Les exportations américaines de pétrole brut à un nouveau niveau record

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Exploitation de pétrole dans le Dakota du Nord. (©Hess Corporation)

Exploitation de pétrole dans le Dakota du Nord. (©Hess Corporation)

Les exportations américaines de pétrole brut continuent de progresser année après année, selon les dernières données de l'EIA américaine (Energy Information Administration) : elles ont augmenté de façon quasi continue depuis 2015 (sauf en 2021).

Une hausse de 13% des exportations américaines de brut

En 2023, les exportations américaines de pétrole brut se sont élevées en moyenne à 4,1 millions de barils par jour (Mb/j), soit 13% de plus qu'en 2022, déjà une année record. « Depuis la levée de l'interdiction d'exportation du pétrole brut en 2015, nous avons observé une augmentation remarquable, passant de quasiment rien à près de 5 millions de barils par jour à l'heure actuelle », confirme Jérôme Sabathier, chef du département Économie et évaluation environnementale chez IFP Energies nouvelles.

Évolution des exportations de pétrole brut des États-Unis

Mais cette tendance « devrait ralentir, avec une augmentation prévue de la production de pétrole brut aux États-Unis de seulement 0,3 Mb/j cette année (comparé à 1 Mb/j l'année dernière), et une prévision de 0,5 Mb/j en 2025 selon l'EIA », précise l'économiste.

Une production record de brut aux États-Unis en 2023

En 2023, la hausse des exportations américaines de pétrole brut a en effet sans surprise été soutenue par la hausse de la production américaine qui a elle-aussi atteint un niveau record de 12,9 Mb/j (+ 9% par rapport à 2022), souligne l'EIA. L'agence américaine, qui prévoyait déjà un recul de la production des États-Unis début 2024 (« car les conditions hivernales ont contraint certains exploitants à arrêter la production »), envisage encore aujourd'hui une baisse pour les deuxième et troisième trimestre de l'année... avant une nouvelle augmentation en 2025(1).

D'autres facteurs pèsent naturellement sur les exportations américaines de brut, « notamment le prix élevé du brut et le maintien du plafonnement de la production par les accords de réduction de l'OPEP+, offrant ainsi une opportunité à certains producteurs de maximiser leurs profits », rappelle Jérôme Sabathier(2).

Quid de l'impact de l'élection présidentielle fin 2024 ?

En revanche, l'économiste d'IFP Energies nouvelles n'envisage « guère d'incertitude quant à l'élection présidentielle aux États-Unis ». De fait, « les États-Unis n'ont jamais autant produit de pétrole » sous la présidence de Joe Biden « tandis que Donald Trump a clairement exprimé sa volonté de "Forer, forer, forer" ».

Et de rappeler l'importance du prix des carburants à la pompe aux États-Unis, « sujet très sensible, et tous les présidents se sont toujours efforcés de limiter les augmentations de prix pour les consommateurs ». In fine, dans le cas d'une réélection de Joe Biden, il est « probable que ce dernier remettra de nouvelles restrictions pour limiter la production de brut sur les terres fédérales mais cela ne devrait pas avoir un impact très fort à court terme », juge Jérôme Sabathier.

Les Pays-Bas, premier pays destinataire du brut américain

En 2023, le premier pays destinataire du pétrole américain était de loin... les Pays-Bas (652 000 b/j, avec le gros « hub » que constitue le port de Rotterdam), devant la Chine (452 000 b/j, soit près du double de 2022). Les exportations américaines de pétrole brut avaient déjà fortement augmenté vers l'Europe en 2022, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et des sanctions de l'UE sur le pétrole russe(3).

Notons dans le même temps que l'Inde a très fortement réduit ses importations de pétrole américain en 2023 (146 000 b/j, soit une chute de 47% par rapport à 2022), en raison de l'attrait pour le pétrole vendu par la Russie à « prix cassé ».

Sources / Notes

  1. L'EIA prévoit que la production de pétrole brut des États-Unis « dépassera le sommet de novembre 2023 en février 2025 ».
    More productive wells spur U.S. crude oil production higher, EIA, 5 mars 2004.
  2. Jérôme Sabathier souligne également le coût du fret : « en moyenne, le coût du fret entre les États-Unis et l'UE est plus élevé que celui entre le Moyen-Orient et l'Europe. En 2023, le fret entre les États-Unis et Rotterdam s'élevait à 16,3 $/t, tandis que le fret entre le Moyen-Orient et l'Europe était de 13,0 $/t, soit une différence de 26 %. Cependant, cet écart se réduit actuellement. En février, il était de 6 %, et en mars, de 8 %, en raison des perturbations causées par les attaques des Houthis en mer Rouge qui ont affecté le fret en provenance du Moyen-Orient ».
  3. Pour rappel, il est également fortement fait référence à la hausse des exportations américaines de gaz sous forme de GNL. En 2023, « l'Europe (UE OCDE) a importé 545 Mt de pétrole et de gaz naturel liquéfié, selon les données de l'AIE », rappelle Jérôme Sabathier qui note que la part des États-Unis dans les importations européennes pour ces hydrocarbures « s'élève à 16%, alors qu'elle était de 6 % en 2019 ».

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