La pollution de l'air constitue un enjeu majeur de santé public : les émissions associées à la combustion de charbon, de gaz, de pétrole mais aussi de bois sont souvent montrées du doigt à ce titre.
Soulignons en préambule qu'il ne faut pas confondre les émissions de polluants responsables de la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre contribuant au changement climatique.
Types de polluants dans l'air
Les particules fines
Les particules fines sont les principaux polluants incriminés lorsqu'il est question de pollution de l'air. Ces particules sont différenciées par leur diamètre :
- les particules fines PM10 dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres (1 μm = 10−6 m) ;
- les particules fines PM2,5 dont le diamètre est inférieur à 2,5 μm. Ces dernières sont les plus dangereuses car elles pénètrent plus facilement dans l'organisme.
À titre d'ordre de grandeur, un grain de sable fin a un diamètre d'environ 90 μm.
Les particules peuvent être « des polluants primaires lorsqu’elles sont directement émises dans l’atmosphère, ou secondaires lorsqu’elles sont générées à partir d’autres polluants dits précurseurs », indique l'Ademe(1).
Autres polluants
Parmi les principaux autres polluants de l'air, on distingue des gaz comme les oxydes d'azote (Nox), le dioxyde de soufre (SO2), l'ammoniac (NH3) ou encore le monoxyde de carbone (CO) et des composés organiques volatils dits « COV » (benzène, formaldéhyde, isoprène, etc.).
Sources de la pollution atmosphérique
Les polluants atmosphériques viennent chacun de sources différentes : les émissions de particules fines proviennent par exemple principalement du secteur résidentiel (chauffage au bois, fioul, charbon ou feux de déchets vert) tandis que les oxydes d'azote viennent essentiellement du transport routier.
Près de 80% du dioxyde de souffre émis en France provient de l'industrie (raffinage de pétrole, matériaux de construction, métallurgie, etc.) tandis que la quasi-totalité de l'ammoniac est issue du secteur agricole (élevage des bovins, engrais minéraux et organiques).
Le chauffage au bois en question
Le chauffage au bois serait responsable de 62% des émissions de particules fines annuelles en France selon l'Ademe(2). L'agence souligne que, « dans un vieil appareil de chauffage au bois (installé avant 2002) ou dans un foyer ouvert, la combustion du bois est incomplète et contribue fortement à la pollution de l’air, plus encore si le bois brûlé est humide ».
En Île-de-France, l'observatoire de la qualité de l'air Airparif souligne également que le chauffage au bois est à l'origine de « plus de la moitié des particules fines » émises, suivi par le transport routier (notamment les véhicules diesel et essence) et les activités de chantier.
Impact de la météo
Différentes conditions météorologiques peuvent avoir un impact sur la pollution de l'air :
- les conditions anticyloniques en période de grand froid donnent lieu au phénomène d'« inversion thermique » qui bloque les polluants au sol ;
- l'absence de vent peut empêcher la dispersion des polluants ;
- l'humidité et la chaleur favorisent la production de polluants « secondaires » (comme l’ozone troposphérique ou « mauvais ozone », produit notamment à partir des oxydes d’azote).
Les épisodes de pollution aux particules fines ont plutôt lieu en hiver et au printemps tandis que ceux à l'ozone sont principalement constatés l'été.
Conséquences
L'exposition chronique aux polluants atmosphériques, en particulier aux particules fines, augmente le risque de contracter des maladies respiratoires et cardiovasculaires, et notamment des cancers pulmonaires et des AVC.
En 2021, l'Agence européenne pour l'environnement (EEA) estime que 253 000 décès prématurés dans l'Union européenne à 27 sont attribuables à la pollution aux particules fines de moins de 2,5 micromètres(3).
En France, près de 40 000 décès par an sont imputés à la pollution aux particules fines (soit environ 7% de la mortalité totale annuelle selon Santé publique France) et environ 7 000 à celle au dioxyde d'azote (environ 1%).
Réglementation existante
12 polluants réglementés
La concentration de certains polluants dans l'air est réglementée. Au niveau de l'Union européenne (réglementation transposée en France), il existe 12 polluants réglementés : le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde d’azote (NO2), l’ozone (O3), les PM10, les PM2,5, le monoxyde de carbone (CO), le benzène (famille des COV), le benzo[a]pyrène (famille des HAP), l’arsenic, le cadmium, le nickel, le plomb.
Notons que les pesticides font l'objet d'une surveillance croissante mais ne sont pas réglementés.
Vignette Crit'air
Pour réduire la pollution de l'air, des zones à faibles émissions ont notamment été crées pour accéder à certaines grandes agglomérations (en en excluant progressivement les véhicules les plus polluants).
L’accès à ces « ZFE » (Zones à Faibles Émissions) dépend de la vignette Crit’Air de son véhicule (dont la couleur dépend de la motorisation et de l’âge du véhicule, à commander sur le site www.certificat-air.gouv.fr).
Surveillance de la pollution atmosphérique
Plusieurs sites permettent de s'informer sur le niveau de pollution atmosphérique, notamment :
- le site www.geodair.fr qui compile des données issues des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) ;
- le site www.atmo-france.org qui donne accès aux informations quotidiennes de chaque région, avec un indice ATMO calculé, depuis le 1er janvier 2021, sur l’ensemble du territoire (métropole et Outre-mer).
La pollution atmosphérique baisse-t-elle en France ?
Les émissions françaises de la plupart des polluants atmosphériques ont diminué entre 2000 et 2023, mais la France reste confrontée à des dépassements de normes, ainsi qu'à des épisodes de pollution à l'ozone et/ou aux particules, selon le dernier bilan de la qualité de l'air extérieur en France publié en octobre 2024.
La France demeure « confrontée à des dépassements de normes réglementaires de qualité de l'air pour la protection de la santé humaine dans certaines agglomérations, ainsi qu'à des épisodes de pollution à l'ozone et/ou aux particules en France métropolitaine, dans les Antilles et en Guyane », précise ce rapport gouvernemental.
Sur la période 2000-2023, « la baisse atteint 64% pour les oxydes d'azote (NOx), respectivement 49% et 56% pour les particules (fines) de diamètre inférieur ou égal à 10 µm (PM10) et celles de diamètre inférieur ou égal à 2,5 µm (PM2,5) et 87% pour le dioxyde de soufre (SO2) ».
« À l'inverse, les teneurs moyennes annuelles en ozone (O3), polluant dont la formation est dépendante notamment des conditions météorologiques, ont augmenté » (le rapport constate 2 épisodes de pollution « d'ampleur nationale » en France métropolitaine en 2023, aux mois de juin et septembre).
Sur la même période, les concentrations annuelles en dioxyde d'azote (NO2), PM10, PM2,5 et SO2 ont baissé mais des dépassements de normes ont été observés pour le NO2 et les particules fines PM10 respectivement « dans trois et deux agglomérations en 2023 ».