Le nouveau plan de la France pour réduire plus fortement ses émissions carbone d'ici 2030

  • AFP
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Transports, bâtiment, agriculture, industrie, chauffage... La France, qui peine à accélérer sa transition énergétique, dévoile lundi un plan rehaussé de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, en ligne avec les nouveaux objectifs fixés par l'Union européenne vers la neutralité carbone.

Ménages, entreprises, Etat et collectivités seront concernés, mais le gouvernement cherche une forme d'"équité" quant aux efforts immenses à fournir, souligne cependant une source à Matignon: "les petits font un peu, les gros font beaucoup et tout le monde fait sa part".

Jusqu'à présent, la France visait -40% d'émissions d'ici 2030, par rapport à 1990. Ce sera désormais -50%, conformément au nouvel objectif fixé par l'UE depuis deux ans. Aujourd'hui, la France en est à -25%.

Techniquement, la réduction d'émissions "nettes", en incluant le carbone supplémentaire absorbé par les forêts et les sols (puits de carbone), devra atteindre -55% en 2030, qui est le chiffre fixé par Bruxelles dans son plan "Fit for 55".

Pour la France, cela signifie réduire les émissions deux fois plus vite qu'aujourd'hui, une gageure économique, sociale et financière. Un rapport commandé à l'économiste Jean Pisani-Ferry par la Première ministre, Elisabeth Borne, conclut lundi que les investissements massifs nécessaires à la transition climatique ralentiront la croissance et alourdiront la dette publique.

Le "plan d'action" sera dévoilé à 15H00 par Elisabeth Borne devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE), organe consultatif rassemblant sur ces sujets les acteurs de la société civile (ONG, syndicats, patronat, collectivités, parlementaires...).

Le pays, qui a émis 408 millions de tonnes équivalent C02 l'an dernier, vise 270 millions en 2030.

Pour y parvenir, le plan mobilise tous les leviers jugés "crédibles", avec des objectifs fixés secteur par secteur (industrie, transports, bâtiment, agriculture, énergie, déchets...).

Les transports, premier poste d'émissions en France (environ un tiers du total), et le logement (18% des émissions, résidentiel et tertiaire confondus) recèlent les plus fortes marges de progrès.

Covoiturage, électrification des véhicules, remplacement des chaudières au fioul et au gaz... la Première ministre, chargée de la planification écologique avec, à ses côtés, un secrétariat général spécialement dédié, détaillera ses pistes, certaines déjà engagées, d'autres encore à formaliser.

Qui paiera ?

L'année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900. Alors que les effets du changement climatique s'accélèrent dans le monde, la France doit aussi lancer mardi sa nouvelle stratégie d'adaptation, pour faire face à un réchauffement qui pourrait y atteindre les 4 degrés d'ici à la fin du siècle.

Les émissions françaises ont reculé depuis les années 1990, sur fond de désindustrialisation et d'exportation de nos émissions, mais le pays a gardé un retard dans son rythme de baisse.

Cette situation lui vaut deux contentieux en justice pour inaction climatique, le premier porté par la commune de Grande-Synthe (Nord).

Dans ce dossier, le Conseil d'État a de nouveau mis début mai le gouvernement sous pression pour qu'il fasse plus, exigeant de nouvelles mesures dans les un an. L'Etat de son côté compte sur un meilleur bilan d'émissions sur ces dernières années, marquées notamment par le creux du Covid.

Dans le second contentieux, porté par le collectif d'ONG L'Affaire du siècle, la justice a déclaré l'État "responsable" de manquements à ses engagements et de "préjudice écologique", lui enjoignant d'agir plus fortement d'ici la fin 2022. Les ONG se déclarent désormais prêtes à retourner en justice, pour demander cette fois des pénalités financières avec astreintes.

Commentaires

Pierre Allemand

Le principe accepté par la France en son temps de réduction des émissions "proportionnellement à leurs émissions actuelles" est particulièrement injuste. Cette proportionnalité de l'effort pénalise les "bons élèves" et favorise au contraire les pays les plus pollueurs, puisque les efforts déjà faits sont systématiquement oubliés. Comme toujours, l'Allemagne se sort favorisée par le système. En effet, si l'on prend les émissions actuelles par habitant, Wikipédia annonce 8,70 t/an pour l'Allemagne, et 4,56 t/an pour la France.
Il serait plus juste de demander aux Allemands et aux Français d'atteindre d'abord un taux d'émission donné, par exemple 4 t/an ce qui aurait pour effet de récompenser le choix énergétique français par rapport au choix allemand. Par ailleurs,, il est beaucoup plus facile de limiter les émissions lorsque celles-ci sont élevées, car le choix des solutions pour limiter les émissions est très grand au début. Au fur et à mesure qu'on se rapproche des faibles valeurs, les choix se restreignent et la tonne gagnée est de plus en plus difficile à atteindre.

Reg

Pour la gestion énergétique, la France a la chance d'avoir un potentiel de développement des énergies renouvelables considerables: une très large façade maritime pour eolien offshore, énergie maremotrice et autres nouvelles énergies qui peuvent être développées. La France a beaucoup plus de soleil que l'Allemagne. La France a plus de fleuves, de montagnes, etc. (Réservoirs d'energie/steps).
Par contre, la France doit prendre exemple sur l'Allemagne pour les emballages plastiques. La France est un mauvais élève pour les bouteilles en plastique (eau, lait, etc.).
Dans les supermarchés allemands, il n' y a quasiment pas de bouteille en plastique.

Denis Margot

@Pierre Allemand. D’un autre côté, c’est aussi une formidable opportunité. Les émissions de GES vont intervenir de plus en plus souvent et de plus en plus fortement via la taxe carbone dans le prix des produits industriels. Bénéficier d’une énergie bas carbone va devenir un avantage compétitif. Aux industriels présents sur le sol français d’en profiter et de valoriser cette différence.

Abadie

Votre commentaire est juste, cette méthode qui est fondée sur une réduction en pourcentage des émissions de CO2 par rapport à un état initial spécifique à chaque pays présente aussi l'inconvénient de l'hétérogénéité, hors le CO2 n'a pas de frontière. Pour être efficace il faudrait un onbjectif absolu identique pour chque pays dans toute L'Europe.

Jean-Luc Wilain

SI on confie ce genre de mission à un économiste, il ne faut pas s'étonner de cette conclusion...jFNLt

BEE

On traite le sujet en raisonnant CO2, puis on résume cela à de la consommation énergétique (chauffage, mobilité) et on conclut à l'arrêt immédiat du Pétrole. On oublie que 30% du pétrole sert à fabriquer tous les sous-produits de la pétrochimie, du plastique, peinture, vêtements aux médicaments, en passant par le bitume.
L'arrêt de l'utilisation du pétrole sans programmer les alternatives à la pétrochimie me parait extrêmement dangereux pour nos économies et modes de vie.
Je crois qu'il faut distinguer la production d'énergie à partir des produits fossiles de la production de pétrole pour la pétrochimie, au moins dans un premier temps.
Ce sujet est toujours ignoré.

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