- Connaissance des Énergies avec AFP
- parue le

Installation de Norther Lights à Øygarden. (©Svein Ove Søreide-Equinor)
Les capacités de stockage géologique du CO2 dans le monde ne sont "pas illimitées", selon une étude publiée mercredi dans la revue Nature, qui relativise le potentiel de cette technologie pour lutter contre le changement climatique.
Des estimations près de 10 fois inférieures à celles des industriels
Les techniques de capture et stockage du carbone (CCS en anglais) supposent de capter le CO2 sur des centrales de production d'électricité qui utilisent des énergies fossiles ou sur des sites industriels : sidérurgie, cimenterie, raffinage, chimie... Il est aussi possible de capter du CO2 directement dans l'atmosphère.
Le gaz peut ensuite être transporté et réinjecté dans des réservoirs géologiques hermétiques - par exemple d'anciens champs pétroliers - pour y être stocké définitivement.
Mais l'équipe internationale de chercheurs qui publie ses conclusions mercredi souligne que le potentiel de stockage avec cette technologie, par ailleurs très coûteuse, n'est "pas illimité". Ils ont écarté les endroits jugés trop dangereux, par exemple situés trop près de villes ou sur une faille sismique.
The planet’s capacity to store carbon-dioxide emissions in rock formations is much smaller than previous estimates suggest and it could run out as early as 2200https://t.co/XudwqhSLds
— nature (@Nature) September 3, 2025
Les scientifiques estiment que quelque 1 460 milliards de tonnes de CO2 pourraient être stockés en toute sécurité dans des formations géologiques (les émissions mondes de GES liées aux activités humaines - hors UTCATF - représentaient l'équivalent de 53,8 milliards de tonnes de CO2 en 2022). C'est près de dix fois moins que des chiffres avancés par les industriels dans des estimations moins prudentes.
Les espaces de stockage, « une ressource rare »
"Cette étude devrait changer la donne pour le stockage du carbone. Il ne peut plus être considéré comme une solution sans limite pour ramener notre climat à un niveau sûr", a commenté un chercheur à l'Imperial College de Londres, co-auteur de l'étude, Joeri Rogelj.
"Les espaces de stockage géologique doivent être plutôt considérés comme une ressource rare qui doit être gérée de manière responsable", a-t-il poursuivi. Il exhorte à réfléchir aux secteurs et même aux générations appelées à utiliser ce potentiel en priorité.
La technologie du captage et stockage du CO2 est citée par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) parmi les solutions pour réduire l'empreinte d'industries difficiles à décarboner telles que les cimenteries ou la sidérurgie.
Mais les auteurs de l'étude, compte tenu des limites mises en évidence, pensent que la séquestration du carbone ne pourrait limiter le réchauffement climatique que de 0,7°C. Là aussi, c'est beaucoup moins que de précédentes estimations.




