Vers un « âge d’or du nucléaire » au Royaume-Uni : nouvel engagement sur un projet d'EPR

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Projet de Sizewell C

Projet de Sizewell C

Le gouvernement britannique a promis mardi d'investir 14,2 milliards de livres (presque 17 milliards d'euros) dans le projet Sizewell C de réacteurs nucléaires EPR dans l'est du Royaume-Uni, porté par l'énergéticien français EDF.

Une décision finale d'investissement attendue début juillet

"L'investissement dans cette énergie propre et locale met fin à des décennies d'hésitations et de retards", affirme Londres dans un communiqué, disant vouloir ouvrir un "âge d'or du nucléaire pour renforcer la sécurité énergétique" du pays.

Cette somme vient s'ajouter aux milliards déjà apportés à ce projet par l'exécutif britannique - qui n'a pas précisé de montant à l'AFP. Celui-ci précise aussi n'avoir pas encore pris sa "décision finale d'investissement", a priori attendue début juillet à l'occasion d'un sommet entre Paris et Londres, selon la presse britannique.

"La décision du gouvernement d'aller de l'avant avec Sizewell est une excellente nouvelle pour la Grande-Bretagne, sa sécurité énergétique et sa croissance économique", a réagi Simone Rossi, directeur général d'EDF Energy.

Cet engagement, pour lequel aucune échéance n'est précisée, fait partie des annonces budgétaires de la ministre des Finances Rachel Reeves, qui doit détailler mercredi ses priorités de dépenses et d'investissements pour les années qui viennent, défense et santé en tête.

" We are ending the no-nuclear status quo as part of our Plan for Change and are entering a golden age of nuclear with the biggest building programme in a generation. " (Ed Miliband, Secrétaire à l'Énergie, 10 juin 2025).

Le gouvernement britannique actionnaire majoritaire

La centrale Sizewell C, qui doit être constituée de deux réacteurs EPR, chacun d'une puissance de 1,6 gigawatt, pourrait coûter au total 20 à 30 milliards de livres (24 à 36 milliards d'euros), voire davantage selon des estimations contestées par le gouvernement. Elle ne devrait pas commencer sa production d'électricité avant 2035.

L'exécutif avait annoncé en novembre 2022 prendre une part directe de 50%, en parallèle de la sortie du chinois CGN, initialement partenaire. Le gouvernement britannique est désormais actionnaire majoritaire de Sizewell C, avait indiqué EDF en janvier.

Doté d'un parc de centrales nucléaires vieillissantes géré par l'énergéticien français, le Royaume-Uni a remis l'accent sur le développement de cette énergie depuis le début de la guerre en Ukraine au nom de sa sécurité énergétique.

Le gouvernement travailliste, qui a pris la suite des conservateurs en juillet, s'inscrit dans la même ligne et dit vouloir mettre en œuvre "le plus grand programme de construction nucléaire depuis une génération". Il annonce aussi mardi dans son communiqué "un investissement record dans la recherche et le développement" sur la fusion nucléaire de "plus de 2,5 milliards de livres sur 5 ans".

Commentaires

ez
"propre" et "locale" dans tes rêves... le greenwashing n'a aucune limite
Denis Margot
Sur toute l’année 2024 (electricitymap) :
  • France = 33 g CO2e/kWh
  • Allemagne = 334 g
  • Espagne = 124 g
  • Danemark = 120 g
  • Italie = 244 à 300 g
Greenwashing, vous avez dit greenwashing ?
Chapuis
c'est l'énergie de l'avenir, la plus puissante, occupant peu de territoire, mais dans le monde occidental développé, nous ne sommes plus tournés vers l'avenir mais plutôt vers l'auto-destruction, le suicide collectif et le chaos. Dogmatisme, aveuglement et surtout ignorance : un très bon cocktail létal.
Vincent
L'AIEA fait une prévision de 800GW pour 2050. Soit 15% du mix électrique au max (et ça a peu de chances d'arriver). Les 85% restant, on les fait avec quoi au juste ? Ce n'est pas en combattant les solutions qui permettront de décarboner le mix énergétique dans son ensemble qu'on y arrivera. Il serait temps que les nucléocrates s'en rendent compte, plutôt que de tenir des propos qui frôlent systématiquement le climatoscepticisme (dans sa nouvelle version, qui consiste à monter les citoyens contre les solutions qui permettent de résoudre le problème)
Denis Margot
C’est effectivement un vrai problème et la réponse est assez simple : les 85% seront fait avec un mix ENRi / fossile, difficile de dire la proportion exacte, peut-être une convergence genre 50/50 à l’horizon 2050 ? Et bien sûr, une grosse question sur la décarbonation du mix ENRi/fossile, les bonnes performances des ENRi étant effacées par les très mauvaises du fossile. Et en parlant de climatoscepticisme, regardez les chiffres que calcule ElectricityMap ci-dessus, et dites-nous, entre un socle fortement nucléarisé et un autre fortement ENRisé, lequel est le plus climatosceptique ?
Vincent
On continue dans la désinformation... Une convergence 50/50 ? Même l'Allemagne, que vous détestez tant, est à 40% fossile 60% ENR en 2024. Avec une très forte tendance baissière sur le fossile. L'équilibre, il a été fourni par le rapport RTE : le besoin en gaz pour équilibrer sur le long terme, dans un pays comme la France, il est de 3% de la production annuelle (il faut raisonner en énergie, pas en puissance). Idéalement, il faut du gaz vert, mais même si cet équilibre est réalisé sur du fossile, on est sur du 97/3... Electricity maps ? Comme son nom l'indique, cela parle du mix électrique actuel, pas du mix énergétique. En France, 60% de notre énergie vient du fossile. Vous en faites quoi de nos 400TWh de gaz et de nos 600TWh de pétrole, avec votre version figée à un instant t en 2025 ? Il va nous falloir au moins 300TWh de prod/conso élec en plus pour se passer de ces 1000TWh de fossile (avec de la biomasse en complément). Vous les faites avec quoi ces 300TWh de plus, d'ici 2050 ? Si le nouveau nucléaire arrive déjà à compenser l'ancien qui fermera, ça relèvera déjà du miracle technologique, alors faire 300 de plus... Bref, nous avons besoin des ENR et si vous voulez choisir un combat, luttez plutôt pour augmenter la demande qui n'augmente pas assez pour substituer du fossile, par ex en promouvant les véhicules élecs, les pompes à chaleurs, la réindustrialisation, etc. Lutter contre les ENR plutôt que contre les fossiles est du climatoscepticisme.
Denis Margot
  1. Désinformation ? Non, une estimation au pouce. Aujourd’hui, 80% de l’énergie mondiale est d’origine fossile, si on arrive aux alentours de 50% en 2050, ce ne sera déjà pas si mal (tout en restant très mauvais). Et tant mieux si je me trompe, mais j’aime mieux être pessimiste/réaliste.
  2. Je ne déteste pas l’Allemagne, mais je constate que le modèle énergétique allemand est non satisfaisant au regard des CC (cf. ci-dessus) et que les Allemands voulaient imposer leur modèle à l’Europe entière, ce qui est assez inélégant. Et l’Allemagne n’est pas représentative du monde.
  3. Et oui, je me concentre sur le modèle électrique, en attendant de résoudre l’énergie dans son ensemble, et ce sera encore plus compliqué. Votre rapport 40% fossile / 60% ENR en Allemagne concerne d’ailleurs bien l’électrique, et non l’énergie globale.
  4. Du reste, qu’on utilise du N ou des ENRi (ou les 2), le problème reste le même (comment s’affranchir du fossile ?).
  5. Pour les 300 TWh manquants, je demande à voir comment on remplacera 1000 TWh fossiles par 300 TWh électriques (lunettes roses ?). Admettons, mais ça reste un vœu pieux. Anyway, on va faire avec ce que les brillants politiciens ont laissé; on manquera surement d’énergie si on va à marche forcée vers le tout électrique.
  6. Besoins d’ENR : avec le non moins brillant Hollande et la clique d’écolos qu’il avait dans sa cour, on ne coupera pas à l’ajout de capacité ENR si on veut produire plus. Avec un peu de chance, le N sera capable de moduler les caprices du vent et du soleil, sinon on aura du mal à maintenir l’excellente trajectoire que permet le socle N.
  7. Et non, être sceptique vis-à-vis des ENRi pour résoudre les CC ce n’est pas du climatoscepticisme, c’est du réalisme, et je parle de la France, pas des autres pays. En France, les pastèques voulaient fermer 14 réacteurs à 5 g/kWh pour les remplacer par des ENRi à 10 à 50 g (donc une dégradation immédiate de l’empreinte carbone), sans compter les backups (fossiles bien sûr, 500 à 1100 g/kWh) lorsque les ENRi ne tournent pas. Ils ont réussi à en zigouiller 2, en parfait état de marche, la casse a été limitée, mais effectivement le N est condamné à stagner jusqu’à ce que les nouveaux réacteurs reprennent le flambeau, on ne remerciera jamais assez Voynet et ses amis.
Vincent
1. Désinformation, oui. Puisque tous les chiffres que vous avancez sont faux (on a tout un tas d'études sur ces questions, plus besoin de faire des estimations sur le pouce avec un angle de vue ultra restreint qui amène à des conclusions erronnées). 3. Mon message initial consistait à dire qu'en 2050, le nucléaire ne procurera dans le meilleur des cas que 15% du besoin du mix électrique (à 50000TWh à cet horizon. C'est à dire 7500TWh vs 2500 aujourd'hui, soit une multiplication par 3 qui a peu de chances d'arriver en seulement 25ans). Je vous demandais donc comment produire les 85% restant, et vous me dites 50/50 entre ENR et fossile, ce qui est totalement faux. Beaucoup de pays sont déjà à 70% ENR aujourd'hui et comme je le disais, la convergence ENR/gaz est plutôt vers 95/5. Sachant que ces gaz pourraient être décarbonés à terme, également. Cet argument du 50/50 sorti du chapeau est donc totalement faux. 5. je comprends mieux vos erreurs puisque manifestement vous ne vous êtes jamais intéressés aux scénarios net zero. Premièrement, j'ai dit qu'il y aurait de la biomasse, pas seulement 300TWh d'élec pour remplacer ces 1000TWh fossiles. Deuxièmement, ce qui est basé sur le pétrole aujourd'hui est totalement inefficace. 2/3 de l'énergie produite par le pétrole, soit 400TWh, est perdue sous forme de chaleur. En passant à des batteries, le rendement est amélioré d'un facteur 3, donc les 600TWh passent à 200TWh (en pratique, c'est un peu plus compliqué que ça, il n'y a pas que tu transport terrestre dans les 600TWh, mais aussi du maritime et de l'aérien, mais je simplifie). Pour la chaleur, on consomme 400TWh de gaz nat. Environ 1/3 peut être substitué par du biogaz. Pour le reste, électrification directe (dans ce cas on est sur du 1 pour 1) ou des pompes à chaleur (dans ce cas on divise par 3 le besoin en énergie). Bref, on peut donc considérer un besoin de 200TWh pour le transport et 100TWh pour la chaleur (ou un peu plus). Et on ne parle par d'un monde tout électrique, cf rapport RTE : l'électrique représente 55% du mix énergétique en France en 2050, vs 25% aujourd'hui. Vous devriez être content, ça laisse largment de la place à du nucléaire. 6. Le nucléaire stagne à l'échelle mondiale aux alentours de 2500 TWh depuis 30 ans maintenant. Et ce n'est pas à cause de Hollande, ni de Jospin, ni de Voynet. Si le nucléaire ne se développe plus, il y a tout un tas de raisons à ça. 7. Aujourd'hui, nous avons un problème de demande électrique, pas d'offre. Nous avons développé la production sans suffisamment soutenir la demande. Il est maintenant nécessaire de remédier à ça. Enfin, le nucléaire et les ENR n'ont pas à être opposés, ce sont des technos complémentaires (même si ce sont les ENR qui représenteront la plus grosse part) pour atteindre le net zero. D'ailleurs c'est une des conclusions du rapport RTE : le scénario le moins risqué technologiquement est celui combinant suffisamment du nucléaire et d'ENR, permettant de limiter les besoins en stockage long terme (les fameux 3 à 5% de la prod dont je parlais plus haut, qui coutent chers si réalisés avec du gaz vert).
Denis Margot
  • 1) Ne confondez pas tout. Les chiffres que j’avance pour 2050 ne sont ni faux ni vrais, c’est une estimation au regard de l’histoire, de l’inertie des sociétés à changer de modèles économiques et sociétaux, de la difficulté à changer l’outil industriel, et des lobbies qui s’opposeront à ce qui ne va pas dans leur direction. 2050, c’est dans 25 ans. Si pendant ces 25 ans, la part du fossile au niveau mondial passe de 80% à 50%, cela représentera un effort gigantesque. Je ne sais pas de quelles études vous parlez, il y en a qui prédisent le net zéro en 2050, voire avant, et d’autres qui sont encore plus pessimistes que moi. Aucune n’a raison, aucune n’a tort, ce ne sont que des prospections pour orienter le discours dans la direction voulue. Et quand vous regardez l’évolution du mix énergétique des 50 dernières années, les ENRi sont très timides, on reste avec un socle fossile très ancré autour des 80%. En 2024, le charbon a encore battu un record. Du reste, ces prévisions n’ont pas tant d’importance et ne changent aucunement la nécessité de lutter contre les CC.
  • 3.1) Vous avez probablement raison sur le nucléaire au niveau monde, mais pas du tout pour le cas français, à moins de subir un gouvernement qui décide de détruire l’outil industriel nucléaire pour des raisons idéologiques, ce qui j’espère ne se produira pas. Le monde aura beaucoup de mal à convertir les 85% restant en autre chose, ce qui me conforte dans mon point 1, mais ça, c’est le problème du monde, pas de la France. Beaucoup de pays à 70% d’ENR ? Oui, avec de l’hydro, mais pas avec des ENRi, ou alors des cas d’école très anecdotiques.
  • 3.2) Dois-je comprendre que vous seul avez totalement raison ? Chapeau alors, monsieur l’oracle, mais je vous suggère de mettre de l’eau dans votre vin, de redescendre de votre croyance farfelue, et d’observer des scénarios un peu moins roses.
  • 3.3) Convergence ENR/gaz. Je ne sais pas de quoi vous parlez.
  • 5.1) Merci ne m’éclairer sur mes erreurs. Je connais les scénarios nets zéro de RTE, et franchement, voir encore mon point 1. La moitié de ces scénarios visent la sortie de N et aucun n’a repris l’hypothèse invraisemblable d’un mix électrique reprenant simplement l’existant, c'est-à-dire le réel, le tangible, le déjà expérimenté. Il n’aurait pas été inopportun, juste histoire de voir, d’ajouter un scénario avec un socle N autour de 75%, comme actuellement, mais je suppose que les consignes de Pompili, Hulot et compagnie sont passées par là.
  • 5.2) Je maintiens que passer de 1000 TWh fossile à 300 TWh non fossile est un gros morceau. De la biomasse, peut-être, mais l’empreinte carbone de la biomasse est plutôt mauvaise (230 g d’après electricityMap).
  • 5.3) Rendement du fossile. C’est inefficace si vous convertissez en énergie mécanique, mais pas si vous vous chauffez où vous allez chercher près de 100% de l’énergie, soit davantage qu’avec un système électrique.
  • 5.4) 55% d’énergie électrique en 2050, c’est bien (à condition d’avoir de l’électricité très décarbonée, ce qui est envisageable en France, beaucoup plus difficile en Allemagne). Les 45% restants, c’est quoi ?
  • 6) La France s’est engagée dans le N, et c’est un cas très atypique qui ne peut pas être comparé avec la moyenne mondiale. Le N a des avantages et des inconvénients, et chacun a le droit d’avoir des avis divergents sur le remplissage des colonnes. Il va de soi que pour moi les avantages l’emportent sur les inconvénients. Le N stagne en France pour plusieurs raisons, et si, Hollande, Voynet, Jospin y ont largement contribué. Au moins, Macron a fini par comprendre son erreur.
  • 7) N + ENRi (n’oubliez pas le i qui différencie les ENR pilotables des ENR non pilotables) ? Il faut être réaliste, c’est effectivement à ça que va ressembler le futur. Pour l’instant, ça marche plutôt bien, la France affiche une excellente performance à 33 g, c’est un atout très important pour la compétitivité de l’économie française. Prenons garde à ne pas l’anéantir.
Vincent
Mais enfin, c'est vous qui confondez tout :) En mélangeant systématiquement des chiffres mondiaux avec des chiffres français et de chiffres de mix énergétique avec des chiffres de mix électrique. A aucun moment je ne prétends qu'on atteindra le net zero en 2050 (c'est pas parti pour). ça n'empêche pas qu'on sait ce qu'il faut faire pour atteindre ce net zero et ça passe par une forte électrification du mix énergétique. Concrètement, nous aurons besoin de 50000 à 60000TWh de production électrique à l'échelle mondiale en 2050. Le nucléaire fera au mieux environ 10%. Et quand je vous demande comment faire le reste, vous me parlez d'une convergence 50/50 entre ENR et fossile. Je vous démontre ensuite que cette convergence a été démontrée être plutôt aux alentours de 95/5 entre ENR et gaz (ces derniers pouvant être verts à terme) et ensuite vous me demandez de quoi je parle alors que vous avez été le premier à utiliser ce mot pour faire croire que les ENR ont forcément besoin massivement de gaz en back up. Il y a des pays avec 70% d'ENR avec peu d'hydraulique oui. Je vous laisse les trouver comme vous avez l'air fan des données statiques d'électricity map. D'ailleurs la biomasse d'électricity maps concerne celle pour produire de l'électricité (encore une confusion). Alors que la biomasse (bois et biogaz) dont je parle sert essentiellement à faire de la chaleur sans passer par le vecteur électrique. Sinon, 2050 c'est dans 25ans oui, mais il semble que vous êtes les premiers à vous vanter d'avoir pu faire une transition rapide vers le nucléaire. Or les renouvelables se développent à un rythme autrement plus rapide que ce qu'a fait le nucléaire à l'époque. En 25 ans, on a donc largement le temps de changer les choses si on se coordonne pour. Mais comme les conservateurs, qui n'ont aucun intérêt à ce qu'on sorte des fossiles qui leur servent de rente, freinent de toute part, hé bien on rame. Conservateurs bien aidés en France par les nucléocrates anti-ENR qui ont trouvé chez eux le moyen de croire à un nouvel âge d'or du nucléaire (qui n'arrivera pas pour tout un tas de raisons autres que politiques). Pour en revenir à la France, le nucléaire c'est 300TWh. Si on maintient ces 300TWh d'ici 2050, ce sera déjà un miracle technologique (car non, les nouvelles centrales ne ressembleront pas aux anciennes, ça aussi ce serait bien de faire le deuil de ce monde qui n'existe plus). Avec une demande à plus de 600TWh à cet horizon, ça fait donc une part du nucléaire à moins de 50%. Avoir 75% de nucléaire en 2050 (c'est à dire non seulement recréer le même parc, mais ajouter 50% en plus) n'a par contre effectivement aucune chance d'arriver en 25 ans : c'est du pur fantasme. Alors arrêtons de tirer dans les pates de la décarbonation : faisons nos 14 EPR d'ici 2050 (ce sera déjà bien) et des ENR.
Denis Margot

Je ne m’engage pas sur 50/50 en 2050, je ne suis pas devin et vous non plus, pas plus que les merveilleuses études qui prédisent tout et son contraire. Ce que je dis, c’est que si on atteint en 2050 un mix 50% décarboné 50% fossile, au lieu de 20/80 aujourd’hui ce sera déjà bien, et si on fait mieux, tant mieux.

95% ENR / 5% gaz en 2050? Jamais vu ce chiffre, je ne sais pas d’où vous le sortez, ça me paraît très très farfelu. Sur les 10 dernières années, le charbon ne baisse pas, le pétrole un peu et le gaz est stable. Où sont vos 10% de N ?

Je ne sais pas comment on arrivera à un mix décarboné. Je crois qu’il ne la sera pas, et je crois, comme je vous l’ai écrit, que 50% décarboné et 50% fossile est mon estimation réaliste en 2050. Il y aura encore beaucoup de fossile en 2050, c’est regrettable mais c’est probable.

Je ne me vante pas d’avoir fait une transition rapide avec le N, je n’y suis pas pour grand-chose, mais il faut reconnaître que le pari s’est avéré bon question décarbonation. Et je suis le premier à reconnaître que si cette alternative fonctionne pour la France, elle n’est pas extensible au monde. Et pour le coup, ça peut devenir un avantage stratégique pour la France, à condition que les Français embarquent, ce qui n’est pas gagné.

Les ENRi se développent à un rythme rapide, certes, mais cela ne veut pas dire que la décarbonation soit au rendez-vous. Les exemples de pays très engagés dans les ENRi montrent que question décarbonation, ça n’a pas été un succès (je parle des ENRi, pas de l’hydro). Le problème est là. Lorsque le vent souffle et le soleil brille, les ENRi c’est ok. Et quand elles s’éteignent, c’est la cata si elles sont suppléées par le fossile, ce qui est souvent le cas sauf en France dans une certaine mesure. Donnez-moi un exemple d’un pays de taille respectable qui soit à 70% d’ENRi (hors hydro) et qui présente un bon bilan carbone (au niveau électricité, on s’entend).

Je souris à votre évocation des conservateurs nucléocrates anti ENR. Bien que je vous trouve assez modéré sur le sujet, vous reprenez la litanie des écolos qui ont fait tant de mal à l’outil énergétique N qui a précisément démontré sa très forte capacité à résoudre le problème que les écolos n’arrivent pas à résoudre. Vous pouvez appeler ça du conservatisme, et dans ce cas, je suis un écolo conservateur !

Le N français devrait sans trop de mal fournir non pas 300 TWh, mais 400 TWh/an, voire peut-être un peu plus. Extension des durées de vie, augmentation de la puissance des réacteurs existant (on parle de 2 à 5%), optimisation des mises à l’arrêt… Et bien sûr, arrêt de cette PPE qui voulait supprimer je ne sais plus combien de réacteurs pour faire comme les Allemands.

Les ENRi en France ont la chance d’être couplées avec un socle N/hydro qui s’avère plutôt souple et apte à bien encaisser les intermittences des ENRi. Prenons ça comme un avantage compétitif et espérons que cela serve au pays.

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