- Connaissance des Énergies avec AFP
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Le président brésilien Jair Bolsonaro a lancé officiellement mardi la privatisation de la compagnie d'énergie Eletrobras, la deuxième opération de capitalisation la plus importante au monde cette année, avec un coup de cloche symbolique à la Bourse de Sao Paulo.
Il s'agit de réduire la participation de l'État dans la plus grande entreprise d'électricité d'Amérique latine. Le Brésil n'avait jamais connu une capitalisation d'une telle ampleur depuis la vente d'actions de la compagnie pétrolière publique Petrobras en 2010. L'objectif est de réduire la participation de l'État de 72% à 45%. La vente et l'émission de nouvelles actions au prix unitaire de 42 réais (environ 8 euros) doit rapporter environ 30 milliards de réais (5,6 milliards d'euros).
Mardi, les titres d'Eletrobras étaient en hausse de 3,5% peu avant la clôture, après une baisse de 2,2% lundi. "La plus grande entreprise de production d'énergie propre au monde est enfin libre", a déclaré le ministre de l'Économie, Paulo Guedes, durant la cérémonie symbolique lors de laquelle le président Bolsonaro n'a pas pris la parole.
Plus de 65% de l'électricité produite au Brésil provient de centrales hydroélectriques, notamment du barrage d'Itaipu, à la frontière avec le Paraguay, un des plus grands au monde. "C'est comme un fils qui quitte la maison de ses parents parce qu'il n'a plus besoin de la protection de l'État", a ajouté ce ministre de tendance ultra-libérale au sujet de cette compagnie fondée il y a 60 ans.
Il s'agit d'une étape importante pour le gouvernement Bolsonaro, qui avait promis à son arrivée au pouvoir en 2019 une cure d'austérité et un vaste plan de privatisation, mais l'agenda de réformes a été fortement perturbé par les tensions politiques avec le Parlement et par la pandémie de Covid-19.
La privatisation d'Eletrobras avait été approuvée l'an dernier par le Parlement et a obtenu en mai l'aval de la Cour des Comptes. Le gouvernement assure que cette privatisation n'aura pas d'impact néfaste pour les consommateurs, qui ont vu leurs factures d'électricité augmenter fortement ces dernières années.
Mais cela n'a pas empêché plusieurs dizaines de personnes de prendre part à une manifestation devant la Bourse de Sao Paulo mardi. "La privatisation d'Eletrobras est une erreur, c'est la fin de la souveraineté du Brésil" en termes d'énergie, a déclaré Telma Andrade, présidente de la section de Sao Paulo de la Centrale unique des travailleurs (CUT), le plus grand syndicat du pays, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.