Relance du nucléaire : bataille attendue cette semaine à l'Assemblée nationale

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Définir le futur énergétique de la France, c'est l'objectif du texte examiné à partir de lundi dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Les partisans de l'atome devraient s'unir pour réintroduire la relance du nucléaire supprimée en commission.

« Nous n'attendrons pas la fin de la navette parlementaire »

Pour le Rassemblement national, ce serait l'opportunité d'engranger une nouvelle victoire autour de cette proposition de loi venue du Sénat, qui pourrait influer sur le décret fixant la feuille de route énergétique du pays (PPE). Le gouvernement doit le publier d'ici à la fin de l'été, a rappelé dimanche le ministre de l'Industrie et de l'Énergie Marc Ferracci dans La Tribune.

"Celui-ci va probablement subir des ajustements, mais nous n'attendrons pas la fin de la navette parlementaire", a-t-il prévenu, rappelant le besoin de ce décret pour certaines filières afin de "lancer des investissements". "Nous ne remettrons pas en question le cap de la décarbonation, ni le principe d'un mix électrique équilibré, reposant sur les énergies renouvelables et le nucléaire", a-t-il également dit.

Or, si ce texte est étudié à l'Assemblée, c'est d'abord parce que Marine Le Pen et ses députés ont agité fin avril la menace de la censure et obtenu du Premier ministre François Bayrou son inscription à l'ordre du jour de la chambre basse.

Amendements du rapporteur Antoine Armand

Après un examen chaotique en commission, au cours duquel l'article fixant les objectifs du secteur nucléaire a été supprimé, le rapporteur, le député macroniste et ancien ministre Antoine Armand, a déposé des amendements pour réintroduire une relance massive de l'atome dans le texte, qui semble convenir au Rassemblement national.

Elle prévoit notamment de nouvelles capacités nucléaires, équivalent à engager la construction de 14 nouveaux EPR au plus tard en 2030. Une position plus tranchée que celle du gouvernement. "Les amendements déposés par le rapporteur sur les objectifs de nucléaire et sur la suppression des objectifs pour les énergies intermittentes vont dans le bon sens pour nous", a estimé le député RN Maxime Amblard.

"Il y a toujours des points à améliorer, et en séance, on va se battre pour réussir à s'approcher au plus près de ce que nous considérons être bon pour le pays", a indiqué l'élu à l'AFP. Son groupe avait plaidé en commission pour la construction de plus d'une quarantaine d'EPR.

La position des socialistes

A contrario, la recherche d'un accord entre le rapporteur et les socialistes semble au point mort. Le groupe de Boris Vallaud défend, lui, une relance de l'atome qu'il estime "raisonnable", face au retard pris dans le développement des énergies renouvelables, en engageant la construction de huit nouveaux EPR d'ici 2035.

Il propose d'attendre cinq ans et un retour d'expérience sur la construction des nouveaux réacteurs, avant de s'engager sur des capacités supplémentaires. "Nous avons présenté au rapporteur nos positions pour tenter de batir une majorité, mais nous n'avons pas eu de retour de sa part", a déploré auprès de l'AFP le député PS Karim Benbrahim.

Les socialistes, comme le reste de la gauche, déplorent également que le texte ne fixe plus de part des énergies renouvelables à atteindre dans la production d'électricité en France, ne parlant maintenant plus que d'énergies "décarbonnées". Ce changement sémantique ouvre, selon eux, la voie à la possibilité à terme d'une production électrique sans énergies renouvelables. "Une ligne rouge", prévient Karim Benbrahim.

Des débats attendus toute la semaine

Ainsi, côté objectif, le texte actuel prévoit à présent de porter d'ici 2030 la part d'énergie décarbonée à 58% au moins de la consommation d'énergie en France, alors que le pays doit se mettre sur la voie de la neutralité carbone en 2050.

Aujourd'hui, la consommation d'énergie en France dépend encore à hauteur de 60% de combustibles fossiles, majoritairement importés, selon le dernier rapport annuel du gestionnaire du transport de l'électricité, RTE.

Dans le reste de la gauche, les Insoumis et les écologistes sont farouchement opposés à toute relance de l'atome, et espèrent que l'article ne sera pas réintroduit.

Le texte, à la demande de la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, devra faire l'objet d'au moins 40 heures de débats dans l'hémicycle et devrait donc s'étendre tout au long de la semaine.

Commentaires

Serge Rochain
Lancer la construction d'EPR sur la seule fois de l'échec de ce type de réacteur est une hérésie dont seuls des politiciens sont capables
Rochain Serge
Et la preuve c'est que vous le dite ? Moi j'ai d'autres arguments, comme multiplication par 5 du cout ayant obtenu en 2005 l'autorisation de construire et multiplication par 4 des délais de construction pour Flamanville. EEt au un de ceux construits ou en cors de construction ne respecte ses budgets coûts et délais ! Pour le fond, vous avez mieux ?
Goldorak
"Ce changement sémantique ouvre, selon eux, la voie à la possibilité à terme d'une production électrique sans énergies renouvelables." Ne vous inquiétez pas, l'hydraulique sera toujours là, on ne l'abandonnera pas celui-là. Parce qu'il est utile et pilotable.
Goldorak
J'aimerais bien savoir ce que Rochain propose pour compenser les soucis d'excès d'électricité entre 11h et 14h actuellement qui provoquent des prix négatif en Europe.
Serge Rochain
C'est tres simple, le suivi de charge que prétend réaliser le nucléaire mais dont il n'est pas capable, tant en raison des puissances que des délais de reaction nécessaire. Ce que je propose, c'est seulement ce que fait aujourd'hui RTE qui déconnecte les parcs PPV ou éolien quand la puissance produite devient supérieur à la puissance consommée comme vous pouvez le voir presque tous les jours sur éco2mix à la page des productions par filieres, sur laquelle apparait également la courbe du solde de l'import/export généralement exportatrice, sous la ligne zero MWh et qui n'existe que grace aux renouvelables, seules suffisament réactifs pour corriger le déséquilibre production/consommation quand un ou plusieurs de nos voisins cessent brusquement d'importer à hauteur de plusieurs GW et que RTE doit immédiatement rétablir l'équilibre en coupant dans les secondes qui suivent autant de parcs que necessaire pour corriger le défaut d'équilibre. Il suffit d'aller voir comment cela se passe sur eco2mix pour avoir la reponse à votre question. Ce procéder appemler suivi de charge reste valide tant que ce que coute l'électricité écrétée parait moins élevé que ce que couterait l'investissement dans des moyens de stockage. mais cela ne peut qu'arriver dans un avenir proche. Quant au prix négatif il ne résulte que d'une formule de calcule adapté à une période de pénurie alors que nous sommes de plus en plus souvent dans une période d'abondance, et ce n'est pas un problème de production dont la seule exigence se traduit par l'égalité entre la production et la consommation, mais un problème comptable de méthodes inadaptées aux nouvelles réalités !

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