- Connaissance des Énergies avec AFP
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En pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres membres de l'Opep+ ont augmenté leurs quotas de production de pétrole pour le mois de décembre lors d'une réunion en ligne dimanche et ont annoncé une pause au premier trimestre 2026.
« En raison de la saisonnalité »
"Les huit pays participants ont décidé de mettre en œuvre un ajustement de la production de 137 000 barils par jour" en décembre par rapport au niveau de production requis en novembre, a précisé l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) via un communiqué, une hausse largement anticipée par les analystes.
Depuis avril, l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, Oman et l'Algérie augmentaient chaque mois leurs objectifs de production, ajoutant au total environ 2,7 millions de barils par jour (Mb/j), pour lutter contre la concurrence croissante, notamment celle des producteurs de pétrole de schiste américains.
Un rythme que personne n'anticipait en début d'année de la part de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), qui a longtemps lutté contre l'érosion des prix en organisant la raréfaction de son offre de pétrole.
Mais "en raison de la saisonnalité, les huit pays ont également décidé de suspendre les augmentations de production en janvier, février et mars 2026", précise l'Opep, suggérant que la demande de pétrole ne sera pas assez forte pour que le groupe continue sa stratégie de reconquête de parts de marché sans faire plonger trop fortement les cours du brut.
Une hausse réelle de la production estimée à « 60 000 ou 70 000 » barils par jour
Le cartel se prévaut, à l'instar des mois précédents, des "faibles réserves de pétrole" mondiales pour justifier une nouvelle hausse des quotas. Les réserves de brut aux États-Unis ont certes fortement baissé récemment, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie, ce qui permet au baril de Brent, la référence internationale, de résister autour de 65 dollars.
Mais avec la croissance de l'offre, "on s'attend à ce que les réserves de pétrole s'accumulent", prévient Ole R.Hvalbye, analyste chez SEB, ce qui explique potentiellement la pause annoncée des hausses de production de l'Opep+ à partir de janvier.
Les volumes de pétrole en mer ont fortement augmenté depuis septembre, dépassant même les niveaux atteints durant la pandémie de Covid, et seront bientôt dans les entrepôts.
Ajouter trop de barils sur le marché expose le groupe à une baisse des prix qui ampute ses profits, mais une hausse des quotas de l'Opep+ de 137 000 barils se traduira en réalité par une production moins importante de "60 000 ou 70 000", limitant l'effet sur les prix, explique à l'AFP Emily Ashford, analyste chez Standard Chartered.
La Russie « à pleine capacité » ?
En effet, certains pays qui ont dépassé leurs quotas par le passé doivent compenser leur surproduction. Surtout, la Russie "est déjà à pleine capacité", juge l'analyste de Standard Chartered, et n'a pas intérêt à voir l'offre mondiale augmenter si elle ne peut pas suivre de son côté.
La pression sur l'offre de pétrole russe s'est renforcée en octobre quand les États-Unis ont annoncé des sanctions contre deux géants de son secteur des hydrocarbures, Rosneft et Lukoil. Les analystes débattent encore de l'impact réel de ces mesures, qui dépendra largement de la sévérité avec laquelle Washington appliquera les sanctions secondaires sur les institutions financières étrangères participant à des transactions avec ces producteurs.
"Le marché sous-estime l'importance des sanctions américaines" contre des acteurs se trouvant "au cœur du commerce du pétrole russe", a affirmé jeudi le PDG du géant français des hydrocarbures TotalEnergies, Patrick Pouyanné. En suggérant une réduction de l'offre russe importante qui soutiendrait les prix du brut.
Mais de nombreux analystes se montrent prudents et rétorquent que d'une part la Russie est passée maître dans le contournement des sanctions occidentales, et que d'autre part, les États-Unis ne prendront pas de mesure contre les achats de la Chine, principal importateur de pétrole russe, avec laquelle ils viennent de conclure un accord pour détendre leurs relations commerciales.

