- Connaissance des Énergies avec AFP
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La France compte un parc automobile de plus de 1,5 millions de voitures 100% électriques (plus de 2,3 millions en incluant les véhicules hybrides).
Prolonger la vente de véhicules hybrides rechargeables au-delà de 2035, comme le demandent certains constructeurs automobiles à la Commission européenne, serait néfaste pour le porte-monnaie des ménages modestes et pour le climat, affirme l'Institut Mobilités en Transition (IMT, fondé par l'IDDRI).
Deux moteurs à entretenir
Une étude d'IMT montre qu'une "autorisation de la vente d'hybrides rechargeables (PHEV) ou de véhicules électriques avec prolongateurs d'autonomie (EREV)" après 2035 "coûterait plus cher aux usagers, notamment pour les plus modestes roulant en véhicules d'occasion anciens".
Cela conduirait aussi à "émettre bien davantage de gaz à effet de serre et à peser défavorablement sur la balance commerciale européenne", ajoute cette étude, réalisée sur la base de plus d'un millier de simulations combinant profils d'usage réels, types de motorisations et catégories d'acheteurs.
Pour réaliser cette enquête mise en ligne mercredi, le groupe de réflexion IMT de Sciences Po s'est associé au groupe de recherche allemand International Council on Clean Transportation (ICCT), qui avait révélé en 2015 le scandale du "dieselgate" chez Volkswagen, et au cabinet de conseil C-Ways.
Selon le document, le coût total d'utilisation d'une voiture hybride rechargeable ou d'une électrique à prolongateur d'autonomie est supérieur de 7% en moyenne à celui d'une électrique pour un ménage qui a acheté son véhicule neuf, et de 18% en moyenne si le véhicule a été acheté d'occasion : avec deux moteurs à entretenir, les coûts de maintenance augmentent.
Un appel à maintenir l'interdiction en 2035
Les résultats vont dans le même sens sur le plan climatique : "Les émissions de gaz à effet de serre sur le cycle de vie complet des PHEV et des EREV" sont "nettement supérieures à celles des véhicules électriques (VE)" selon le rapport.
"Malgré des batteries plus compactes nécessitant moins de matériaux critiques et présentant une empreinte carbone de production plus faible et malgré une efficience énergétique parfois supérieure en mode électrique, liée à la masse réduite de la batterie, les PHEV et les EREV ne permettent pas une décarbonation du cycle de vie comparable à celles des véhicules électriques équivalents", indique l'étude.
L'UE prévoit pour 2035 l'interdiction des voitures thermiques et hybrides neuves, une mesure phare du Pacte vert européen (Green Deal) acté en mars 2023 malgré les réticences allemandes. Une clause de revoyure est prévue pour 2026 mais, sous la pression des industriels qui espèrent un assouplissement des textes, la Commission devrait annoncer des décisions courant décembre.
L'IMT lui recommande de "maintenir l'interdiction de vente de véhicules partiellement thermiques après 2035", d'"accélérer le soutien à la production et à la demande de petits véhicules électriques made in Europe et de "consolider la politique industrielle européenne", notamment en encourageant les investissements dans la filière batteries.
En septembre 2025, une étude de T&E (l'ONG Transport & Environment) avait estimé que les véhicules hybrides rechargeables émettent in fine 5 fois plus en circulation (139 g CO2/km) que leurs émissions supposées lors des tests (28 g CO2/km)

