Carburants de synthèse: Safran mise sur une start-up spécialisée dans le captage de CO2

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Safran a annoncé mercredi entrer au capital de la start-up californienne Avnos, qui développe une technologie de captage de CO2 dans l'air, un moyen pour le groupe français de pousser au développement de filières de carburants synthétiques, essentiels à la décarbonation du transport aérien.

Afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050, le secteur aérien doit s'appuyer largement sur les carburants durables (SAF). Ceux produits à partir de la biomasse, comme les huiles de friture, seront loin de suffire aux besoins, il est donc indispensable de développer des carburants de synthèse (efuels), produits en combinant de l'hydrogène et du CO2.

Equipementier et motoriste aéronautique, "Safran n'a pas vocation à être producteur de carburant, mais on met de grands espoirs derrière les efuels et on fait tout pour mieux connaître les filières et faciliter leur développement", explique à l'AFP Nicolas Jeuland, expert carburants durables chez Safran.

Via son fonds de capital-risque à destination d'entreprises innovantes, Safran Corporate Ventures, le groupe a donc participé à une levée de fonds de 36 millions de dollars d'Avnos, au côté notamment de NextEra Energy, Shell, ConocoPhillips ou le fonds de la compagnie aérienne Jet Blue.

Le CO2 nécessaire à la production d'efuels peut être capté directement dans les fumées d'usines ou dans l'air ambiant où sa concentration est faible (environ 0,04%).

Sa captation dans l'air ambiant requiert de grosses quantités d'énergie et d'eau pour l'extraire à l'aide d'adsorbants, sorte d'éponge sur laquelle le CO2 vient se fixer, détaille Nicolas Jeuland.

Avnos développe un procédé qui, au lieu d'utiliser de l'eau, en produit par absorption de l'humidité de l'air -jusqu'à 5 tonnes d'eau par tonne de CO2 capté selon Avnos- tout en réduisant la consommation énergétique et donc le coût de captation par deux.

Ce procédé permet de "lever deux verrous, que sont la disponibilité du CO2 et celle de l'eau pour produire de l'hydrogène" par électrolyse, estime-t-il.

Avnos doit mettre en place une unité pilote de captage de CO2 de 30 tonnes cette année.

Créé en 2015, Safran Corporate Ventures est doté de 130 millions d'euros et a investi dans 23 start-up, notamment sur les technologies liées à la décarbonation, selon Florent Illat, son directeur général. Le fonds a notamment investi en 2022 dans la start-up allemande Ineratec, qui produit des efuels.

Pour le groupe, il s'agit de "monter en compétence au côté d'acteurs avec qui on crée une proximité" et "de jouer notre rôle dans la décarbonation de la filière", plaide-t-il.

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