- Connaissance des Énergies avec AFP
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La prise de conscience et la mobilisation "s'accélère" aux Etats-Unis en ce qui concerne le changement climatique, a déclaré mercredi à Washington la ministre française de l'Ecologie Ségolène Royal, estimant que "la volonté politique est là".
"Les choses s'accélèrent aux Etats-Unis par rapport à la question climatique de façon beaucoup plus intense que ce que l'on imagine en Europe, et en particulier en France", a souligné la ministre à des journalistes, quelques heures avant son départ pour la France après un déplacement de six jours en Amérique du Nord.
"Mes interlocuteurs sont parfois eux-mêmes surpris de la grande accélération et de la prise de conscience, (...) et des prises de position publiques", aux Etats-Unis a-t-elle poursuivi.
"L'idée très importante que je vais ramener à Paris, c'est que la détermination politique est là, bien présente et elle a toutes les marges de manoeuvre pour s'appliquer".
Elle a fait référence au Clean air Act, une législation de 1972, qui donne à Barack Obama "toutes les bases juridiques pour avancer", sans que le Congrès ne puisse lui barrer la route.
Les Américains "commencent à comprendre, avec la sécheresse, les ouragans, que les Etats-Unis sont aussi touchés par le changement climatique".
Aux Etats-Unis, Mme Royal a notamment rencontré sept sénateurs démocrates membres du groupe de réflexion Senate Climate change clearinghouse, l'administratrice de l'Agence environnementale (EPA) et le ministre de l'Energie, Ernest Moniz.
Selon elle, l'enjeu en Amérique c'est la "mobilisation des milieux économiques" avant la conférence mondiale sur le climat à Paris en décembre.
Et cela semble en bonne voie puisque dans ces milieux qui "étaient réticents à cette problématique (...), les mentalités commencent à évoluer". Ce qui est en train de les "faire basculer", c'est le fait que "le coût de l'inaction est désormais beaucoup plus élevé que le coût de l'action", a-t-elle estimé.
Une prise de conscience également constatée au sein des milieux agricoles et de l'agroalimentaire, s'est-elle réjouie. Certains préférant néanmoins parler "d'efficacité énergétique" pour éviter de paraître succomber aux craintes du réchauffement climatique.
"La croissance verte, ça rapporte", a-t-elle insisté.
En ce qui concerne la conférence sur le climat à Paris censée déboucher sur un accord universel, "nous pouvons être confiants tout en étant très exigeants car le chemin est encore long".
D'autant que les négociations de préparation qui se tiennent à Bonn, en Allemagne, sont engluées dans un texte d'accord illisible à ce stade.
"Il faut que les gens qui craignent encore un accord, disent les raisons pour lesquelles ils craignent", a indiqué Mme Royal. "Et ensuite, il faut qu'on arrive à faire converger les choses".
La ministre a également abordé les problèmes de sécurité liés à la hausse de la température terrestre --car "les réfugiés climatiques sont aujourd'hui beaucoup plus nombreux que tous les réfugiés liés à des conflits"-- et l'impact sur les océans.
Elle repart à Paris avec un engagement de coopération avec le National Geographic au sujet des océans, ainsi qu'avec le Centre de ressources sur les énergies renouvelables basé dans le Colorado (ouest) et avec la décision de mener une "action commune" sur la protection des insectes pollinisateurs.
Hasard du calendrier, la France et les Etats-Unis lancent quasiment en même temps leur plan pollinisateurs. Mme Royal précise que l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) française et le programme américain de recherche "vont travailler conjointement".