Chutes d'Iguazú au sud du Brésil à la frontière argentine (©photo)
Depuis lundi matin, les Nations Unies ont publié une quarantaine de nouvelles contributions d’États présentant leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, en vue de la COP21 (30 novembre-11 décembre 2015). Parmi ces pays figure le 8e consommateur d’énergie au monde : le Brésil. Focus sur ce géant énergétique de plus de 200 millions d’habitants(1).
La contribution brésilienne
Le Brésil a émis près de 2,19 milliards de tonnes d’équivalent CO2 (Gt CO2 e) en 2005, année de référence de son « iNDC » (pour « intended Nationnally Determined Contribution »). D’ici à 2025, le pays s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 37% par rapport à ce niveau, soit une réduction modeste de 6% par rapport à l’année 1990, année souvent prise comme référence par d’autres pays plus industrialisés. La contribution déposée précise, à titre indicatif, que cet objectif devrait lui permettre de réduire ses émissions de 43% d’ici à 2030 par rapport à 2005.
Le Brésil rappelle qu’il est un pays en cours de développement pour souligner le caractère ambitieux de son objectif. Cet effort est davantage perceptible lorsqu’il est exprimé en matière d’intensité carbone, c’est-à-dire en émissions de gaz à effet de serre par point de PIB : celle-ci devrait baisser d’environ 66% d’ici à 2025 et de 75% en 2030 par rapport à son niveau en 2005. Récemment, la Tunisie a exprimé ses objectifs dans le cadre de la COP21 en matière d’intensité carbone, visant une réduction de celle-ci de 41% entre 2010 et 2030.
Le mix énergétique du Brésil
Le pétrole est la principale source d’énergie du Brésil : il compte pour 41,5% dans la consommation d’énergie finale du pays en 2012 selon les dernières données disponibles de l’AIE. Bien que le pays dispose d’immenses réserves dans des pré-salifères (gisements offshore très profonds situés sous une épaisse couche de sel), la production nationale reste à l’heure actuelle limitée à près de 2,3 millions de barils par jour en 2014 (soit tout de même 2,6% de la production pétrolière mondiale)(2).
Les énergies renouvelables satisfont quant à elles un peu plus de 40% des besoins énergétiques du Brésil et elles comptent pour plus de 75% du mix de production électrique national, principalement en raison de l’importance de l’hydroélectricité (le Brésil est le deuxième producteur hydroélectrique au monde derrière la Chine). Le Brésil est également le deuxième producteur mondial de bioéthanol (après les États-Unis). Il dispose enfin de 2 réacteurs nucléaires qui fournissent environ 2,9% de la production électrique annuelle du pays.
Mix énergétique du Brésil selon les dernières données de l'AIE (©Connaissance des Énergies)
En matière d’émissions de gaz à effet de serre due à la combustion d’énergie par habitant, le Brésil se situerait au 87e rang selon les Nations Unies(3) avec 2,2 tonnes d’équivalent CO2 émis par habitant. Notons que l’AIE, avait postulé dans son World Energy Outlook de 2013, une hausse de la demande brésilienne en énergie primaire de 80% et un doublement de la demande d’électricité d’ici à 2035.
Une orientation maintenue sur les renouvelables
Le Brésil finalise actuellement son Plan d’adaptation national sur le climat alors que sa vulnérabilité aux variations météorologiques a été mise en évidence l’an dernier par la baisse de la pluviométrie (la sécheresse de 2014, la plus grave ayant touché le payé depuis 84 ans, a pesé sur la production hydroélectrique nationale).
Parmi ses objectifs énergétiques, le Brésil envisage de porter la part des énergies renouvelables (EnR) dans son mix énergétique de consommation à 45% à l’horizon 2030 : cela passera par le développement des EnR hors hydroélectricité (biocarburants, éolien, solaire, etc.) dont la part pourrait être portée entre 28% et 33% en 2030. La part des seuls biocarburants pourrait être de 18% à cet horizon si le pays réussit à poursuivre leur développement en incluant les biocarburants dits de « deuxième génération » (matières cellulosiques telles que le bois, les feuilles et les tiges des plantes, etc.). Dans le secteur électrique, une augmentation de 10% de l’efficacité énergétique est envisagée d’ici à 2030.
Rappelons que le pays doit par ailleurs faire face à de nombreuses problématiques sociales, entre autres dues à sa rapide urbanisation : l’accès à l’énergie ou à la santé, l’emploi et surtout l’éradication de la pauvreté : 15,5 millions de personnes vivaient encore en 2013 sous le seuil de pauvreté dans le pays et 6,2 sous le seuil d’extrême pauvreté(4).