À Genève, la réduction des émissions de méthane à nouveau soulignée pour atteindre les objectifs climatiques

  • AFP
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Réunis lors d'un forum international cette semaine à Genève, des spécialistes mondiaux du méthane ont appelé à réduire les émissions de l'industrie de l'énergie pour ralentir au plus vite le réchauffement climatique, et à moindre coût. 

Principal composant du gaz naturel, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre lié à l'activité humaine après le dioxyde de carbone (CO2). Mais son pouvoir de réchauffement est bien plus important et il est responsable de 30% de l'augmentation des températures depuis la révolution industrielle.

"Réduire maintenant les émissions (de méthane) aura un impact immédiat sur l'augmentation des températures, alors que cela prendra beaucoup plus de temps pour le CO2", a expliqué à l'AFP Dario Liguti, chargé de diriger les discussions du Forum mondial sur le méthane.

Les résultats du forum - visant à partager les meilleures pratiques en matière d'atténuation du méthane - alimenteront la COP29 sur le climat à Bakou, Azerbaïdjan, en novembre.

Gagner du temps

En 2015, les signataires de l'accord de Paris se sont engagés à limiter le réchauffement de la planète "bien en deçà" de 2 degrés Celsius depuis l'époque préindustrielle (1850-1900), et de 1,5 degré si possible.

"Nous devons réduire considérablement les émissions de méthane à court terme pour nous aider à gagner du temps tout en nous attaquant également aux émissions de CO2, afin de maintenir à portée de main l'objectif de limiter l'augmentation des températures en dessous de 1,5°C", a relevé Tomas Carbonell, de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).

Mais "il y a beaucoup de bonnes nouvelles", a indiqué M. Carbonell, qui préside également l'Initiative globale sur le méthane, un partenariat public-privé co-organisant le forum.

"Il existe de nombreuses technologies rentables qui peuvent réduire, surveiller et capturer les émissions de méthane pour les utiliser comme source d'énergie", a-t-il déclaré.

Selon les experts, les mines de charbon pourraient récupérer du méthane et le vendre aux gazoducs, tandis que les sites d'enfouissement de déchets pourraient utiliser le méthane pour produire de l'électricité.

Il faudrait aussi réparer les fuites dans les infrastructures énergétiques ou mettre fin aux fréquents lâchers volontaires de méthane lors de l'entretien planifié de gazoducs.

120 millions de tonnes en jeu

La production d'énergie liée au pétrole, au gaz et au charbon a entraîné environ 120 millions de tonnes d'émissions de méthane en 2023, une légère augmentation par rapport à 2022, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

La Chine est de loin le premier émetteur pour le méthane issu du charbon, les Etats-Unis sont en tête pour celui lié au pétrole et au gaz, "suivis de près par la Russie", a récemment indiqué Christophe McGlade, expert énergie à l'AIE.

Cette agence a préconisé en octobre dernier de réduire de 75% d'ici 2030 les émissions de méthane des activités pétro-gazières dans le monde.

Lors du forum, Tim Gould, économiste à l'AIE, a assuré que "les pays et les entreprises peuvent atteindre des émissions de méthane proches de zéro".

"Il ne faut pas compter sur une réduction de la demande globale des combustibles fossiles pour faire le travail à notre place", a-t-il souligné.

Climat et santé

Un "engagement mondial" ("Global methane pledge") a été lancé en 2021 par l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, ayant pour objectif de réduire les émissions mondiales de méthane de 30% d'ici à 2030 par rapport à 2020. Il regroupe aujourd'hui 157 pays mais pas la Chine, l'Inde ou la Russie.

S'ils y parviennent, cela "fera baisser la température moyenne de 0,2 degré d'ici 2050", a indiqué M. Liguti : "cela ne semble pas beaucoup" mais "cela aurait un réel impact".

A la tête du département chargé des questions de santé publique et d'environnement à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Dr Maria Neira a rappelé que "chaque année sept millions de décès prématurés causés par l'exposition à la pollution de l'air", sans compter les maladies et les coûts pour les systèmes de santé.

"Parler des réductions d'émissions de méthane revient à parler des cas de cancer du poumon et d'asthme que nous pouvons prévenir", a-t-elle dit à l'AFP.

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par Christian de Perthuis

Fondateur de la Chaire Économie du Climat