- Connaissance des Énergies avec AFP
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Pour la première fois, le Venezuela a voté pour désigner des représentants de l'Essequibo, le territoire riche en pétrole que Caracas réclame au Guyana voisin dans le cadre d'un différend centenaire, a constaté une journaliste de l'AFP dans l'Etat de Bolivar (sud-est) situé près de la frontière.
24e État vénézuélien
Le vote a eu lieu dans une micro-circonscription de 21 403 électeurs à la frontière guyanienne, que Caracas a créée pour les élections législatives et régionales de dimanche. Il n'y a pas de bureaux de vote sur le territoire de 160 000 km2 administré par Georgetown.
Ce scrutin doit permettre de désigner un gouverneur, huit députés et des conseillers régionaux.
Les élections sont une étape de plus pour atteindre la "souveraineté pleine" de ce territoire, a déclaré à l'AFP Neil Villamizar, candidat du pouvoir au poste de gouverneur de ce 24e État vénézuélien, la Guayana Esequiba - nom que les autorités donnent à l'Essequibo - créée en 2024 mais qui se situe donc au Guyana.
"Nous nous concentrons sur cette tâche : obtenir par la voie pacifique (...) la récupération de la pleine souveraineté de la Guayana Esequiba, en paix, avec harmonie, en pratiquant la diplomatie", a-t-il ajouté.
À El Dorado, un des quatre villages où l'on a voté pour les élus de l'Essequibo, une petite maison communale accessible par une route de terre a fait office de bureau de vote.
Adolfo Torrealba, un commerçant de 62 ans, estime que l'élection de ces autorités "aurait dû avoir lieu il y a longtemps". "Grâce à Dieu, ils l'ont pris en compte et enfin nous allons avoir ici un gouverneur et quelqu'un qui nous représentera", a-t-il dit après avoir voté.
« Envahisseur de métier »
M. Villamizar promet "bien-être" aux "Essequibanos", pièces d'identité vénézuéliennes et services de santé et d'éducation.
Le candidat de l'opposition Alexis Duarte a, pour sa part, affirmé que "le Guyana est un envahisseur de métier" qui maintenant "prétend nous enlever l'Essequibo parce qu'il a le soutien de certaines multinationales (pétrolières) et de certains pays puissants (Etats-Unis)".
Le Guyana dénonce cette élection comme une "menace", tandis que la Cour internationale de justice (CIJ), qui traite le différend territorial, a vainement demandé au Venezuela de s'abstenir d'organiser le scrutin.
Caracas a organisé en 2023 un référendum demandant notamment aux Vénézuéliens s'ils étaient favorables à la création d'un Etat de l'Essequibo faisant partie du Venezuela.
Georgetown, qui assure que Caracas cherche à annexer les deux tiers de la superficie du Guyana, souligne que le tracé de sa frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entériné en 1899 par une Cour d'arbitrage à Paris. Georgetown demande à la CIJ de le ratifier.
Le Venezuela estime pour sa part qu'un accord signé en 1966 avec les Britanniques à Genève - avant l'indépendance du Guyana - jette les bases d'un règlement négocié hors de la CIJ et soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de la colonisation espagnole.
Si Caracas n'a jamais abandonné ses prétentions sur le territoire, le différend a été ravivé lorsque le groupe ExxonMobil a découvert d'immenses réserves de pétrole en 2015.
