Les transports publics se préparent aux coupures d'électricité

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Les métros seront épargnés en cas de coupure d'électricité cet hiver, mais les tramways risquent de s'arrêter, et la circulation des trains devrait être perturbée : le petit monde des transports publics envisage tous les scénarios pour éviter de laisser les voyageurs en rade.

"On ne laissera pas partir un train ou un métro s'il y a un risque de coupure", a assuré samedi le ministre délégué aux Transports Clément Beaune sur Franceinfo. "Pour des questions évidentes de sécurité, pour ne pas laisser les gens en galère grave dans la nature avec un train qui serait arrêté", il promet "des plans de transport (...) qui seront adaptés et annoncés" si Enedis devrait couper le courant.

Les éventuels délestages seraient organisés pendant les pics de consommation, de 08H00 à 13H00 et de 18H00 à 20H00, selon une circulaire aux préfets qui a surpris les opérateurs de transports. Ils se pensaient a priori épargnés.

Pour les trains, la balle est dans le camp de SNCF Réseau, le gestionnaire des voies ferrées qui doit informer les opérateurs --SNCF Voyageurs essentiellement, mais aussi Trenitalia ou les opérateurs de fret-- en cas de fermeture temporaire de ses lignes.

"Dans le cadre des travaux de préparation à d'éventuels délestages électriques cet hiver, SNCF Réseau travaille en lien avec le gouvernement et RTE à une stratégie nationale d'approvisionnement électrique du réseau ferroviaire", indique la société publique, promettant pour plus tard "des informations plus précises".

Un recensement des points sensibles du réseau est en cours, qui doit permettre d'établir des scénarios. Histoire notamment de voir jusqu'où peuvent aller les trains.

La caténaire, en haute tension, restera de toute façon alimentée, mais une partie du réseau en basse et moyenne tensions risque d'être affectée par les délestage: cela peut concerner l'éclairage des gares et des quais, les passages à niveau - dont l'autonomie des batteries est limitée - ou des éléments de signalisation. Autant d'éléments indispensables à la sécurité.

Tramways menacés

Du côté du tunnel sous la Manche, Getlink (Eurotunnel) assure ne pas être concerné, puisqu'il peut s'approvisionner en électricité du côté britannique comme du côté français. Concernant les transports en commun, déjà, les bus électriques auront a priori assez de batterie pour tenir deux heures.

En Ile-de-France, le RER et le métro de la RATP devraient être "peu impactés", car ils bénéficient de canaux d'alimentation spécifiques. Des coupures d'électricité pourront toutefois mettre à l'arrêt les ascenseurs et les escaliers mécaniques.

Les trams "et quelques points du RER" sont alimentés par Enedis, et la RATP travaille avec la filiale d'EDF pour identifier les secteurs qui pourraient être touchés, selon une porte-parole.

De même, les tramways et trolleybus de province sont menacés, et des réunions se tiennent chez les préfets cette semaine.

"Nos réseaux avec tramways se préparent à l'éventualité de coupures partielles ou totales de l'alimentation électrique", indique-t-on chez l'opérateur Transdev qui en exploite neuf en France, dont Grenoble, Montpellier et Nantes.

Des plans de transports adaptés vont être mis en place, qui pourront prévoir des réductions de fréquences pour s'adapter à la baisse de la puissance électrique disponible, la mise en place de services partiels ou l'arrêt des lignes de trams et leur remplacement temporaire par des autobus. Transdev espère que le lancement des alertes à J-3 permettra de s'organiser et de prévenir les usagers.

Idem chez Keolis - qui pilote les tramways de Bordeaux, Caen, Dijon ou Lyon - où l'on espère être informé au plus tard la veille à 17H00 d'un délestage le lendemain avec les heures précises. "Nous ne pouvons pas faire des annonces aux voyageurs sur la seule base d'un risque potentiel de délestage", souligne un porte-parole de la filiale de la SNCF . Keolis, qui exploite ceux de Lyon, Lille et Rennes, note également que les métros, considérés comme "d'importance vitale", seront épargnés.

Du côté des autoroutes, pas de panique à l'horizon. "Tous les équipements de péage de Vinci Autoroutes bénéficient de systèmes d'alimentation sur batterie ou sur onduleur qui les prémunissent contre les coupures de courant, de façon à garantir la continuité du service autoroutier", assure la société.

Même son de cloche chez les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR, groupe Eiffage) qui dispose de "groupes électrogènes redondés et de batteries".

Commentaires

Olivier DE BOISSEZON

La phrase suivante : "le petit monde des transports publics envisage tous les scénarios pour éviter de laisser les voyageurs en rade" montre bien la considération de l'AFP pour ce qui est le Service Public ...

Alors que les industriels qui s'effaceront seront indemnisés, les Services Publics des Transports en commun seront pénalisés à leur détriment purement et simplement. C'est particulièrement injuste.

Et l'article finit sur les autoroutes qui seront sûres, elles ... Alors qu'elles subiront des coupures aussi.

C'est mensonger d'alerter sur les passages à niveaux de la SNCF qui seraient potentiellement défaillants en cas de coupure d'électricité. Je trouve la phrase suivante plutôt malsaine : "les passages à niveau - dont l'autonomie des batteries est limitée - ou des éléments de signalisation".
Mais à quoi joue l'AFP ? Et le Gouvernement ?

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