Comment se compose le parc nucléaire britannique ?

Centrale nucléaire de Hinkley Point B

Située au sud-ouest de l'Angleterre, la centrale nucléaire de Hinkley Point B a produit près de 6,9 TWh en 2019. Une autre centrale constituée de 2 réacteurs EPR, dite « Hinkley Point C », est en cours de construction sur le site (non visible sur cette photo de 2011). (©EDF Energy-Philippe Eranian/Toma)

Le Royaume-Uni dispose de 9 réacteurs nucléaires en service répartis entre 5 centrales, d'une capacité cumulée d'environ 5,8 GW. 

En 2023, le parc nucléaire britannique a généré près de 37 TWh, soit environ 12,5% de la production électrique britannique cette année-là(1).

Répartition des réacteurs en service

Il existe actuellement 5 centrales nucléaires en fonctionnement au Royaume-Uni :

  • Hartlepool A (2 réacteurs refroidis au gaz de 655 MW) dans le nord-est de l'Angleterre ;
  • Heysham A (2 réacteurs refroidis au gaz de 625 MW de puissance chacun) dans le nord-ouest de l'Angleterre ;
  • Heysham B (2 réacteurs refroidis au gaz de 680 MW de puissance chacun) dans le nord-ouest de l'Angleterre ;
  • Sizewell B (1 réacteur à eau pressurisée de 1 250 MW de puissance, le plus récent du parc nucléaire britannique en service) dans le sud-est de l'Angleterre ;
  • Torness (2 réacteurs refroidis au gaz de 682 MW de puissance chacun) au sud de l'Écosse.

Ces réacteurs sont tous exploités par EDF Energy, filiale britannique d’EDF.

À titre indicatif, le Royaume-Uni est le 3e pays en Europe (au sens large) disposant du plus grand nombre de réacteurs nucléaires en service, après la France (56 réacteurs nucléaires en service, comptant pour environ 65% de la production électrique nationale en 2023) et l'Ukraine (15 réacteurs « théoriques » selon l'AIEA, la guerre actuelle perturbant naturellement leur fonctionnement), et devant l'Espagne (7 réacteurs), la Suède et la République tchèque (6 réacteurs dans chaque pays).

Les centrales de Dungeness B (Kent) et de Hunterston B (Écosse), constituées de 2 réacteurs nucléaires chacune, ont été respectivement arrêtées en juin 2021 et janvier 2022.

Prolongation de la durée de vie

EDF a annoncé le 4 décembre 2024 la prolongation de l'exploitation de 4 des 5 centrales nucléaires britanniques :

  • jusqu'en mars 2027 pour les centrales d'Hartlepool et d'Heysham A, soit une prolongation d'un an à ce stade ;

  • jusqu'en mars 2030 pour les centrales d'Heysham B et de Torness, soit deux ans de plus que prévu.

Production nucléaire

L'évolution de la production électrique d'origine nucléaire en Grande-Bretagne montre plusieurs tendances marquantes. Entre 1965 et 1999, la production a globalement augmenté, passant d'environ 15,1 TWh à un pic de 99,5 TWh en 1998. Cette période a été marquée par une croissance quasi-constante des capacités, reflétant les investissements dans le parc.

Après ce pic de 1998, une tendance à la baisse a commencé au début des années 2000, avec des fluctuations mais une diminution nette de la production. En 2023, la production avoisinait 37 TWh selon l'AIEA. Cette baisse s'explique par la fermeture de centrales vieillissantes.

Évolution de la production électrique d'origine nucléaire en Grande-Bretagne 
(selon les données de l'Energy Statistical Review)
AnnéeProduction (en TWh)
196515,1
196620,2
196723,3
196826,2
196929,1
197026
197127,5
197229,4
197328
197433,6
197530,3
197636,2
197740
197837,2
197938,3
198037
198138
198244
198349,9
198454
198561,1
198659,1
198755,2
198863,5
198971,7
199065,7
199170,5
199276,8
199389,3
199488,3
199589
199694,7
199798,1
199899,5
199995,1
200085,1
200190,1
200287,8
200388,7
200480
200581,6
200675,4
200763
200852,5
200969,1
201062,1
201169
201270,4
201370,6
201463,7
201570,3
201671,7
201770,3
201865,1
201956,2
202050,3
202145,9
202247,7
202341,2 (37 TWh selon l'AIEA)

Centrales en projet

Au total, 36 réacteurs nucléaires britanniques ont déjà fermé (d'environ 7,8 GW de puissance cumulée) mais le Royaume-Uni dispose de plusieurs projets de construction de nouvelles tranches nucléaires.

La centrale Hinkley Point C, constituée de deux réacteurs EPR, est en particulier actuellement en cours de construction dans le sud-ouest de l’Angleterre. Il est envisagé que ces réacteurs de 3e génération puissent générer à eux seuls 7% de la production électrique britannique(2). Deux autres réacteurs sont en projet avancé sur le site de Sizewell (Sizewell C).

Fin juin 2016, la secrétaire d'État britannique à l'Energie et au changement climatique Amber Rudd avait affirmé(3) que « 18 GW de nouvelles centrales nucléaires étaient en projet », ces projets visant entre autres à compenser les fermetures accélérées de centrales à charbon au Royaume-Uni (la dernière centrale à charbon du Royaume-Uni a depuis été arrêtée fin septembre 2024).

Le gouvernement travailliste de Keir Starmer a annoncé dès sa prise de fonction en juillet 2024 qu'il souhaitait s'appuyer sur le nucléaire aux côtés des filières renouvelables pour mener la transition énergétique du Royaume-Uni. Cette stratégie s'appuie entre autres sur la société Great British Energy, dotée de 8,3 milliards de livres (9,9 milliards d'euros) d'argent public sur 5 ans pour investir « dans les technologies du futur : les éoliennes flottantes, l'énergie marémotrice, nucléaire », a précisé le Premier ministre, qui souhaite attirer des investissements privés(4)

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Sources / Notes

  1. Données de la base PRIS de l'AIEA.
  2. Le chantier de ces EPR est estimé à 18 milliards de livres sterling (soit 19,2 millions d’euros au 5 juillet 2016).
  3. « Amber Rudd speech to the Business & Climate Summit », 29 juin 2016. Outre Hinkley Point C, les projets de centrales les plus « avancés » étaient portés par Horizon, filiale du groupe Hitachi (2 réacteurs de type « ABWR » sur le site de Wylfa Newydd, au nord-ouest du pays de Galles) et NuGeneration, joint-venture entre Toshiba et Engie (3 réacteurs de type « AP1000 » sur le site de Moorside, au nord-ouest de l’Angleterre). En septembre 2020, Toshiba a toutefois annoncé renoncer définitivement au projet gallois de Wylfa Newydd.
  4. Notons qu'une entité « Great British Nuclear » a déjà été créée en 2023 pour soutenir les nouveaux projets nucléaires et que GBE devra préciser leurs modalités de collaboration.

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