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La France devrait disposer de suffisamment d'électricité cet été, même en cas de canicule et de sécheresse, tandis qu'une situation de "vigilance particulière" est anticipée pour l'hiver 2020-2021, a indiqué jeudi le gestionnaire du réseau à haute tension RTE.
En dépit d'une disponibilité "historiquement basse" des moyens de production d'électricité, liée à la crise sanitaire qui a affecté le planning de maintenance des réacteurs nucléaires, "pour l'été, la sécurité d'approvisionnement des Français sera assurée, même en cas de canicule et de sécheresse", a déclaré le président de RTE François Brottes, lors d'une conférence de presse.
La capacité en énergies renouvelables, avec notamment des barrages remplis à 95%, ainsi que la disponibilité prévisionnelle du parc de production et la possibilité de faire appel au réseau européen en cas de besoin, permettront d'assurer la sécurité d'alimentation électrique cet été.
RTE juge que la probabilité d'avoir à importer de l'électricité cet été est plus élevée que les années précédentes, et l'opérateur pourrait ainsi si nécessaire faire appel à 10 gigawatts (GW) supplémentaires.
S'agissant de l'hiver prochain, la situation est "inédite" et nécessitera "une très grande vigilance", a dit M. Brottes. Si l'hiver était marqué par une période de froid plus rigoureux que d'habitude, il faudrait faire appel à d'autres moyens que le parc de production disponible, dont les importations et des dispositifs d'effacement. La vigilance débutera dès la fin octobre ou début novembre.
L'incertitude porte aussi sur le niveau de consommation en fonction de la reprise économique : EDF avait annoncé le 16 avril une diminution très importante de son estimation de production nucléaire pour 2020, à environ 300 terawattheure (TWh) contre 375 à 390 TWh envisagés sur l'année avant la crise du Covid-19, qui a ralenti les activités de maintenance des centrales en production.
"Cette situation exceptionnelle demande des mesures particulières pour maîtriser la consommation", a déclaré la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, qui veut "accélérer" les économies d'énergie.
La ministre a notamment annoncé la mise en place d'un "coup de pouce" pour l'installation de thermostats de régulation de température, sous forme d'une aide de 150 euros en certificat d'économie d'énergie à partir du 1er juillet. Le ministère table sur 20 000 à 40 000 dispositifs installés par mois.
Egalement à compter du 1er juillet, un système de bonus aidera les contrats de performance énergétique utilisés dans le secteur tertiaire.
L'autre volet de maîtrise de la consommation porte sur l'équilibre entre offre et demande, lors des pointes de consommation. Les programmes d'effacement, qui permettent de ne pas consommer d'électricité en période de forte demande, seront encouragés. "Il n'y a pas de risque de black-out, c'est à dire de coupure de courant généralisée en France", a assuré la ministre, en parlant d'une "situation contrôlée".
RTE présentera à l'automne une version actualisée de son étude des prévisions pour l'hiver.
Mme Borne a par ailleurs indiqué que l'objectif de fermeture des centrales à charbon d'ici 2022 restait d'actualité. De même, la fermeture prévue en juin de la centrale nucléaire de Fessenheim n'est pas remise en cause. "On ne va pas changer de direction à la dernière minute", a-t-elle lancé.