Changement d'heure
La majorité des Français et des Européens serait opposée au changement d'heure. (©photo)

La France change d'heure deux fois par an depuis 1976 avec une ambition initiale simple : limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel en faisant mieux correspondre les heures d’activité aux heures d’ensoleillement.

Le changement d’heure a été réinstauré en France par décret le 19 septembre 1975. Il visait alors à réduire la dépendance pétrolière de la France après le premier choc pétrolier de 1973. L’électricité était en effet largement produite à partir de centrales au fioul lourd à l’époque (en 2022, le mix électrique français a reposé à 62,7% sur l’énergie nucléaire).

L’Ademe fait néanmoins état d’ « impacts énergétiques réels » : selon les dernières estimations précises de l'Agence basées sur l’année 2009, le dispositif permettait d’économiser « de l’ordre de 400 GWh » par an (soit l’équivalent de la consommation annuelle en éclairage d’environ 800 000 ménages français selon l'Agence). Toujours selon l’Ademe, ce gain aurait permis à la France d’éviter l’émission de 44 000 tonnes de CO2 par an. Les économies liées aux usages thermiques (chauffage et climatisation) seraient moins significatives et plus difficiles à évaluer. La consommation de la climatisation tertiaire aurait, par exemple, permis d’économiser 70 GWh d’électricité par an.

L’Ademe reconnaît une baisse de l’intérêt de ce dispositif, en raison notamment du déploiement de lampes basse consommation. Elle estime toutefois qu'il pourrait encore permettre d’éviter une consommation inutile de 340 GWh par an à l’horizon 2030, compte tenu de l’augmentation des surfaces des bâtiments.

Bien qu’harmonisé au niveau de l’Union européenne depuis 1998 (passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars et à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre), le principe du changement d’heure ne fait pas l’unanimité. Outre la difficulté d’évaluer les économies réelles liées au dispositif, les progrès technologiques (usage de produits et d’appareils plus performants) et son impact sur le rythme biologique réduisent ses bénéfices.

Durant l'été 2018, une consultation publique sur le changement d’heure a été menée par la Commission européenne : près de 84% des 4,6 millions de répondants se sont déclarés favorables à la suppression du changement d’heure (seules les réponses de Grèce et de Chypre y étaient défavorables)(1). En France, une consultation en ligne organisée en février 2019 par la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale a reçu plus de deux millions de réponses, massivement (83,74%) en faveur de la fin du changement d'heure.

La Commission européenne a ainsi proposé en septembre 2018 de supprimer le changement d'heure dès 2019 mais le Parlement européen - bien qu'approuvant la décision - a acté son application à 2021(2). Une directive européenne était censée être adoptée par le Conseil fin 2020, avant une transposition par les États membres. Mais la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 a balayé ce calendrier et le texte sur la fin du changement d'heure « n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche »(3). Le changement d'heure dans l'UE perdure ainsi à ce jour.

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