- Connaissance des Énergies avec AFP
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Les autorités irakiennes ont interdit aux vols privés en provenance de Turquie d'atterrir dans la région autonome du Kurdistan, ont annoncé des responsables samedi, à la veille d'une conférence sur l'énergie à Erbil à laquelle doit assister un ministre turc.
Cette décision intervient sur fond de tensions entre le pouvoir central à Bagdad et la Turquie à propos d'un oléoduc controversé qui pourrait commencer à pomper du brut à partir du Kurdistan (nord) pour l'export. Le gouvernement à Bagdad insiste pour que toutes les ventes de pétrole passent par lui.
"Depuis hier (vendredi), Bagdad a interdit tous les vols privés en provenance de Turquie", a dit à l'AFP le directeur de l'aéroport d'Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, Talar Mustafa. "C'est un ordre du ministère des Transports", a-t-il dit, ajoutant ignorer les raisons de cette interdiction.
Deux responsables turcs ont confirmé qu'un avion privé se dirigeant vers le Kurdistan avait dû faire demi-tour vendredi soir.
En 2012, l'Irak avait empêché l'avion du ministre turc de l'Energie, Taner Yildiz, d'atterrir à Erbil, affirmant que les permis nécessaires n'avaient pas été obtenus.
Cette décision ne devrait pas avoir d'impact sur la conférence de quatre jours consacrée à l'énergie qui s'ouvre dimanche, et à laquelle doit participer M. Yildiz, selon des responsables kurdes.
"Nous avons l'habitude de ces mesquineries de Bagdad", a dit un employé du gouvernement kurde irakien à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, mais "cela n'affectera pas la conférence". "Ils devraient mûrir", a-t-il ajouté.
Contactés par l'AFP, aucun responsable des autorités irakiennes ou du ministère des Transports n'a souhaité réagir.
Les autorités kurdes cherchent à vendre leur pétrole à l'international sans passer par les autorités fédérales de Bagdad, mais les différends qui persistent avec celles-ci ont mis un frein au développement de nouveaux projets sur le gaz et le pétrole dans la région.
En visite en Turquie en début de semaine, le Premier ministre kurde Nechirvan Barzani avait dit que les premières livraisons de pétrole du Kurdistan à la Turquie pourraient avoir lieu "avant Noël".
A Ankara, le ministère des Affaires étrangères a affirmé dans un communiqué que la Turquie et le Kudistan s'étaient mis d'accord, lors de la visite de M. Barzani, "sur des contrats commerciaux dans le domaine de l'énergie, qui sont compatibles avec la Constitution irakienne".
"Mais le processus n'a pas encore été finalisé", a-t-il dit en soulignant que sa préférence allait à une solution tripartite qui "servirait les intérêts communs de nos peuples".
Par le passé, la Turquie avait refusé tout contact direct avec les Kurdes irakiens, craignant que la création d'un état kurde indépendant n'enhardisse sa propre population kurde.
Mais les besoins grandissants de la Turquie en matière d'énergie l'ont poussée à établir des relations commerciales avec le Kurdistan irakien.
La Turquie tente aussi de rétablir de bonnes relations avec Bagdad, et a proposé de servir de médiateur entre le gouvernement fédéral et les autorités kurdes.