La situation énergétique de l’Irlande vue par l’AIE

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Irlande

Le système énergétique irlandais « se caractérise par une forte part d’énergies fossiles, malgré une croissance rapide des énergies renouvelables » selon l’AIE. (©Pixabay)

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié le 15 avril un rapport sur la situation énergétique de l’Irlande(1), moins d’une semaine après une publication consacrée à la Suède. Ce qu’il faut en retenir.

Une consommation d'énergie primaire reposant à près de 90% sur les énergies fossiles

Depuis le dernier rapport de l’AIE consacré à ce pays en 2012, l’Irlande a « réussi à faire progresser la transformation de son secteur énergétique, principalement en matière d’électricité », juge l’Agence internationale de l’énergie. Globalement, l’Irlande reste toutefois très fortement dépendante des énergies fossiles : ces dernières (pétrole, gaz naturel, charbon et tourbe) ont compté pour près de 90% de la consommation d’énergie primaire du pays en 2017 selon les dernières données de l’AIE.

Consommation d'énergie en Irlande
En 2017, la consommation d’énergie primaire de l’Irlande était inférieure de 8% au niveau de 2007, avant la crise financière qui a particulièrement affecté le pays. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)

Au cours des dernières années, l’Irlande a renforcé sa sécurité d’approvisionnement, notamment grâce à l'augmentation significative de sa production gazière (suite au début des opérations fin 2015 au sein du champ de Corrib, l’Irlande était à deux tiers « auto-suffisante » en gaz en 2017 selon l’AIE).

Malgré la hausse de la production irlandaise d’énergie, celle-ci ne couvrait encore globalement que 35% de la consommation d’énergie primaire du pays en 2017 (et une forte baisse de la production du gisement de Corrib est attendue dès le milieu des années 2020). L’Irlande ne produit en particulier pas de pétrole (45,7% de la consommation nationale d'énergie primaire en 2017) et dépend intégralement des importations pour cette énergie (principalement de Norvège pour le pétrole brut et du Royaume-Uni pour les produits raffinés).

Production de gaz de l'Irlande
La mise en production du champ de Corrib fin 2015 a « significativement changé » l'approvisionnement gazier de l'Irlande depuis 2016, souligne l'AIE. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)

Une production électrique encore très carbonée malgré la croissance de l’éolien

Plus de la moitié de la production irlandaise d'électricité repose sur le gaz naturel mais l’éolien occupe une place croissante dans ce mix (24,3% en 2017). L’AIE indique que le système électrique irlandais peut reposer par moments jusqu’à 65% sur cette source de production intermittente, « sans risque pour la sécurité d’approvisionnement ».

Il est toutefois rappelé que la contribution de la filière éolienne reste par nature dépendante des conditions de vents (en 2016, la production éolienne de l'Irlande a baissé malgré une hausse des capacités installées).

Notons que la décarbonation du système électrique irlandais constitue une « nécessité » pour ce pays qui ambitionne de constituer un lieu central pour l’industrie du numérique et du stockage de données (les data centers ont notamment compté pour près de 5% de la consommation irlandaise d'électricité en 2017).

Mix électrique de l'Irlande
L’Irlande était exportatrice nette d’électricité en 2017. Sa production repose principalement sur le gaz naturel. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)

Les recommandations de l’AIE

La consommation d’énergie de l’Irlande est appelée à augmenter avec la hausse prévue de sa population (le gouvernement attend une croissance de 20% du nombre d’habitants en Irlande entre 2016 et 2040). Dans ce contexte, le recours à des sources décarbonées et les mesures d’efficacité énergétique doivent constituer une priorité pour le pays, indique l’AIE.

Selon l’Agence internationale de l'énergie, l’Irlande ne va pas atteindre son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020 (par rapport au niveau de 2005) et sera probablement « en deçà de la cible » de 16% d’énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie finale à cet horizon (les dernières projections envisagent une part d’EnR comprise entre 12,7% et 13,9% en 2020).

L’AIE invite en particulier l’Irlande à renforcer ses efforts pour décarboner le secteur du chauffage dans les logements qui repose encore à 41% sur des chaudières individuelles au fioul(2). L’Agence recommande à cette fin une stratégie en « deux volets : compléter les incitations financières pour les propriétaires et introduire des normes d’efficacité énergétique lorsque cela est nécessaire ».

Précisons que l’Irlande dispose d’une taxe carbone, « instrument efficace pour réduire la consommation et renforcer l’efficacité énergétique » qui n’a toutefois plus évolué depuis 2014, son impact sur les habitudes de consommation s’étant ainsi affaibli avec la hausse du niveau de vie de la population. Dans ces conditions, l’AIE recommande au gouvernement irlandais d’introduire un mécanisme permettant d’ajuster à la hausse le niveau de taxation lorsque les objectifs de baisse des émissions de CO2 ne sont pas atteints.

En ce qui concerne le projet de Brexit, « le plein impact sur le secteur de l’énergie de l'Irlande ne peut pas encore être déterminé », indique l’AIE. Il est toutefois rappelé que le pays dispose à l'heure actuelle uniquement d’interconnexions gazières (pas de terminal GNL) et électriques avec le Royaume-Uni. 

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