Électricité en France : vigilance renforcée en janvier à cause d'une moindre disponibilité du parc nucléaire

  • AFP
  • parue le

L'approvisionnement de la France en électricité fera l'objet d'un niveau de vigilance renforcé en janvier à cause d'une moindre disponibilité du parc nucléaire, selon le gestionnaire du réseau.

Les prévisions météorologiques tempèrent toutefois les craintes quant à la sécurité d'alimentation: la survenue d'épisodes de froid sévère et durable, sources des pics de consommation, "apparaît très peu probable" au cours de la première quinzaine du mois et pour la suite "peu probable" (avec cependant un degré d'incertitude plus élevé), note RTE jeudi dans une note d'analyse sur l'équilibre entre l'offre et la demande.

Pour autant, le gestionnaire des lignes à haute tension a relevé son "niveau de vigilance", et prévoit une série de mesures dans un contexte de crise énergétique européenne et de tensions sur l'offre en France.

Le pays, qui tire 70% de son courant de l'atome, subit une moindre disponibilité de son parc nucléaire lié à un calendrier de maintenance chargé, en outre perturbé par les confinements de 2020. EDF a aussi dû à la mi-décembre arrêter deux réacteurs à Chooz (Ardennes) et prolonger l'arrêt de Civaux (Vienne), après la détection de défauts sur des circuits de sécurité.

RTE évalue ainsi la disponibilité prévisionnelle entre 43 et 51 gigawatts pour janvier (sur une capacité de production nucléaire totale de 61 GW), soit "le niveau le plus bas jamais atteint pour le parc nucléaire à cette période de l'année". L'année 2022 devrait débuter avec 12 réacteurs à l'arrêt (sur 56), avant une amélioration en cours de mois, sauf aléa. EDF en comptait jusqu'à 17 à la mi-décembre.

Le gouvernement, lui, a demandé de prendre des mesures pour améliorer à court terme la sécurité d'approvisionnement, et un audit indépendant sur la maîtrise industrielle et l'optimisation des arrêts de réacteurs (avec un point d'étape attendu d'ici à la mi-mars). L'électricien a annoncé avoir "réoptimisé" son planning de maintenance, ce qui devrait se ressentir à partir de février seulement, estime Thomas Veyrenc, directeur exécutif de RTE, en charge du pôle Stratégie, prospective et évaluation.

« Coupures maîtrisées »

Quant à la consommation électrique, la hausse des prix liée à la crise de l'énergie en Europe n'a pas conduit à un recul marqué de la demande et RTE maintient sa prévision de - 1% à - 2% par rapport à la période précédant la crise sanitaire. C'est ainsi que la France, traditionnellement exportatrice d'électricité, a dû en importer depuis novembre, et ce, à des niveaux parfois proches des capacités techniques maximales comme entre les 20 et 22 décembre.

Aujourd'hui le pays dispose de stocks hydrauliques satisfaisants. RTE rappelle en outre l'existence de deux dernières centrales à charbon, à Saint-Avold et Cordemais: ces unités pourraient être utilisées en début d'hiver, mais leurs limites légales d'utilisation les rendraient assez vite indisponibles.

Dans ce contexte tendu, RTE dispose d'un panel de mesures exceptionnelles pour la suite de l'hiver. D'abord l'interruption de grands consommateurs industriels et une légère baisse de la tension sur les réseaux, "probables" en cas de grand froid (de l'ordre de 4°C en dessous des normales saisonnières) ou de faible production éolienne en Europe. "En dernier ressort", en cas de froid durable couplé à l'absence de vent pour l'éolien, ou de nouvelle dégradation des capacités, notamment nucléaires, RTE pourra aussi "potentiellement recourir à des coupures ciblées de consommateurs", prévient-il.

Ces "coupures momentanées ne sont en rien un blackout mais des opérations que nous contrôlons, mises en œuvre avec les distributeurs et les administrations de l'État", insiste Jean-Paul Roubin, directeur de l'exploitation de RTE, évoquant une mesure rarissime, dont le dernier exemple remonte aux années 1990 dans un contexte de mouvement social. Un "délestage (...) localisé, limité à deux heures consécutives", et épargnant les consommateurs sensibles, en particulier le secteur de la santé, précise RTE.

RTE publiera fin janvier un diagnostic actualisé pour février. Dans l'intervalle, les consommateurs peuvent suivre la situation en temps réel sur le site Ecowatt (www.monecowatt.fr).

Commentaires

jean-jacques Attia

Fermeture de Fesseinhem : merci qui ?

Roland CHARLOU

C'est vrai, vous avez raison, il est préférable d'accepter les fuites continues actuelles et le risque que posent les fissures des soudures défectueuses, elles peuvent tenir un bon moment avant de casser.

studer

Personne n'accepte des fuites (qui ne présentent par ailleurs aucun danger, c'est juste un problème administratif d'autorisation de rejet) et encore moins de vivre avec des soudures défectueuses : c'est d'ailleurs pour cela que l'on arrête des réacteurs même en plein hiver pour réparer des tuyaux sur lesquels on a détecté un début de corrosion.
Mais personne n'accepterait de vivre sans électricité, notamment si celle-ci est basée sur du vent (éoliennes) ou du soleil (panneaux PV). Il faut donc des centrales qui s'ajustent au besoin (on les appelle "pilotables") et il n'y a que deux solutions : le nucléaire ou le gaz. Choisissez.

Serge Rochain

Le nucléaire est donc le premier acteur du risque blackout

jean-jacques Attia

surtout quand on va fermer la moitié des centrales nucléaires allemandes restantes, dans les semaines qui viennent. Vous avez le nez creux Rochain.

bob zebob

Techniquement oui, quand 70% de qqch est dans le même panier, il y a un risque inherent. Ce serait pareil avec votre solaire adoré. Et tout comme votre cerveau est le premier acteur du risque de votre c0nnerie. Sauf que là, c'est plus un risque. C'est du concret.

studer

Surtout quand un gouvernement ferme volontairement des réacteurs pour récupérer les voix des Verts.
L'arrêt politique de Fessenheim pourrait s'avérer être une erreur historique, son absurdité devient de plus en plus évidente. Certes, il faudrait plus de deux réacteurs nucléaires supplémentaires pour que le réseau soit à l'abri de délestages ou de blackouts : toujours la faute aux gouvernements attentistes (Hollande / Macron) ou idéologues qui ont retardé le début de renouvellement du parc nucléaire français.
Quant à la solution des Verts, c'est à dire de l'éolien ou du solaire, même Mme Michu a compris qu'elle devrait vivre sans électricité les jours sans vent. A moins de faire comme l'Allemagne, c'est à dire construire un gazoduc vers la Russie qui regorge de gaz fossile, se préoccupe peu du réchauffement climatique et cherche de l'argent pour mener ses opérations militaires vers l'Ukraine.

Serge Rochain

Non, les nucléophiles aiment bien expliquer que tous ce qui ne les arrange pas est fait pour des raisons politiques, je connais ça depuis toujours.
La vérité c'est que Levy a menti et qu'on a eu le tort de croire à ses mensonges. L'EPR devait venir remplacer les deux réacteurs de Fessenheim qui n'avaient donc par été remis au niveau exigé par la 4e visite décenale puisque ce n'était pas nécessaire et Levy a menti en permanence sur la disponibilité de l'EPR que les pouvoirs publics ont laissé fonctionner illégalement presque 4 ans au-delà de son autorisation légales, et s'il n'avait pas pris leurs responsabilités en disant ça suffit on ferme ! Au moment où on les aurait arrété avec la mise à feu de l'EPRE ils seraient à 2 ou 3 ans de la cinqième visite décenale sans même avoir été mis au niveau des exigences de la 4em.
Alors arrétez vos aneries d'arret politique impliquant les verts, vous êtes de plus en plus ridicule et ne vous en rendez même pas compte.
De plus ce n'est pas 1,8 GW qui fait défaut c'est presque 10 fois plus, avec en permanence de 10 à 18 réacteurs qui sont HS, ce qui enfonce le clou de la stupidité de votre référence à Fessenheim

studer

Je vous laisse la responsabilité de votre jugement sur JB Lévy, aussi surprenante qu'iconoclaste : vous devez être un super spécialiste du nucléaire pour vous permettre de critiquer ainsi le patron d'EDF !!
Sinon, on est d'accord sur le fait qu'il manque au moins 10 réacteurs pour assurer notre sécurité d'approvisionnement en électricité en France : vous devriez donc insister pour qu'on les construire sans tarder...
Car si on compte sur les éoliennes ou le solaire pour éviter les blackouts, il va falloir d'habituer à vivre en scrutant la météo !

Gui

Baissons la consommation avec un vrai scénario de sobriété énergétique, notamment par la rénovation thermique des bâtiments. Cela coûtera toujours moins cher que de construire des capacités de production supplémentaires... Mais, sauf erreur de ma part, RTE et Enedis étant payés au kWh consommé, on comprend mieux les freins à aller sur un scénario de type Négawatt

Serge Rochain

Il n'y a pas besoin d'être spécialiste de quoi que ce soit pour lire ses mensonges répétés dans les médias sur la disponibilité quasie immédiate de l'EPR !
En fait, il suffit de savoir lire..... ce qui ne semble pas être votre cas.

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