Le président de l'Ademe répond aux « attaques violentes et définitives » contre l'agence

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Dans un message publié sur LinkedIn et repéré par le média Contexte, le président de l’Ademe (Agence de la transition écologique), Sylvain Waserman, a défendu l’agence face à des critiques portant sur son fonctionnement et son bilan.

Ce que dit Sylvain Waserman

« Des amendements à l'Assemblée nationale proposent la fermeture pure et simple de l'Ademe ». « Jugeons l'Ademe sur ses résultats, sa performance, son engagement et son efficacité, et pas sur des idées qu'on s'en fait par méconnaissance ».

« L'Ademe n'est pas un totem politique et ne doit pas le devenir : nous sommes à notre juste place, un opérateur de l'Etat, spécialisé, contrôlé, agile, qui atteint les objectifs que lui fixe l'Etat ».

Regrettant des « attaques violentes et définitives », le dirigeant met en avant un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) selon lequel l’agence est « globalement bien gérée ».

Budget et missions mises en avant

Sylvain Waserman rappelle entre autres que « les 3,4 milliards d'euros gérés en 2024 ne sont pas le budget de l'Ademe mais celui de l'État, que nous opérons avec une grande rigueur auprès du monde économique et des collectivités ». Il précise que « 92% de cette somme permet de lancer des projets de décarbonation d'entreprises ou de réseaux de chaleur pour lesquels l'aide de l'Etat est déterminante ». 

Parmi ces interventions, le « Fonds chaleur » reste un levier structurant pour soutenir les installations renouvelables et les réseaux de chaleur. Son enveloppe a atteint 820 M€ en 2024 et a été fixée à 800 M€ pour 2025, intégralement engagée l’an passé, avec 1 350 installations accompagnées.

Au-delà du financement, l’Ademe souligne d’autres missions opérationnelles : prise en charge de sites pollués « orphelins » présentant des risques, administration de bases de données (comme la Base Carbone) et production d’outils d’aide à la transition. Le traitement des sites à responsable défaillant est assuré « au nom de l’État » lorsqu'aucun responsable solvable n’est identifié; la Base Carbone, elle, fournit les facteurs d’émission de référence utilisés pour les bilans GES.

Les crédits orientés vers la « décarbonation de l’industrie » (appels à projets et dispositifs dédiés) s’inscrivent dans la trajectoire nationale de baisse des émissions et l’effort de planification. Plusieurs guichets pilotés par l’Ademe ont été ouverts ou prolongés malgré un contexte budgétaire tendu.

Un contexte politique sous tension

Les déclarations de Sylvain Waserman interviennent alors que des élus ont appelé à réorganiser, voire à fermer l’agence. Un amendement récent au projet de loi de finances 2026, déposé le 6 novembre 2025, propose explicitement de « supprimer l’Ademe ». D’autres critiques, récurrentes depuis début 2025, portent sur son coût et son périmètre, auxquelles l’agence a répondu en détaillant l’affectation de ses crédits.

Ces débats s’inscrivent dans un contexte où l’État revoit sa stratégie énergétique et climatique (la publication du décret sur la 3eprogrammation pluriannuelle de l’énergie est toujours attendue), avec des arbitrages budgétaires et réglementaires qui pèsent sur le rythme des projets.

Commentaires

EtDF
ADEME à l'origine cela voulait dire Agence De l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie.. Maintenant il faut lire Agence de la Transition Ecologique (ATE?) .. Soit, le périmètre d'intérêts s'est donc affiné (rétréci?). C'est vrai qu'il y a quelques Négawatts dans ses instances et... tueurs de Fessenheim... D'aucuns s'en enerveraient du côté de L'AN???
Etienne Leroy
Le président de l’Ademe se plaint d’« attaques violentes et définitives », mais il évite soigneusement de répondre au fond : à quoi sert encore une agence dont les dogmes se sont révélés incapables d’assurer la sécurité énergétique, la compétitivité et la décarbonation réelle du pays ? On peut comprendre que Sylvain Waserman défende son organisme. Mais répéter que l’Ademe est « agile », « contrôlée » et « efficace » n’en fait pas une réalité. L’agence est devenue, au fil des années, l’appareil idéologique de la décroissance énergétique : elle subventionne l’intermittence, décourage les filières pilotables, et oriente les milliards publics vers des choix techniques fragiles, coûteux et parfois inutiles. Quelques exemples bien connus : l’acharnement méthodologique contre le nucléaire dans la Base Carbone pendant plus de dix ans ; la promotion sans nuance de scénarios 100 % renouvelables, dont aucun n’est réaliste sans massifier le gaz ou le charbon en backup ; des politiques de subventions qui créent de la dépendance, sans jamais résoudre les problèmes de stabilité des réseaux, ni les besoins industriels réels ; le financement d’installations qui affichent « des tonnes de CO₂ évitées » sur le papier mais qui, dans la pratique, reposent sur des hypothèses irréalistes ou sur l’importation d’électricité carbonée aux heures creuses. Quand Waserman dit : « Jugeons l’Ademe sur ses résultats », très bien : le résultat concret, c’est que malgré des milliards distribués chaque année, la France n’a pas réduit significativement ses émissions industrielles depuis dix ans, a ralenti sur le nucléaire, et voit son système électrique s’affaiblir. Et maintenant, on explique que 3,4 milliards d’euros ne sont « pas le budget de l’Ademe mais de l’État ». C’est peut-être le point le plus inquiétant : des sommes colossales, prélevées sur le contribuable, orientées par une agence dont la ligne stratégique est contestée jusque dans les ministères. Quant aux « missions opérationnelles » — sites pollués orphelins, Base Carbone, outils divers — elles ne justifient en rien l’existence d’une structure tentaculaire de 1 500 agents. Ces tâches peuvent très bien être reprises par les services techniques de l’État, de manière plus neutre, plus efficace, et sans l’inflation bureaucratique qui caractérise l’Ademe. Enfin, le contexte politique est clair : si des députés de bords différents demandent la fermeture de l’agence, ce n’est pas par « méconnaissance », comme le prétend Waserman, mais parce que l’Ademe s’est progressivement transformée en machine idéologique, jalouse de ses prérogatives, incapable de se remettre en question et déconnectée des réalités industrielles. Fermer ou refondre profondément l’Ademe n’a donc rien d’un tabou : c’est un débat légitime, nécessaire, et largement mérité.
Philippe HUET
L'Ademe a sûrement des progrès à faire en matière d'efficacité, mais on pourrait aussi s'étonner de l'acharnement sur le programme EPR, dont les coûts, et surtout les surcoûts, sont vertigineux, et se chiffrant en plusieurs dizaines de milliards d'euros. Le nucléaire n'est-il pas aussi, sous certains aspects, une énorme machine idéologique, dont on peut légitimement contester la rigueur et le réalisme? Laissons-donc vivre l'ADEME, dans le cadre d'une politique de long terme, visant à mener le pays sur le chemin de la transition énergétique, sans exclusive, cad en misant sur la diversité et la complémentarité des solutions et des composantes du mix.
Alex
L'ADEME a aussi financé des réseaux de chaleur sur chaufferie biomasse permettant le chauffage de logements sociaux, des bâtiments publics ou la production de chaleur pour des serres horticoles ou autres industries en substitution d'énergies fossiles. Le gain n'est pas qu'en CO2, il est aussi en € sonnants et trébuchants pour ces clients... Pas de taxes sur les consommations énergétiques finales, une TVA à taux réduit... L'ADEME a aussi rédigé des cahiers des charges pour des études thermiques bien plus poussées qu'un simple DPE pour aider les maîtres d'ouvrages à réaliser des rénovations thermiques qui pourront bénéficier de subventions publiques. Elle produit aussi beaucoup de données utiles aux Bureaux d'Etude, aux maîtres d'ouvrages sur les solutions à mettre en oeuvre...

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