
Exploitée par l’entreprise Nucleoeléctrica depuis 1983, la centrale argentine d'Embalse fait actuellement l'objet de travaux de « remise à neuf » afin de prolonger son exploitation. (©flickr-Nucleoeléctrica Argentina S.A.)
Il est souvent question des réacteurs nucléaires situés en Europe, aux États-Unis et en Asie mais il est bien moins fréquent d’en entendre parler au sujet du continent africain et du sous-continent sud-américain. Pourtant, l’énergie atomique est exploitée dans ces deux zones.
Réacteurs nucléaires en Afrique
Seule l’Afrique du Sud possède à l'heure actuelle des réacteurs nucléaires en service sur le continent africain. Il en existe 2 au sein de la centrale de Koeberg, à 30 km au nord de la ville du Cap (sud-ouest du pays). Ces réacteurs à eau pressurisée (REP) ont été connectés au réseau électrique en 1984 et 1985. D’une puissance cumulée de 1 860 MW, ils ont généré à eux deux près de 7,8 TWh en 2024, soit environ 3,9% de la production sud-africaine d'électricité cette année-là selon l'AIEA(1).
En juillet 2024, l'exploitant de cette centrale, Eskom, a été autorisé(2) par l'Autorité de sûreté nucléaire sud-africaine à exploiter 20 années supplémentaires le premier réacteur (qui aurait alors dû s'arrêter, selon la durée initiale d'exploitation fixée à 40 ans). Dès 2021, Eskom avait souhaité pouvoir prolonger l'exploitation de sa centrale nucléaire, dans un contexte de coupures d'électricité récurrentes(3).
L'Égypte construit par ailleurs une centrale nucléaire à l'ouest d'Alexandrie au nord du pays (El Dabaa). Celle-ci sera constituée de 4 réacteurs (REP russes « VVER »), de 4 400 MW de puissance cumulée. La construction des différentes tranches a débuté entre l'été 2022 et début 2024 et la mise en service complète de la centrale est envisagée à l'horizon 2030 (2026 pour la première unité).
D'autres projets de construction de réacteurs nucléaires sont également à l'étude sur le reste du continent (par exemple au Rwanda).
Précisons par ailleurs que de nombreux projets nucléaires se développent au Moyen-Orient, à l'image de la centrale de Barakah aux Émirats arabes unis, dont la première tranche a été mise en service en 2020 (suivie par trois autres réacteurs connectés au sein de la centrale en 2021, 2022 et 2024).
Réacteurs nucléaires en Amérique du Sud
En Amérique du Sud, deux pays disposent actuellement de réacteurs nucléaires en service :
- le Brésil possède 2 REP en service au sein de la centrale d’Angra, au sud-est du pays. Ces réacteurs ont été connectés au réseau en 1982 et 2000. D’une puissance cumulée de 1 884 MW, ils ont contribué à hauteur de 2,3% de la production électrique brésilienne en 2024 (avec 15 TWh produits) ;
- l’Argentine possède 3 réacteurs nucléaires à « eau lourde ». Ceux-ci sont répartis entre 2 centrales : 2 à Atucha connectés au réseau en 1974 et 2014 (1 027 MW cumulés, dans le nord-est du pays) et 1 à Embalse connecté au réseau en 1983 (600 MW, au centre du pays). Le réacteur d'Antucha 1 fait l'objet de travaux depuis fin septembre 2024 pour une période de 30 mois, en vue de prolonger sa durée d'exploitation.
Le parc nucléaire argentin a généré près de 10,4 TWh en 2024, soit 7,4% de la production électrique du pays cette année-là. Précisons que le gouvernement argentin de Javier Milei a annoncé en septembre 2025 lancer le processus de privatisation partielle de Nucleo Electrica SA, l'entité publique exploitant le parc nucléaire national.
Ces deux pays disposent chacun d'un nouveau réacteur nucléaire « en cours » de construction : Angra 3 au Brésil (dont le chantier avait été arrêté une première fois dès 2015 dans le contexte de l'opération Lava Jato, scandale de corruption affectant Petrobras, le Conseil national de politique énergétique a à nouveau repoussé en février 2025 sa décision concernant une reprise des travaux pour finaliser la construction(4)) et le SMR Carem 25 en Argentine(5).





