Les actionnaires de Total rejettent une résolution climatique portée par des investisseurs

  • AFP
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Une résolution portée par onze investisseurs pour contraindre Total à des objectifs climatiques plus ambitieux, mais combattue par la direction, a été rejetée par les actionnaires vendredi lors de l'assemblée générale du groupe pétrolier et gazier.

Cette résolution soutenue par La Banque Postale Asset Management, Crédit Mutuel ou encore Meeschaert avait été inscrite à l'ordre du jour car les actionnaires la soutenant dépassaient le seuil de 0,5% du capital. Mais elle n'avait pas le soutien du conseil d'administration de l'entreprise.

"Elle est rejetée à une très large majorité puisqu'elle est rejetée par 83,20%", a annoncé le PDG Patrick Pouyanné, lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires, qui se tenait à huis clos pour des raisons sanitaires. L'ONG Reclaim Finance a pour sa part jugé que le score de 16,8% en faveur de la résolution marquait un "tournant historique".

L'objectif de la résolution était "de modifier les statuts du groupe pétrolier afin de renforcer la contribution de son modèle économique à l'atteinte de l'Accord de Paris sur le climat", avait expliqué la société de gestion Meeschaert, qui coordonnait l'initiative des actionnaires. Ils demandaient à Total un plan d'actions "pour réduire en valeur absolue ses émissions de gaz à effet de serre" y compris "les émissions indirectes, dans la mesure où l'utilisation des produits vendus représente 85% des émissions de gaz à effet de serre de Total".

Total a récemment annoncé un nouvel objectif de "neutralité carbone à horizon 2050". Mais le groupe s'engage à la neutralité sur l'utilisation de ses produits par le consommateur final (périmètre dit "scope 3") en Europe seulement. "L'adoption de la résolution proposée conduirait à rendre votre société responsable d'émissions sur lesquelles elle n'est pas en capacité d'agir, seuls les clients en ayant la maîtrise directe", avait jugé le conseil d'administration.

Patrick Pouyanné avait aussi évoqué ces émissions indirectes en introduction de l'AG : "nous n'en sommes pas responsables car elles dépendent des choix de consommation d'énergie de nos clients". "Total ne fabrique pas d'avions, ne fabrique pas de voitures, ne fabrique pas de ciment et ce n'est pas Total qui décide si un avion va utiliser du kérosène ou de l'électricité ou de l'hydrogène pour voler", a-t-il fait valoir.

Commentaires

Serge Rochain

Les actionnaires de TOTAL veulent surtout gagner de l'argent et qu'importe ce que l'on vend !!!

wenger

Bien evidemment, les actionnaires investissent pour avoir des dividendes et des plus values, c est une lapalissade. Sans esperance de dividende ou de plus value, les investidseurs preferent depenser en vacances, et sans investisseurs, pas d entreprise, d emploi.........

Rochain

Il reste que certains investisseurs choisissent d'autres créneaux tout en cherchant à gagner de l'argent
Donc investir n'impose pas de détruire la planète

Lecteur 76

Vous avez tendance à tout mélanger (profits, dividendes, planète ...), tous les deux ... Vous accepteriez, vous, personnellement ou votre entreprise, de prendre des obligations générales et chiffrées pour le compte de vos voisins ou de vos clients ou de vos fournisseurs en matière d'émissions de gaz à effet de serre ? Par exemple, pour les investisseurs en EnR (éolien, solaire, bio-carburants, gaz non fossiles ...), souhaiteriez vous qu'ils soient responsables, sur leurs deniers et devant l'opinion publique, des émissions de gaz à effet de serre de leurs clients (à distinguer s'il s'agit bien des leurs et de leur électricité et de l'emploi qui en serait fait) et de leurs fournisseurs (même les fournisseurs étrangers puisque c'est maintenant la mode de vouloir imposer à nos partenaires étrangers des engagements fermes dans ces domaines -- qu'on ne peut qu'à peine assumer nous mêmes) ? Les banquiers (j'ai vu qu'il y avait des banquiers parmi les auteurs de la proposition de résolution) devraient-ils s'engager devant nous tous en ce qui concerne les émissions et les pollutions occasionnées par leurs clients (ceux qui ont un compte courant dans les banques concernées) ? Tout ceci n'est pas très sérieux et ce n'est pas en "noyant le poisson" et en essayant de s'en débarrasser (lâchement) dans les bras de l'un des millions d'acteurs de l'industrie de l'énergie qu'on réglera le problème, qui est bien plus profond que ça. Par ailleurs, notez qu'a minima, la responsabilité, pour exister--et sauf exception (la responsabilité objective, déjà bien trop développée par défaut d'imagination du législateur et de l'opinion, et qui tue l'initiative, publique et privée)--, implique le contrôle des acteurs qui sont sous sa garde (le maître et son chien par exemple). A moins que tout le monde partage la responsabilité de tous et de chacun. Ce qui est d'ailleurs, d'un point de vue anthropologique - et politique- le cas. Ce ne sont pas des finasseries hypocrites d'assemblée générale prenant l'opinion à témoin, qui permettront d'avancer. Ce sont, outre la technologie, les outils de la politique et ceux de la diplomatie internationale, qui doivent être utilisés pour, collectivement, régler le problème. Ca a déjà commencé, il faudra 2 ou 3 générations.

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