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Les patrons de l'industrie pétrolière ont salué mardi aux États-Unis la politique pro-énergies fossiles du président Donald Trump, et laissé dans l'ombre les tourments liés à la guerre commerciale qu'il a initiée.
« Nous revenons à nos racines »
À la conférence CeraWeek, le grand raout de l'industrie énergétique jusqu'à vendredi à Houston (Texas), les prises de parole sur la décarbonisation et l'atténuation des effets du changement climatique n'ont pas totalement disparu.
Mais le gros des intervenants se montrent satisfaits de voir que l'approche qualifiée par eux de "réaliste" gagne du terrain. Elle consiste à mettre l'accent sur l'accessibilité de l'énergie et le développement économique, plutôt que sur la réduction des gaz à effet de serre.
Symbole de ce pivot, BP a annoncé le mois dernier réduire ses efforts dans les énergies renouvelables et abandonner ses objectifs d'émission de carbone pour relancer ses investissements dans les énergies fossiles. "Nous revenons à nos racines", a assuré mardi à Houston le directeur général du groupe, Murray Auchincloss, décrivant les efforts envisagés dans l'exploration et la production de pétrole, tant aux Etats-Unis qu'au Proche-Orient.
Le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a de son côté assuré que son groupe continuerait d'investir pour renforcer ses capacités dans le gaz naturel liquéfié (GNL). Il "est peut-être temps de retourner explorer le Golfe d'Amérique", a-t-il dit, en employant la nouvelle dénomination voulue par M. Trump pour le Golfe du Mexique.
Son homologue de ConocoPhillips, Ryan Lance, a lui salué les premières décisions du gouvernement facilitant l'octroi des permis d'exploitation, citant en exemple un projet en Alaska, retardé jusqu'ici du fait de son impact environnemental. "Nous devons réparer le système qui est le nôtre ici aux États-Unis. C'est probablement le plus gros obstacle au développement du système énergétique" du pays, a-t-il estimé.
Ces remarques mettent en lumière l'optimisme régnant dans le secteur depuis le retour de M. Trump à la Maison Blanche. À Houston, l'élan n'était en apparence pas altéré par sa politique en matière de droits de douane, qui a fait tanguer les marchés depuis une semaine.
« Croissance continue » de la demande
Les droits de douane "sont évoqués en coulisses et dans les conversations privées", a rapporté à l'AFP Chris Treanor, directeur exécutif du Partnership to Address Global Emissions, une coalition incluant des entreprises, qui promeut le gaz naturel. Selon lui, le secteur est enclin à l'indulgence vis-à-vis de Donald Trump.
"L'industrie américaine n'a pas l'impression d'être la cible de ce gouvernement, à la différence du précédent", a-t-il souligné. L'ex-président Joe Biden tançait notamment les milliards dépensés par les groupes pétroliers pour racheter leurs propres actions, afin de mécaniquement faire augmenter leur valeur et donc accroître la rétribution des investisseurs.
Les droits de douane ont tout de même été au cœur de certaines tables rondes. Des responsables canadiens ont ainsi exprimé leur incrédulité face aux annonces présidentielles.
Des taxes sur le pétrole brut canadien affecteraient "très négativement" de nombreux consommateurs, a pointé le ministre de l'Énergie et des Minéraux de la province de l'Alberta, Brian Jean. Il a également décrit la colère qui s'est emparée des Canadiens face aux velléités d'annexion de leur pays par Donald Trump. "Les gens sont très choqués et surpris, et cela va changer leur attitude à l'égard des États-Unis", a-t-il affirmé.
Lancée en 1983, la CeraWeek, initialement concentrée sur le pétrole, s'est élargie à tous les types d'énergies, incluant les renouvelables. Le ministre américain à l'Énergie, Chris Wright, a ouvert lundi la conférence en assurant vouloir renforcer les investissements dans le pétrole afin de disposer d'une énergie bon marché, et critiqué au passage M. Biden pour l'attention qu'il portait au réchauffement climatique.
Il y a quelques années encore, la CeraWeek s'interrogeait sur l'avenir du pétrole et du gaz naturel dans un monde cherchant à s'affranchir des énergies fossiles.
Cette fois, Amin Nasser, le directeur général du géant pétrolier saoudien Aramco, a exprimé sa confiance, disant observer une "croissance continue" de la demande.