Nucléaire: le débat public sur les EPR de Penly lié à une concertation plus large

  • AFP
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Le débat public sur le projet de construction de deux réacteurs EPR à Penly (Seine-Maritime) ne pourra avoir lieu que dans la continuité d'une "concertation nationale" plus large sur "le système énergétique de demain", a jugé la Commission nationale du débat public (CNDP).

"La CNDP a décidé que ce projet (d'EPR) sera soumis à un débat public qui devra s'inscrire dans la continuité de la concertation nationale sur le système énergétique de demain", a-t-elle conclu dans un compte-rendu publié jeudi de sa séance tenue la veille.

"Par conséquent, le calendrier de ce débat public sera adapté afin que le public ait connaissance des premiers enseignements de la concertation nationale sur le système énergétique", a-t-elle indiqué.

L'autorité indépendante assure avoir reçu du Premier ministre l'engagement que cette "concertation nationale" - au périmètre donc beaucoup plus large que la question des seuls EPR - "serait ouverte dès la fin du printemps 2022".

"Il serait peu compréhensible pour le public de débattre du programme de construction de nouveaux réacteurs nucléaires d'EDF avant d'avoir débattu des grandes orientations de la politique énergétique nationale", souligne la CNDP.

"EDF se réjouit et salue cette délibération de la CNDP, qui engage officiellement le processus de débat public", a réagi jeudi un porte-parole du groupe auprès de l'AFP.

EDF avait saisi la commission le 11 février pour son projet de construire deux nouveaux réacteurs EPR à Penly.

Cette saisine faisait suite à l'annonce du président Emmanuel Macron, qui veut construire six nouveaux réacteurs EPR en France, avec des études sur huit de plus. Le seul réacteur en construction actuellement est celui de Flamanville (Manche), très en retard.

EDF avait proposé de construire les nouveaux EPR par paires sur trois sites: d'abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).

"Les décisions concernant ces projets de réacteurs nucléaires ne sont pas prises, à ce jour, dans la mesure où ils devront obtenir des autorisations d'exploitation, dont la demande ne peut intervenir avant la conclusion du débat public", souligne encore la CNDP.

jmi/uh/eb

Commentaires

Pat

Je ne comprends pas bien cette lubie de tenir des débats publics pour 99% d'une population appelée à se prononcer sur des sujets qu'elle ne maîtrise pas du tout, alors qu'on dispose déjà d'un office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques... surtout pour ne finalement pas tenir compte des avis de la population, dixit Chantal Jouanno, dirigeante de la Commission nationale du débat public !
A ce compte-là, pourquoi ne pas demander au bon peuple de France de se prononcer sur tout projet de loi ?
Bienvenue en Absurdistan.

Arnaud de Rasilly

Tout à fait d'accord avec vous. Le principe de la démocratie est très fort et doit être respecté. Cependant nombre de questions d'une technicité évidente requièrent de la part des décideurs la possession d'une culture adaptée, ce que l'on appelle une compétence sans laquelle toute décision risque bien de ne pas être pertinente. Il est établi que toute consultation du public consiste en la recherche de l'avis d'une majorité idéologique que l'on constate conduire souvent dans une direction écartée d'une solution raisonnable et efficace du fait de l'application de principes étrangers considérés comme majeurs, au détriment du respect de contraintes réelles. L'effet de propagande idéologique est toujours plus fort que la réflexion scientifique ou économique écartée. L'erreur porte alors toujours ses fruits.

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