Tarification "dynamique" de l'électricité: pas pour tout le monde, prévient le régulateur

  • AFP
  • parue le

La Commission de régulation de l'énergie (CRE) encadrera "strictement" la communication autour des nouvelles offres d'électricité à tarification dite "dynamique", a-t-elle prévenu mercredi en soulignant leurs risques et le fait qu'elles ne sont pas adaptées à tous.

Ces offres, qui viennent d'arriver en France, proposent des prix qui changent toutes les heures en fonction de l'évolution des cours de l'électricité sur les marchés de gros. Elles permettent ainsi de profiter des baisses de prix, mettent en avant les opérateurs, mais elles peuvent aussi se traduire par de brusques hausses de tarif.

"Ces offres ne sont adaptées qu'à une catégorie particulière de consommateurs, capables d'adapter aisément leur consommation et sont, en règle générale, déconseillées pour les consommateurs au chauffage électrique qui ne disposent pas d'alternative", prévient le régulateur dans un communiqué. En cas de brusque hausse des prix, il faut en effet pouvoir éteindre le chauffage électrique pour privilégier par exemple le poêle ou la cheminée.

"La communication autour de ces offres d'un nouveau genre en France doit être strictement encadrée afin de protéger au mieux les consommateurs non-avertis qui doivent être pleinement conscients des risques économiques associés", ajoute la CRE.

Ces offres - qui supposent de disposer d'un compteur Linky - restent encore très marginales (avec le danois Barry, suivi par les supermarchés Leclerc) mais doivent se multiplier à l'avenir, en raison d'une directive européenne qui obligera tout gros fournisseur comptant plus de 200.000 sites à en proposer.

Leur arrivée en France a été accueillie avec méfiance par les défenseurs des consommateurs. Le Médiateur national de l'énergie avait récemment dénoncé auprès de l'AFP "un risque pour le consommateur".

La CRE n'y voit toutefois pas que des inconvénients: ces offres "valorisent la flexibilité de certains consommateurs" et représentent "des outils au service de la transition énergétique dont pourront profiter les consommateurs en capacité de moduler leur consommation".

Les consommateurs qui peuvent reporter leur consommation en fonction des prix aident en effet à maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité. Cela facilite "le développement des énergies renouvelables non pilotables", dont la production oscille selon le vent ou le soleil, souligne ainsi la CRE.

Commentaires

gautier

Logique, cette tarification. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? On paye ce que l'on consomme au prix en vigueur.

Médard de Chardon

Nous la réclamons depuis 10 ans et l'appliquons partiellement pour les professionnels. Le prix du spot est le seul qui ne puisse pas faire l'objet de manipulations de cours, comme sur le marché à terme. En revanche, en déclarant quelques centrales nucléaire en entretien au bon moment, un producteur peut très facilement créer une pénurie qui fait monter les cours. Le volume vendu est en baisse mais le prix bien meilleur.
Bruxelles se bat contre les monopoles qui permettent ce genre de manipulation ultime. Je ne cite personne bien sûr.
Je serais bien passé sur ce genre de tarif à titre personnel puisque j'ai justement cette flexibilité, mais je ne supporte pas d'être tutoyé par un fournisseur. Je suis comme ça, question de génération sans doute.

BrigitteMB

"Le prix du spot est le seul qui... ". Mais quelle est la proportion de l'électricité vendue en France qui est achetée au prix spot ? Et nous paierez-vous pour consommer lorsque ce prix est négatif, comme cela arrive très régulièrement en Allemagne ?
Quant à suspecter que les arrêts pour entretien (rechargement de combustible, je suppose) des centrales nucléaires se font pour créer une pénurie, si c'était vrai elles s'arrêteraient de préférence en hiver et non en été (et je suppose qu'un tel entretien ne s'improvise pas car il doit falloir faire venir du personnel spécialisé).

Blin Jean

Le prix de l'électricité que je consomme est depuis longtemps très "DYNAMIQUE", une dynamique vers des sommets : + 147 % d'augmentation du prix du KWh de 2008 à 2020 et 500 % d'augmentation de la taxe CSPE de 2008 à 2020. Si c'est pas dynamique des hausse pareilles !

Marc Diedisheim

C'est la dynamique des éoliennes et du solaire: il faut bien attirer les investisseurs. D'où la hausse des taxes, dont celle de la CSPE. Mais bien sûr le gouvernement se garde bien de communiquer sur ce plan. Jusque dans l'appellation "Contribution au SPE", si neutre, si humble et si citoyenne. Bien cordialement.

BrigitteMB

Heureusement ce que la CRE prévoit n'est pas une offre au prix spot (*), mais une modulation "dynamique " (plus cher quand il n'y a pas de vent, comme par exemple début janvier, on parie ?).
Deux questions de ménagère :
* Combien de temps à l'avance saura-t-on si on pourra faire cuire son poulet sans mettre le budget en péril ?
* La CRE s'intéressera-t-elle au prix moyen payé effectivement avec ces offres ? Les tarifs heures creuses, qui étaient avantageux au départ, le sont beaucoup moins actuellement... Il faut être gros consommateur pour récupérer le surcoût abonnement.

Tout cela n'est manifestement pas fait pour le consommateur...

(*) Le prix spot n'a rien à voir avec les coûts de production, c’est justement lui qui peut donner lieu à des spéculations, particulièrement quand on organise la pénurie en fermant des installations pilotables pour se fier au vent (ce que les Allemands, pas fous, ne font pas : ils ne comptent pas sur l'éolien et le PV pour assurer la fourniture, et gardent en pilotables l'équivalent de leur consommation).

toucinho

Nous avons pu constater comment les taux d’intérêts variables ont fortement contribué à l'effondrement du système financier des subprimes. Au détriment des habitants qui ont perdu leur foyer. Le système financier lui est de nouveau sur pied, et Goldman Sachs s'est bien gavé et tant pis pour les autres. Une petite dose d'altruisme efficace fera bien confesse. Même constat sur les productions alimentaires indexé sur les prix du marché. Les agriculteurs, éleveurs en viennent au suicide. Et aujourd'hui, l’énergie (le feu du foyer moderne), est confiancesssssssssssssssssss.

Max Maes

Je ne veux pas être fixé sur un écran à tout bout de champs. Un juste prix constant et connu à l'avance me convient bien.
Sinon, on arrive à une société de zappeurs.
A ce train, pourquoi le pot de yaourth ne changerait-il pas quatre fois par jour, et la bière pression en fonction du soleil...je ne veux pas d'une société gérée comme la Bourse.

Max Maes

Excellente question, vaste sujet...
A mon sens, le juste prix permet de rémunérer équitablement le personnel, rémunérer raisonnablement le capital, générer suffisamment de cash flow pour renouveler le matériel, maintenir notre indépendance énergétique, et investir dans les énergies renouvelables dans le cadre de la répartition raisonnable de production nucléaire/EN.
Gros sujet, petite réponse...
Cordialement,

Marc Diedisheim

Votre réponse remplace "juste" par "équitablement"" et "raisonnablement", pour lesquels la même question de définition se pose ! A ma connaissance, il n'y a aucune définition opérationnelle du "juste prix". Un prix doit être opérationnel parce qu'il sert de base à une opération d'échange de biens et de services, et que c'est seulement le commun accord sur la chose et sur le prix qui permet de déclencher cette opération = en principe, et avec des parties prenantes libres de leurs décisions, bien sûr=. Bien cordialement.

Gautier

Mais avec le développement intensif de "renouvelables" variables, une adaptation de la consommation à la production sera nécessaire dans l'avenir si nous voulons éviter un black out. C'est ce que fait remarquer la CRE. Le compteur LINKY n'a-t-il pas été prévu pour cela, entre autre ?

Marc Diedisheim

"Adaptation" signifie "coupure" ou "allocation et limitations forcées" dans un monde qui a moins peur des mots. La France a connu cela durant l'occupation et les premières années de l'après-guerre. Qui est prêt à revivre cela ? Mais au fait, est-ce bien nécessaire ? Bien cordialement.

Gautier

Une adaptation pourrait ressembler à ce qui se passe avec le tarif EJP où le coût du KWh se trouve largement majoré lorsque la consommation se situe en dehors des périodes définies pour lesquelles le tarif avantageux était prévu. Ce qui correspond à une pénalité que les consommateurs acceptaient dans leur contrat. https://agence-energie.com/edf/tarifs/ejp

Marc Diedisheim

Je crains que les incitations tarifaires ne puissent pas remplacer les impossibilités purement physiques ! Si la puissance installée des non-renouvelables diminue (fermetures de centrales nucléaires) au point de devenir inférieure à la puissance appelée la plus basse, un jour sans vent et sans soleil sera inévitablement un jour de coupures sélectives de courant. Le seul moyen de faire face dans ce cas est de disposer de moyens de stockage. Ces moyens de stockage doivent croître à un rythme tel qu'ils puissent faire face à la décroissance de la puissance installée des non-renouvelables. Un fait qui est bien peu communiqué ... Bien cordialement.

Gautier

Comme en ce moment en Europe où les renouvelables sont à la peine. Le Danemark va jusqu'à importer plus de la moitié de son électricité. Les centrales à charbon et gaz sont ainsi fortement sollicités, sauf en France (exportatrice vers tous ses voisins) qui a encore un parc nucléaire encore suffisant et un contenu carbone de son électricité incroyablement plus réduit. .https://www.electricitymap.org/zone/DK-DK1 Cordialement

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