Le groupe nucléaire Westinghouse va être racheté pour 7,9 milliards de dollars

  • AFP
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Le producteur d'uranium Cameco, la société d'investissement Brookfield Renewable Partners et d'autres acteurs vont racheter l'entreprise américaine spécialisée dans les centrales nucléaires Westinghouse Electric pour 7,9 milliards de dollars, dette comprise, dans une opération signalant un regain d'intérêt pour cette forme d'énergie.

Le secteur a rarement profité d'aussi bonnes conditions de marché, a souligné dans un communiqué commun le patron de Cameco, Tim Gitzel.

"En tant que l'une des rares formes de production d'électricité capable de produire de manière sûre, fiable et abordable une énergie sans émissions, l'énergie nucléaire devient de plus en plus importante dans un monde qui met l'accent sur l'électrification, la réduction des émissions carbone et la sécurité énergétique", a-t-il affirmé.

L'acquisition de Westinghouse "devrait accroître notre capacité à répondre aux besoins croissants des clients existants et nouveaux à un moment où l'origine et la sécurité de l'approvisionnement sont des préoccupations majeures", a-t-il ajouté.

Brookfield Renewable est de son côté une société d'investissement spécialisée dans les projets d'énergies renouvelables et de stockage d'énergie.

"Toute trajectoire crédible visant la neutralité carbone repose sur une croissance significative de l'énergie nucléaire", a souligné Mark Carney, responsable des investissements dans la transition pour Brookfield et ancien gouverneur des banques centrales d'Angleterre et du Canada.

Selon les termes de la transaction, Brookfield Renewable et ses partenaires institutionnels débourseront environ 2,3 milliards de dollars pour prendre le contrôle de 51% de Westinghouse tandis que Cameco versera 2,2 milliards pour 49%. Ils récupéreront environ 3,4 milliards de dollars de dettes.

Ancienne filiale du conglomérat japonais Toshiba, Westinghouse avait déposé le bilan en 2017 avant d'être racheté en 2018 par Brookfield Business Partners.

Cette dernière entité affirme avoir recentré Westinghouse sur son cœur de métier dans le nucléaire, réduit ses coûts d'exploitation et procédé à plusieurs rachats d'entreprises pour renforcer son expertise.

Le groupe compte environ 9 000 employés dans 19 pays fabriquant ou gérant des centrales nucléaires.

Brookfield Renewable et Brookfield Business sont tous deux des filiales du gestionnaire d'actifs canadien Brookfield Asset Management. La finalisation de la transaction est attendue au deuxième semestre 2023.

Commentaires

Energie+

Etude et multiples modélisations de l'Université d’Oxford (Royaume-Uni) :

Résumé des conclusions

- les coûts du nucléaire ont constamment augmenté au cours des cinq dernières décennies, ce qui le rend très peu susceptible d'être compétitif en raison de la chute des coûts des énergies renouvelables et du stockage

On peut ajouter que l'invasion de l'Ukraine a démontré que les centrales nucléaires ne sont pas défendables et peuvent être des cibles avec tous les risques élevés et durables qu'elles génèrent. De plus ne pas oublier que l'exploitation de l'uranium au fil du temps dégrade fortement le bilan d'émissions du nucléaire (plus de 200 grCO2e/KWh y compris en France, étude scientifique de 2014 revue au 1er trimestre 2021)

Donc autant aborder le sujet scientifiquement objectivement et pas de manière "marchande et corporatiste à courte vue" comme trop souvent

- une transition rapide vers les énergies renouvelables est moins chère qu'une transition lente ou nulle
- L'idée que passer aux énergies renouvelables coûtera cher est catégoriquement "fausse"
- Les coûts des technologies renouvelables ont considérablement diminué au cours de la dernière décennie et devraient continuer de baisser
- les coûts des technologies de stockage clés et l'hydrogène devraient également chuter de manière spectaculaire
- Atteindre un système énergétique net zéro carbone d'ici 2050 est possible et rentable

La transition vers un système énergétique décarboné d'ici 2050 devrait permettre au monde d'économiser au moins 12 000 milliards de dollars, par rapport au maintien de nos niveaux actuels d'utilisation de combustibles fossiles, selon cette nouvelle étude évaluée par des pairs par des chercheurs de l'Université d'Oxford, publiée dans la revue Joule.

Le scénario de « transition rapide » de l'étude montre un avenir possible réaliste pour un système énergétique sans fossiles d'ici 2050 environ, fournissant 55 % de services énergétiques en plus à l'échelle mondiale qu'aujourd'hui, en augmentant l'énergie solaire, éolienne, le stockage, les véhicules électriques et les carburants décarbonés tels que sous forme d'hydrogène vert (fabriqué à partir d'électricité renouvelable).

L'auteur principal, le Dr Rupert Way , chercheur postdoctoral à la Smith School of Enterprise and the Environment , déclare : « Les modèles antérieurs prédisant des coûts élevés pour la transition vers une énergie sans carbone ont dissuadé les entreprises d'investir et ont rendu les gouvernements nerveux à l'idée de mettre en place des politiques qui accéléreront le déploiement des énergies renouvelables et réduire la dépendance aux combustibles fossiles.

Mais les coûts des énergies renouvelables ont fortement chuté au cours de la dernière décennie, beaucoup plus rapidement que ne le prévoyaient ces modèles

« Nos dernières recherches montrent que la mise à l'échelle des technologies renouvelables clés continuera à faire baisser leurs coûts, et plus nous irons vite, plus nous économiserons. Accélérer la transition vers les énergies renouvelables est désormais le meilleur pari, non seulement pour la planète, mais aussi pour les coûts énergétiques.

Les chercheurs ont analysé des milliers de scénarios de coûts de transition produits par les principaux modèles énergétiques et ont utilisé des données sur 45 ans de coûts de l'énergie solaire, 37 ans de coûts de l'énergie éolienne et 25 ans pour le stockage.

Ils ont constaté que le coût réel de l'énergie solaire avait chuté deux fois plus vite que les projections les plus ambitieuses de ces modèles, révélant qu'au cours des 20 dernières années les modèles précédents avaient largement surestimé les coûts futurs des principales technologies énergétiques propres par rapport à la réalité.

"Il existe une idée fausse omniprésente selon laquelle le passage aux énergies renouvelables sera douloureux, coûteux et signifiera des sacrifices pour nous tous - mais c'est tout simplement faux", déclare le professeur Doyne Farmer, qui dirige l'équipe qui a mené l'étude. « Les coûts des énergies renouvelables ont tendance à baisser depuis des décennies. Ils sont déjà moins chers que les combustibles fossiles dans de nombreuses situations, et nos recherches montrent qu'ils deviendront moins chers que les combustibles fossiles dans presque toutes les applications dans les années à venir. Et si nous accélérons la transition, ils deviendront moins chers plus rapidement. Remplacer complètement les combustibles fossiles par de l'énergie propre d'ici 2050 nous fera économiser des billions d'euros

L'étude montre que les coûts des technologies de stockage clés et l'hydrogène devraient également chuter de manière spectaculaire.

Pendant ce temps rappellent les chercheurs, les coûts du nucléaire ont constamment augmenté au cours des cinq dernières décennies, ce qui le rend très peu susceptible d'être compétitif en raison de la chute des coûts des énergies renouvelables et du stockage.

Le professeur Farmer poursuit : « Le monde est confronté simultanément à une crise d'inflation, à une crise de sécurité nationale et à une crise climatique, toutes causées par notre dépendance à l'égard de combustibles fossiles coûteux, peu sûrs, polluants et aux prix volatils. Cette étude montre que des politiques ambitieuses visant à accélérer considérablement la transition vers un avenir énergétique propre, le plus rapidement possible, sont non seulement nécessaires de toute urgence pour des raisons climatiques, mais peuvent également faire économiser au monde des milliers de milliards de dollars en coûts énergétiques futurs, nous offrant une énergie plus propre, moins chère et un avenir plus sûr.

Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les coûts de l'énergie fossile ont grimpé en flèche, provoquant une inflation dans le monde entier. Cette étude, menée avant la crise actuelle, tient compte de ces fluctuations en utilisant plus d'un siècle de données sur les prix des combustibles fossiles. La crise énergétique actuelle souligne les conclusions de l'étude et démontre les risques de continuer à dépendre de combustibles fossiles coûteux et peu sûrs. La recherche confirme que la réponse à la crise devrait inclure l'accélération de la transition vers une énergie propre et à faible coût dès que possible, car cela apportera des avantages à la fois à l'économie et à la planète.

La recherche est une collaboration entre l'Institute for New Economic Thinking de l'Oxford Martin School, le programme Oxford Martin sur la transition post-carbone et la Smith School of Enterprise & Environment de l'Université d'Oxford, et SoDa Labs de l'Université Monash.

Présentation et étude complète

https://www.oxfordmartin.ox.ac.uk/news/decarbonise-energy-to-save-trill…

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goldorak

MDR : 200 grCO2e/KWh pour le nucléaire.
Cette fake news n'est pas dans l'article que vous citez.
L'article parle juste d'une augmentation du cout du nucléaire.

Cette hausse de cout est principalement dû à un desintéret de la filiale et une instabilité dans les choix politique.
Tout cela entraine un rencherissement au niveau des taux d'emprunt de la filiale et donc une agmentation du prix final de l'énergie.
Le cas de la France est particulièrement représentatif

Zecca

Bizarre, il est quand même bien seul à penser que : le cout du nucléaire est plus cheret émetteur de plus de co2 que l'éolien ou le solaire avec la centrale à gaz associée.Possible mais je demande à voir les chiffres.

JPG

Il y a quand même l'augmentation prévisible des coûts des matières premières nécessaires à la fabrication des équipements ENR liée à la forte demande de production. Les ressources n'étant pas en quantité infinie, elles seront soumises aux règles de l'offre et de la demande.
Quid de l'indépendance d'approvisionnement des ces matériaux? Peu sont disponibles sur le territoire national, de l'Europe voire de l'occident...
Ne serait-il pas plus rapide, plus économique et moins douloureux pour la société si la transition énergétique vers les ENR se faisait au mieux à volume de production égal à celui d'aujourd'hui, et mieux en le réduisant autant que possible?

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