Pétrole : le prix du brut vénézuélien au plus bas depuis 22 ans, la crise s'aggrave

  • AFP
  • parue le

Avec un baril de pétrole tombé vendredi à son plus bas niveau depuis 1998, en-dessous de dix dollars, la profonde crise économique au Venezuela va empirer au moment où le pays doit affronter la pandémie de nouveau coronavirus.

Selon le ministère du Pétrole, qui donne depuis 2017 les chiffres du secteur pétrolier en yuans pour protester contre les sanctions américaines, le prix du brut vénézuélien est descendu à 70,62 yuans (9,9 dollars) entre lundi et vendredi, une première depuis 1998 lorsque le prix du baril avait atteint sur l'année 9,38 dollars. Il a perdu 23,2% par rapport à la semaine précédente.

Les cours du pétrole se sont effondrés ces derniers mois sur les marchés internationaux et en particulier cette semaine - le WTI américain est même passé en territoire négatif (jusqu'à - 37,36 dollars lundi) -, du fait de la baisse de la demande liée au confinement de la moitié des habitants de la planète pour endiguer le coronavirus.

Une telle situation peut se transformer en "Armageddon" pour le Venezuela, extrêmement dépendant des exportations d'or noir, relève un expert. "C'est une situation particulièrement extrême. Le Venezuela a besoin normalement de cours supérieurs à 30 dollars pour que ce soit intéressant de continuer à forer et à payer des royalties", a relevé cette semaine Francisco Monaldi, spécialiste du pétrole, auprès de l'Association de la presse étrangère au Venezuela. Le coût de production d'un baril vénézuélien ressort, selon les spécialistes, aux alentours de 18 dollars.

Crise aggravée

Mais le cours hebdomadaire est tombé cette semaine bien en-dessous de la moyenne annuelle de 2019 à 56,70 dollars le baril et de celle de 2018 à 61,41 dollars. La baisse des cours depuis 2014 n'a cessé d'aggraver la crise économique qui frappe le Venezuela et qui a provoqué le départ de quelque 4,9 millions d'habitants depuis 2015, selon l'ONU. En six ans, l'économie s'est contractée de moitié.

Et le niveau extrêmement bas assène un coup supplémentaire à une économie exsangue marquée par une hyperinflation (9 000% en 2019) et six ans de récession, avec des sources de financement asséchées par de lourdes sanctions américaines.

Or le pays sud-américain détient les plus grandes réserves pétrolières au monde. Mais le secteur est victime de la corruption et du manque d'investissements, selon les analystes et l'opposition vénézuélienne.

La production a dégringolé de 3,2 millions de barils par jour (Mb/j) en 2008 à 865 000 b/j en février, selon les chiffres fournis par la compagnie publique PDVSA à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Elle a retrouvé les niveaux moyens des années 1940. En conséquence, les flux de liquidités se réduisent comme peau de chagrin.

Autour de 80% des revenus du pays provenaient du pétrole en 2019, d'après la société de conseil Ecoanalitica. "Au Venezuela, nous n'avons pas de pétrole à 10 ni à moins de 10" dollars, a lancé récemment le président vénézuélien Nicolas Maduro dans une allocution télévisée. Sa "marge de manoeuvre est très limitée", a estimé l'économiste José Manuel Puente.

Les pénuries de carburant se sont aggravées dans le pays ces dernières semaines, de longues files de voitures s'étirant devant les stations-service de Caracas se multiplient. Jusqu'à présent, ce problème n'affectait depuis plusieurs années que les régions de l'intérieur du pays.

Sommets

Entre 2004 et 2015, le Venezuela a engrangé 750 milliards de dollars grâce à ses exportations de pétrole, dont le cours a atteint des sommets en 2011 et 2012 avec une moyenne annuelle du baril de respectivement 101,06 dollars et 103,42 dollars.

Sans ces liquidités, le gouvernement fait tourner la planche à billets pour combler le déficit budgétaire et alimente ainsi une inflation galopante. Les pénuries de biens de première nécessité et de médicaments sont installées dans la durée.

Un homme de 28 ans a été tué par balle jeudi - "des tirs venant a priori du corps policier" - dans le sud du Venezuela lors d'une manifestation de protestation contre la hausse des prix des produits alimentaires, a annoncé l'armée, précisant que plusieurs dizaines de personnes avaient manifesté à Upata, une ville d'environ 100 000 habitants.

Le Venezuela, en confinement à cause du coronavirus, a connu jeudi une deuxième journée consécutive de troubles dans des villes de province liés à la disponibilité des produits alimentaires. Sept personnes ont été blessées mercredi lors de manifestations qui, elles aussi, ont tourné aux pillages dans l'Etat de Sucre (est).

Commentaires

Denis GOURGOUILLON

C'est un paradis socialiste selon Melenchon!! Pas de capacité financière du fait de la chute du prix du pétrole, pas d'agriculture pour nourrir sa population, aucune industrie (car détruite par le socialisme et les nationalisations Chavez Maduro). Electricité intermittente du fait des infrastructures mal entretenues (alors que le pays était exportateur il y a une dizaine d'années)
Vive l'enfer américain C'est là que veulent émigrer les Vénézuéliens
Merci M Melenchon de saluer cet exploit du socialisme

Alain COGNARD

triste d'imaginer nos collègues vénézuéliens, restés au pays, souffrir le martyre imposé par Maduro.

Mandron

Encore un ravage terrible provoqué par le socialisme toujours vanté par certains.

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