- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le groupe Air Liquide a dégagé un bénéfice net de 2,57 milliards d'euros en 2021, en progression de 5,6% par rapport à 2020 malgré une "hausse brutale et continue des prix de l'énergie", et s'affiche optimiste pour 2022, en misant sur les marchés de la transition énergétique.
Le groupe français de gaz industriels, dont le PDG Benoit Potier doit passer la main en juin, a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires en progression de 13,9% à 23,335 milliards, porté notamment par les hausses de vente d'oxygène ou d'hydrogène à la sidérurgie et à la chimie en Europe et en Amérique du Nord, et par la poursuite de la croissance des marchés d'oxygène médical dans le monde.
Dans un communiqué, Air Liquide a rassuré ses actionnaires en leur disant que l'augmentation des prix de l'énergie en 2021 ne pesait pas sur ses comptes et qu'elle était "transférée" à ses clients.
La marge d'exploitation hors effet énergie, est en croissance de 70 points de base, à 19,2%.
Le groupe prévoit de verser un dividende de 2,90 euros (+5,5%) à ses actionnaires, dont l'assemblée générale est prévue le 4 mai.
A cette occasion, les actionnaires devront aussi se prononcer sur la décision du conseil d'administration de nommer François Jackow au conseil pour quatre ans, avec vocation à prendre la relève de Benoit Potier en tant que directeur général à compter du 1er juin, M. Potier restant président du conseil, chargé de "missions spécifiques".
- Miser sur l'hydrogène -
Evoquant sa longue période de pilotage de 20 ans, M. Potier a souligné lors d'une conférence de presse que les ventes du groupe avaient été multipliées par 2,5, ses effectifs doublés et sa capitalisation boursière multipliée par cinq.
Le groupe s'estime "particulièrement bien positionné sur les marchés d'avenir" pour répondre aux défis liés au changement climatique et à la transition énergétique. Il mise notamment sur "un ensemble de solutions intégrant hydrogène et technologies de décarbonation de l'industrie".
A l'origine de la création du Conseil mondial de l'hydrogène, annoncé à Davos, M. Potier estime avoir tout fait pour "développer cette nouvelle forme d'énergie qui va trouver son accomplissement dans les 15 à 30 prochaines années".
Air Liquide a aussi participé en avril 2021 au lancement du plus grand fonds d'investissement mondial destiné aux infrastructures d'hydrogène décarboné, FiveTHydrogen, piloté par un ancien du groupe, Pierre-Etienne Franc.
Pour l'instant, M. Potier admet que l'hydrogène vert (produit à partir d'électricité renouvelable solaire, éolienne ou hydraulique, NDR) représente une infime partie de la production d'Air Liquide, ainsi que l'hydrogène décarboné (produit à partir d'électricité nucléaire, ou de gaz à condition que tout le CO2 émis soit capté, stocké ou transformé).
La plus grosse unité de production d'hydrogène vert du monde est exploitée par Air Liquide au Canada, et "produit 8 tonnes par jour d'hydrogène, ce qui est très peu", a-t-il concédé. Le dirigeant mise sur une "augmentation très forte" du nombre de projets dans ce domaine "entre 2022 et 2025".
De même qu'il mise sur sa technologie "CryoCap" de capture du carbone qui peut s'adapter "dans le pétrole, le ciment ou sur n'importe quel type de flux", a souligné M. Potier.
Au total, pour 2022, les "opportunités d'investissement" du groupe sont estimées à 3,3 milliards d'euros, dont "plus de 40%" sont liées à la transition énergétique.
Air Liquide participe au projet de décarbonation du port d'Anvers avec BASF, et coordonne plusieurs projets dans le bassin industriel de Normandie, avec TotalEnergies notamment.
L'an passé, les émissions de CO2 du groupe, directes et liées à l'électricité (scope 1 et 2), ont néanmoins progressé à 36.364 tonnes contre 29.413 tonnes en 2015.
"Elles sont restées stables par rapport à 2020 malgré tous les développements du groupe", a relevé M. Potier. Le groupe devrait "voir commencer à baisser ses émissions de manière significative à partir de 2025".
Pour 2022, "en l'absence de perturbation significative de l'économie", Air Liquide se dit "confiant dans sa capacité à augmenter à nouveau sa marge opérationnelle et à réaliser une croissance du résultat net récurrent, à change constant". Il détaillera ses objectifs le 22 mars.
En milieu de journée, peu après 13H30, le titre gagnait 3,3% à 149,3 euros à la bourse de Paris.
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