Parafoudres radioactifs: ex-salariés d'Orange et syndicats veulent saisir un juge

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Des associations et ex-salariés d'Orange, ont demandé en octobre la saisine d'un juge parisien pour enquêter sur une possible exposition au long cours à de la radioactivité via des "parafoudres", des boîtiers évitant des surtensions, a appris l'AFP de source proche du dossier vendredi.

Après une première plainte mi-2019 à Clermont-Ferrand qui avait donné lieu, selon les plaignants, à une procédure à Paris confiée aux enquêteurs environnementaux de l'Oclaesp, les plaignants ont déposé le 20 octobre une plainte avec constitution de partie civile pour mise en danger d'autrui au tribunal judiciaire de Paris.

Jusqu'en 2013, Orange s'appelait France Télécom, dont "de nombreux agents" ont "été, parfois malgré leurs alertes, exposés à des parafoudres radioactifs. Nous demandons que toute la lumière soit faite dans cette affaire", commente Me François Lafforgue, avocat de l'association Henri Pézerat, de l'Union départementale CGT du Cantal et de plusieurs de ses branches ainsi que de deux personnes physiques.

D'après la plainte, l'exposition par Orange a duré "jusqu'en 2015" sans même que la société "dispose d'une autorisation lui permettant de manipuler ou détenir" des "radionucléides".

Les parafoudres, des petits tubes en verre mesurant entre 1 et 5 cm, sont des dispositifs de protection des appareillages électriques ou électroniques pour éviter les surtensions sur les lignes.

Ils ont été installés par centaines de milliers à partir des années 1940 sur l'ensemble du réseau français, sur les boîtiers et répartiteurs de lignes, jusqu'à leur interdiction en 1978.

A l'intérieur, selon les plaignants, des éléments radioactifs tels que le radium 226, le tritium et le thorium 232.

Ils ont commencé à être retirés au début des années 2000.

Sollicité par l'AFP, Orange a assuré "respecter scrupuleusement les exigences règlementaires" en matière de sécurité.

"La dépose des anciens modèles de parafoudres (...) est strictement encadrée et s'effectue sous l'autorité nationale de sûreté nucléaire et de ses contrôles réguliers", ajoute le groupe.

L'opérateur a "mené de nombreuses études sur vingt ans" sur le sujet, qui dans leur "ensemble (...) démontrent l'absence de risque pour les salariés", soutient encore l'entreprise.

Dès 2008, la CGT estimait dans un communiqué que "rien n'(avait) été prévu pour récupérer et éliminer correctement ces radioéléments", ni "pour alerter les agents sur les risques encourus lors de leur manipulation ou stockage".

En 2009, le CHSCT (comité hygiène, sécurité et conditions de travail) d'une unité France Télécom basée à Riom-ès-Montagnes "constate un nombre anormalement élevé de cancers déclarés par des salariés" locaux "qui manipulaient (ces) parafoudres sans protection", avec un "stockage dans le bâtiment où ils travaillaient".

Saisi, un cabinet d'expert estime en 2010 que France Telecom a sous-estimé "le risque", raconte la plainte.

Fin 2010, l'Inspection du travail en Auvergne met en demeure France Télécom de "mesurer les risques, assurer l'information et la protection effective des salariés".

Après la découverte d'autres salariés potentiellement exposés et plusieurs démêlés, le "plan de retrait" général entamé par Orange en 2015 a, d'après la plainte, engendré de nouvelles expositions de salariés.

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