants et doit encore être promulgué par Donald Trump, un ferme opposant au projet russe.

Nord Stream 2, déjà construit à 80%, doit théoriquement entrer en service à la fin de cette année. Il doit permettre de doubler les livraisons de gaz naturel russe vers l'Allemagne, grande bénéficiaire du projet.

Mais pour Washington et certains pays européens - l'Ukraine, la Pologne et les pays baltes - le gazoduc va accroître la dépendance des Européens au gaz russe, que Moscou pourrait utiliser pour exercer des pressions politiques. Une partie de l'Ukraine est le théâtre d'un conflit meurtrier entre Kiev et des séparatistes pro-russes.

Les sanctions font partie d'un train de mesures "de dissuasion contre l'agression russe". Nord Stream 2 est "une menace pour la sécurité énergétique européenne et une provocation du gouvernement russe", a fustigé le sénateur républicain Jim Risch.

Ingérence étrangère

Après l'adoption du texte à la Chambre des représentants la semaine dernière, l'Union européenne et Berlin avaient dénoncé des sanctions qui visent des entreprises exerçant une activité légitime et qui représentent une ingérence américaine dans la politique énergétique européenne.

Pour certains observateurs, l'opposition américaine à Nord Stream 2 fait aussi partie d'une offensive commerciale des États-Unis. Washington, grand producteur de gaz, veut notamment accroître ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l'Europe.

Les sanctions comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc. Le département d'État américain doit communiquer dans les 60 jours suivant la promulgation les noms des entreprises et des personnes qui ont participé à la pose de conduites pour Nord Stream 2.

L'une des principales cibles est Allseas, une entreprise suisse propriétaire du plus grand navire de pose de pipelines du monde, le Pioneering Spirit, engagé par le russe Gazprom pour construire la section offshore.

Le gazoduc représente un investissement d'une dizaine de milliards d'euros, financé pour moitié par Gazprom et pour l'autre moitié par cinq sociétés européennes (OMV, Wintershall Dea, Engie, Uniper et Shell).

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