Climat : attention, rétropédalages !

Christian de Perthuis

Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL

Fondateur de la Chaire Économie du Climat

En matière d’action climatique, les signes de rétropédalage se multiplient. L’hebdomadaire The Economist évoque un « anti-climate backlash »(1). L’expression est lourde de sens. Depuis la parution du livre de Susan Faludi Backlash, le terme désigne tout retour en arrière en matière de conquête de nouveaux droits. La transition bas carbone est-elle menacée par cette multiplication des rétropédalages. Et surtout, comment y faire face ?

Comme si le doute s’installait

Le 20 septembre dernier, Rishi Sunak, Premier ministre britannique, différait de cinq ans l’arrêt de la vente des voitures thermiques. Deux semaines plus tard, nouveau rétropédalage en Allemagne sur les chaudières thermiques. Aux Pays-Bas, l’ambitieux plan azote a été mis en berne à cause du mouvement populiste frontalement opposé à toute action climatique. En Suède, le consensus national historique face au réchauffement semble s’être fissuré sous les coups de butoir du parti nationaliste.

Les exemples abondent : face au réchauffement global, les rétropédalages se multiplient dans la sphère politique, comme si le doute s’installait. Depuis le départ de son Vice-président Timmermans en charge du Green Deal, l’Europe semble de moins en moins jouer son rôle de corde de rappel face aux réticences ou à l’obstruction de certains États membres. Aux États-Unis, la multiplication des subventions mises en place par l’administration de Joe Biden en faveur de la décarbonation suscite des interrogations croissantes.

La sphère économique ne semble pas épargnée. Dans l’éolien offshore, des entreprises leaders (Orsted, Iberdrola, Vattenfall) choisissent de payer des pénalités pour se retirer de grands projets en Europe ou en Amérique du Nord. Les grands équipementiers historiques (Vestas, Siemens-Gamesa, GE, Nordex) perdent de l’argent et réduisent la voilure. Simultanément, les majors réinvestissent dans l’extraction pétrolière (investissement de 60 milliards de dollars d’ExxonMobil dans les pétoles de schiste) ou réévaluent leurs perspectives de production quinquennales de pétrole (+2 à 3% par an pour TotalEnergies).

Les taux d’intérêt et l’inflation

Sur le front économique, les déboires de l’éolien offshore reflètent en premier lieu le changement des conditions économiques. Le retour de l’inflation conjugué à la hausse des taux d’intérêt heurte l’ensemble des filières bas carbone. Les énergies de flux – solaire ou éolien – sont hautement capitalistiques. La quasi-totalité des coûts apparaît dans l’investissement initial, les dépenses d’exploitation ramenées au kWh étant proches de zéro. On ne paye ni le vent, ni le soleil. Sans oublier les investissement requis à l’aval pour stocker et distribuer le courant. Tout ceci fait beaucoup de capital à mobiliser.

Le développement des filières est en conséquence heurté de front par le relèvement des taux d’intérêt qui renchérit l’accès au capital. Le regain inflationniste n’arrange pas les choses, car il affecte davantage les coûts d’investissement des opérateurs que les trajectoires attendues du prix de l’électricité vendue.

Dans les deux cas, ces difficultés semblent de nature conjoncturelle et pourront être corrigées. Les compétiteurs dans les nouveaux appels d’offres seront plus prudents sur le prix du kWh offert en surveillant de plus près leur coût du capital. Les contrats pourront intégrer des clauses de sauvegarde en cas d’envolée des coûts des composants.

Agir sur la demande pour désinvestir du pétrole et du gaz

Plus préoccupante est la reprise, aujourd’hui encore modérée, des investissements des grandes compagnies pétro-gazières pour élargir leur capacité de production. Fondamentalement, cela indique que le désinvestissement sur le pétrole et le gaz n’est pas encore véritablement enclenché. Or c’est bien du rythme du désinvestissement dans les actifs liés aux énergies fossiles que dépend la baisse des émissions, comme le savent les lecteurs de Carbone fossile, carbone vivant(2).

Reportons nous à la récente actualisation par l’Agence Internationale de l’énergie (AIE) de son scénario compatible avec un réchauffement mondial limité à 1,5°C. Côté offre, l’agence repère bien l’accélération des investissements, tout en alertant sur leur grande insuffisance dans les pays moins avancés où le coût du capital est plus élevé que dans les pays riches. Du côté de la demande d’énergie, le bât blesse de partout. L’AIE n’a pas détecté le moindre ralentissement de la demande de pétrole et de gaz. C’est pourquoi tout choc, à l’image de la guerre en Ukraine, provoque une remontée des prix des énergies fossiles qui déclenche des investissements de capacité.

Pour viser le 1,5°C, il faut réduire vite la consommation d’énergie totale pour que l’investissement dans les renouvelables provoque le reflux de celui dirigé vers les fossiles. Du fait de l’absence d’actions ambitieuses sur la demande, ce point de retournement n’est toujours pas atteint. Et là, les politiques ne semblent guère portés à l’action. Agir sur la demande d’énergie ne paye pas électoralement parlant.

Une petite musique qui monte

La frilosité des politiques en la matière ne semble pas refléter un recul de la perception du risque climatique par la majorité de la population. La recrudescence du « climatoscepticisme 2.0 » sur les réseaux, dans la mouvance plus générale du conspirationnisme, est une réalité. Malgré sa virulence, les enquêtes d’opinion suggèrent qu’elle ne touche que des franges limitées de la population. Les enquêtes internationales conduites par le Pew Center montrent combien la prise de conscience du risque climatique a progressé durant la dernière décennie, dans l’ensemble des pays développés.

En revanche, le climat semble devenir un facteur de polarisation au sein de la classe politique. Le phénomène a d’abord concerné les pays de langue anglaise hors Europe. Les États-Unis, cela est bien connu, avec l’inquiétante évolution du parti Républicain. Un parti qui avait participé hier à toutes les grandes avancées environnementales comme le Clean Air Act portées par des coalitions bipartisanes. Une telle polarisation a également touché le Canada et l’Australie.

Dans tous ces pays, les alternances politiques provoquent des phénomènes de yo-yo particulièrement néfaste pour l’action climatique qui requiert de la stabilité dans le temps. Les partis conservateurs traditionnels y sont de plus en plus sensibles à la petite musique des partis populistes pour qui l’action climatique serait une manifestation supplémentaire du mépris des élites urbaines imposant des contraintes inutiles aux classes laborieuses des périphéries. Dans cette vision, il faut s’opposer à toute politique climatique contraignante.

Une telle polarisation gagne l’Europe. Le rétropédalage du parti conservateur britannique, autrefois aligné sur un ligne pro-climat, ou celui d’un gouvernement de coalition allemand incorporant les verts en sont des manifestations spectaculaires. En France, les positions du Rassemblement National sur les éoliennes s’inscrivent parfaitement dans cette mouvance anti-climat. Comme pour l’immigration, sa petite musique semble irriguer une partie de la droite traditionnelle. Elle n’est peut-être pas sans lien avec les demandes de pause réglementaire en matière environnementale par Emmanuel Macron.

Que faire ?

On n’arrêtera pas la musique anti-climat en la recouvrant par des mots d’ordre ou des invectives qui la rendraient inaudible. Cela conduirait à renforcer la polarisation de la société et risquerait d’accroître les courants populistes qui surfent sur les liens entre la transition bas carbone et les inégalités de traitement des citoyens.

Une grande partie des instruments de l’action climatique, comme les taxes carbones non redistribuées, les subventions massives à l’achat de véhicules électriques ou encore le financement des installations photovoltaïques individuelles, sont anti-distributives. Cela ne peut qu’accroître le ressentiment de la majorité des citoyens qui ne peuvent ni s’engager dans la transition ni en recueillir les premiers bénéfices.

Les bonnes réponse consistent donc à mieux anticiper l’ampleur des restructurations auxquelles va nous contraindre la transition bas carbone pour en mesurer toutes les implications sociales. Pour éviter les rétropédalages en tous genres qui menacent de nous écarter des bonnes trajectoires, il faut donc mieux conjuguer transition bas carbone, réduction des inégalités et exigence d’équité.

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Commentaire

Jean-Pierre Bardinet

Pourquoi ces rétropédalages ? Parce que de plus en plus de gouvernements commencent à comprendre les conséquences régressives et destructrices des politiques climat-énergie. Et à comprendre que l’éolien et le solaire consomment énormément d’espace et de matières premières, produites en grande partie en Chine, ce qui nous asservit à ce pays communiste qui en profitera pour nous contrôler. La croissance prévisible de la demande, suite à la folie verte, va créer un déséquilibre entre l’offre et la demande : une demande de plus en plus supérieure à l’offre va mécaniquement faire déraper les prix des matières premières et il est fort possible que cela ne fasse exploser en plein vol la voiture électrique, l’éolien et le solaire.

Vincent

Concernant votre remarque sur l'espace : les deux premières sources (et de loin) d'artificialisation des sols sont les infrastructures routières et les résidences pavillonnaires. La surface prise au sol pour la consommation d'énergie dans les scénarios net zero est une goutte d'eau par rapport à ça. Par ailleurs, les panneaux solaires ne provoquent pas nécessairement une artificialisation supplémentaire s'ils sont posés sur toiture, sur des parkings déjà existants ou bien en agrivoltaïsme. Vous faites donc fausse route sur cette question là.
Concernant le besoin en matières premières : en volume et en masse extraite, un monde basé sur les énergies renouvelables extraira beaucoup moins de matières qu'un monde basé sur les énergies fossiles. Et ce d'autant plus, sur le long terme, qu'il sera possible de recycler une partie des métaux, réduisant le besoin primaire d'extraction (ce qui n'est pas possible avec les fossiles, qu'on utilise qu'une seule fois et qu'on doit donc continuer d'extraire primairement ad vitam eternam). Ceci étant dit, je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il va y avoir des tensions importantes sur l'approvisionnement en métaux nécessaires à la transition sur les prochaines décennies. Cela n'est en revanche pas lié à une quelconque "folie verte" mais plutôt à l'absence de vision long terme de nos gouvernants (publics et privés) aujourd'hui, qui est lié à la mécanique libérale qui privilégie le profit court terme à la stabilité de long terme (qui nécessite un minimum de planification et de stratégie).

RV

.../... Concernant le besoin en matières premières : en volume et en masse extraite, un monde basé sur les énergies renouvelables extraira beaucoup moins de matières qu'un monde basé sur les énergies fossiles. .../...
Pouvez-vous développer ?
A ma connaissance il faut beaucoup plus de "matière" pour récupérer 1 kw solaire ou éolien que pour n'importe quelle autre source qu'elle soit carbonée ou nucléaire.

Vincent

Vous ne prenez pas en compte l'extraction des énergies fossiles proprement dites en disant ça. Aujourd'hui, nous extrayons 15milliards de tonnes d'énergies fossiles par an (8 de charbon, 4 de pétroles et 3 de gaz naturel), qui sont recyclables à... 0%. Une fois utilisées elles sont perdues.
La quantité de métaux nécessaires pour les technologies bas carbone est 2 ordre de grandeur plus faibles (30millions de tonnes par an en 2040). Même en raisonnant à l'échelle du minerai, on reste en dessous de l'extraction fossile, sachant que les métaux sont recyclables (pas à 100%, certes, mais ça reste plus que les 0% des énergies fossiles).
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'enjeux autour de cette question des métaux, bien sûr. Il y en a beaucoup, aucune solution n'est parfaite. Mais en comparaison des énergies fossiles, cela reste bien plus favorable.

Vincent

Vous ne prenez pas en compte l'extraction des énergies fossiles proprement dites en disant ça. Aujourd'hui, nous extrayons 15milliards de tonnes d'énergies fossiles par an (8 de charbon, 4 de pétroles et 3 de gaz naturel), qui sont recyclables à... 0%. Une fois utilisées elles sont perdues.
La quantité de métaux nécessaires pour les technologies bas carbone est 2 ordres de grandeur plus faible (30millions de tonnes par an en 2040). Même en raisonnant à l'échelle du minerai, on reste en dessous de l'extraction fossile, sachant que les métaux sont recyclables (pas à 100%, certes, mais ça reste plus que les 0% des énergies fossiles).
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'enjeux autour de cette question des métaux, bien sûr. Il y en a beaucoup, aucune solution n'est parfaite. Mais en comparaison des énergies fossiles, cela reste bien plus favorable.

Jean-Pierre Bardinet

Plus de 80% de l'énergie consommée dans le monde est fournie par des énergies fossiles. Il est totalement illusoire de croire qu'elles pourront être remplacées à terme par des EnR intermittentes, aux faibles facteurs de charge, dévoreuses d'espace et de matières premières.

Jean-Pierre Bardinet

Le CO2 n'est PAS un polluant. Bien au contraire, il est nécessaire à la photosynthèse, donc à toute vie sur Terre. On ne peut que se réjouir que son taux soit passé de 0,03% à 0,04% en 140 ans, car les effets sont bénéfiques : verdissement de la planète, meilleures récoltes, meilleure résilience des plantes. Quant à sa supposée action sur le climat, il n'y en a aucune preuve scientifique. Elle a été gravée dans les statuts du GIEC avant même toute étude scientifique, ce qui est une démarche idéologique et non scientifique. Mais qui contrôle le CO2 contrôle le monde, ce que le Grand Machin a fort bien compris, tout comme nombre de gouvernements et d'institutions qui en tirent grand profit : inflation taxative, normative et réglementaire, réduction des libertés individuelles, contrôle orwellien des peuples. Jamais une telle manipulation planétaire n'avait été réalisée.

RV

.../... Le CO2 n'est PAS un polluant .../...
Exemple typique de la stratégie des climato-sceptique : énoncer un faux-problème et en dénoncer l'absurdité.
Où avez-vous lu que le CO2 est un polluant ? Nulle part !

Quand aux "preuves scientifiques" de son action sur le climat, libre à vous d'aller contre le consensus scientifique qui s'est affirmé années après années.

Philippe

Bonjour Monsieur de Perthuis,

C'est marrant dans votre article vous semblez découvrir que la Betise des Etats ne se transmet pas aux acteurs privés qui ont bien compris l'absurdité, le gouffre Financier associé à toutes ces conneries soit disant climatiques ...

Jamais il ne sera possible d'y gagner de l'argent, donc les acteurs privés préfèrent se retirer et payer des amendes.

C'est comme la Bétise de la Voiture électrique qui est une hérésie, au mieux aurait on pu en faire un marché de niche ....

Voila, mais c'est bizarre qu'un Economiste comme vous ne l'ai pas compris depuis longtemps ?

Vous devez faire plutôt de la Recherche et pas un travail dans l'Economie réelle ?

Ma boussole, c'est le marché Financier et de ce point de vus la, c'est une impasse l'investissement Climatique.

Bonne continuation.

Vincent

La voiture électrique est une hérésie plus faible que la voiture thermique. J'imagine que vous ne vous déplacez qu'à pied, à vélo ou en transport en commun, donc ? :)
La voiture électrique n'est pas parfaite (aucune solution ne l'est). Mais pour ceux qui ne peuvent aujourd'hui pas se passer d'un véhicule, il vaut mieux que celui-ci soit électrique plutôt que thermique.

Jean-Pierre Bardinet

Les alarmistes climatiques nous bassinent sans cesse avec leur « il faut agir » Mais agir signifie quoi ? Réduire les émissions anthropiques de CO2, qui ne sont, selon le GIEC (AR5, page 471), que de 4% du total des émissions planétaires ? Quel en est l’intérêt, et quelles conséquences? Est-ce possible, est-ce faisable ? Les chiffres montrent que 84% de la consommation des énergies primaires provient des énergies fossiles : pétrole, gaz, charbon. Ce sont ces énergies fossiles qui ont permis le développement extraordinaire de l’humanité depuis plus de 100 ans, avec la réduction de la pauvreté, l’augmentation de l’espérance de vie, le développement remarquable de l’agriculture et de l’éducation, … Vouloir ne plus les utiliser est une chimère d’idéologues fous qui n’ont aucune solution de remplacement (ce ne sera jamais possible avec l’éolien et solaire fluctuants et intermittents, à faible densité énergétique, donc très gros consommateurs d’espace et de matières premières), qui veulent détruire tous les progrès qui ont été réalisés et nous faire revenir aux temps difficiles des siècles passés.

Jean-Pierre Bardinet

) A partir de prémisses fausses et/ou non validées, on peut prévoir n’importe quoi. Or, sous l’impulsion du Grand Machin, la supposée action réchauffante du CO2 anthropique (on se demande par quel miracle physique le CO2 naturel serait différent) a été gravée dans les statuts du GIEC, ce qui est une démarche idéologique et non scientifique. Donc toutes les politiques climat-énergie, qui détruisent les économies européennes, génèrent de l’inflation et réduisent comme peau de chagrin les libertés individuelles, n’ont aucune justification scientifique. Ce dogme du réchauffement climatique anthropique, imposé par un Grand Machin devenu fou et appuyé par les politiques et les médias qui en profitent, est le plus grand scandale planétaire de l’humanité. Mais, comme l’ex-URSS, il explosera en plein vol, peut-être d’ici une dizaine d’années.

Vinz

Je pense qu'il y a aussi un backlash envers les "héraults" les plus virulents de la crise climatique qui sont devenus des gourous fermés à toute discussion. Ils perdent du crédit politique. A quand une étude des postes actuels de nos anciens dirigeants, représentants et hauts fonctionnaires de l'écologie ?

Albatros

Enfin la raison commence à "percoler" derrière le vacarme des imbéciles. Mon pauvre Monsieur de Perthuis, remettez vous à l'enseignement de l'économie et lâchez cette chimère du "marché carbone" avant votre retraite méritée.
Je souscris pleinement aux remarques excellement rédigées par MM Philippe, Bardinet et Vinz. Je ne pourrais pas dire mieux.
Avec mes sincères salutations.

Schricke Daniel

Je suis surpris, pour m'en étonner, qu'à aucun moment n'est évoquée la solution "bas carbone" avérée de la production d'énergie d'origine nucléaire, avec son prolongement prometteur de la surgénération, qui semble avoir été (idéologiquement ?) malheureusement écartée... (abandon de Superphénix et de Astrid !)
Mr De Perthuis serait-il "anti-nuc" ?

Vincent

Non, c'est simplement qu'à l'échelle mondiale, le potentiel du nucléaire est très limité. Il ne peut être déployé que dans une minorité de pays, pour une fraction de leur mix électrique.
Les seules solutions déployables à échelle mondiale et rapidement, ce sont les renouvelables, cf dernier rapport du GIEC : à l'horizon 2030, le potentiel de décarbonation associé au solaire et à l'éolien est en cumulé de 8 milliards de tonnes de CO2, là où le nucléaire un potentiel de 1 milliard (et à un coût plus élevé).
ça ne veut pas dire que le nucléaire ne fait pas partie des solutions, c'en est effectivement une. Mais le gros de l'enjeu n'est pas là.

Schricke Daniel

à Vincent:
Vous avez (en partie) raison ! les potentiels respectifs des renouvelables et du nucléaire montrent, à l'évidence, que les énergies renouvelables restent incontournables pour une grande partie du monde.
A la seule réserve près que la plupart des ENR (notamment l'éolien et le PV) restent aléatoires et NON PILOTABLES, et que, pour l'instant, tant qu'on n'aura pas résolu le problème récurrent du stockage massif d'énergie électrique, (ainsi, qu'accessoirement le problème de la régulation de la fréquence !), la production d'électricité PILOTABLE restera aussi incontournable, pour "compléter les trous dans la raquette" !...
Or, pour l'instant, les conditions du stockage de masse ne sont pas résolues (les STEP restant pour l'instant, les seules "solutions" viables mais malheureusement au potentiel limité (acceptabilité, sites disponibles....) , et la seule solution disponible reste celle de la production nucléaire, non émettrice de GES, et avec un fort potentiel dans la mesure où on se dirige vers les réacteurs de 4ème génération (surgénérateurs) que cela nous plaise... ou non !
La fusion continue à faire rêver, mais ne semble pas être encore pour demain....
Ce qui est sur, en tout cas, (au stade actuel de nos connaissances scientifiques) c'est que les ENR ne suffiront pas, sauf si un grand "retour en arrière" est accepté au niveau mondial !
Bien cordialement.

Vincent

Intermittent ne veut pas dire aléatoire ou imprévisible. Pour le solaire, on a une vision assez fine de ce que ça peut produire chaque jour, très en avance. Sur l'éolien, les progrès constants en météorologie permettent aussi de prévoir plusieurs jours en avance le profil de production, sans compter le progrès technologique.
Pour le stockage, sur du court terme, l'implantation des batteries (qui amène une flexibilité de demande mais aussi à terme la possibilité de soutenir le réseau) des véhicules électriques permettent d'améliorer la flexibilité à l'échelle de l'heure et de la journée. Pour l'hebdomadaire, les STEPs continueront de nous rendre les services qu'elles rendent déjà. La principale problématique est le stockage long terme. Si on se fie au rapport RTE, même dans un cas 100% ENR, la production d'électricité à partir de gaz verts est de l'ordre de 3% de la prod annuelle. Donc même si ces 3% sont carbonés dans un premier temps, ça reste bien mieux que notre état actuel (en France, même aujourd'hui, 10% de l'élec est produite à partir de gaz). Et à terme il y a des solutions qui existent pour ces 3%, même si elles restent encore à être développées.
Quant à la stabilité du réseau, ce n'est pas le nucléaire qui la permet aujourd'hui car il ne réagit pas assez vite. C'est le gaz qui nous permet de stabiliser le réseau, car c'est lui qui réagit le plus vite (à la seconde). Le nucléaire est utilisé en base, même s'il peut être modulé en quelques heures.
Bref, si on veut éviter un grand retour en arrière, c'est justement par les ENR qu'on peut y arriver. En simplifiant un peu : si on y arrive pas avec les ENR, alors on n'y arrivera pas. Le nucléaire, ce sera au mieux le petit frère de ce monde décarboné.

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