- Connaissance des Énergies avec AFP
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Cent ans après la première utilisation de gaz dans un conflit, près d'Ypres, en Belgique, le monde doit redoubler d'efforts pour éradiquer les armes de destruction massive, ont affirmé mercredi responsables politiques et humanitaires à l'occasion des cérémonies commémoratives.
Le 22 avril 1915, un nuage de chlore s'insinuait dans les tranchées alliées dans l'extrême nord-ouest de la Belgique, seul réduit à n'être pas tombé aux mains des troupes allemandes. Cette première utilisation d'une arme chimique provoquait la mort immédiate dans d'atroces souffrances de quelque 1.500 soldats français et algériens et marquait l'Histoire à jamais.
Un siècle plus tard, 250 enfants se sont rassemblés mercredi sur la Grand-Place d'Ypres pour une chorégraphie au milieu de fumigènes orange, avant des cérémonies officielles, au cours desquelles deux soldats français inconnus ont été inhumés dans la nécropole militaire française de Saint-Charles de Potyze.
Le roi des Belges, Philippe, a ensuite participé à une cérémonie sur les lieux même de la première attaque, entre les villages de Langemark et Steenstraete, puis un peu plus loin, au pied d'un monument canadien de 10 mètres de haut érigé à la mémoire des victimes.
L'attaque était intervenue à un moment où les belligérants cherchaient désespérément à sortir de l'impasse de la guerre des tranchées. Mais les Alliés ont très rapidement développé des protections et ont eux aussi utilisé des gaz à grande échelle dès le mois de septembre de la même année.
"Cette première attaque (...) inaugura des mois de combat pendant lesquels cinq autres attaques au gaz étaient déclenchées, qui seraient plus tard désignées comme la Deuxième Bataille d'Ypres. S'ensuivit une course aux armements chimiques dans laquelle toutes les parties belligérantes ont eu recours aux gaz de combat toujours plus puissants", a rappelé mercredi le ministre-président de la Flandre, Geert Bourgeois.
"Cent ans après ces atrocités, de telles armes sont toujours déployées sur les champs de bataille. Tout récemment, des armes chimiques ont encore été utilisées dans la guerre civile syrienne dans laquelle beaucoup de citoyens ont laissé la vie", a-t-il déploré.
Imprévisibles, dangereux pour les deux côtés puisqu'un vent changeant pouvait transformer les attaquants en victimes, les gaz ont finalement été responsables de moins de 1% des pertes de la Grande Guerre, estimées à plus de 10 millions de morts militaires.
Mais cette arme de terreur a marqué l'imaginaire collectif et explique aujourd'hui encore la mobilisation internationale, notamment ces dernières années après les attaques chimiques du régime de Bachar al-Assad contre sa propre population.
Evoquant la situation en Syrie, la vice-présidente du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), Christine Beerli, a souligné depuis Ypres "le besoin urgent de faire plus de progrès pour que le monde soit débarrassé de toutes les armes de destruction massive", alors qu'une convention internationale interdisant l'utilisation d'armes chimiques est en principe en vigueur depuis 1933.