- Connaissance des Énergies avec AFP
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Un rapport de deux industriels allemand et français, remis jeudi à Paris à François Hollande et Angela Merkel, avance une trentaine de propositions et mises en garde pour la compétitivité européenne, où l'énergie fait figure de risque le plus important.
Le "rapport Beffa-Cromme", compte une trentaine de propositions en matière de politique énergétique, commerciale, d'investissement, de concurrence ou de fiscalité, parmi lesquelles Paris et Berlin comptent faire leur marché d'ici au sommet européen de la fin juin, a-t-on indiqué à Paris.
"La construction d'un marché de l'énergie unique très compétitif et la lutte contre le changement climatique (ont laissé) malheureusement de côté les aspects essentiels que constituent l'accessibilité, la sécurité et la fiabilité énergétiques", déplorent les auteurs du rapport Jean-Louis Beffa, président d'honneur de Saint-Gobain, et Gerhard Cromme, président du conseil de surveillance de Siemens.
"Les coûts croissants de l'énergie en Europe, notamment en Allemagne, conduisent progressivement à un déplacement des industries à forte intensité énergétique et, par conséquent, à la suppression du premier maillon de la chaîne de valeur industrielle d'ensemble. C'est un des risques les plus importants en matière de compétitivité et de croissance pour nos pays", peut-on lire dans le rapport.
"La divergence des visions énergétiques nationales n'est pas prise en compte de manière adéquate au niveau européen", déplorent les auteurs, qui préconisent notamment une réduction et une harmonisation des droits et taxes sur l'énergie. Ils recommandent à la France et l'Allemagne de "soutenir un programme commun de stockage de l'énergie".
"L'Europe devrait oeuvrer en faveur du développement des compétences industrielles et d'un cadre d'action pour le secteur des gaz non classiques", disent les auteurs, dans une allusion aux gaz de schiste, et favoriser la création de "solides pôles de PME" dans le secteur des nouvelles énergies dans l'objectif de faire naître des "champions européens".
En matière de politique commerciale et d'investissement, "la France et l'Allemagne devraient élaborer une vision commune pour une politique commerciale de l'Union européenne". Les auteurs s'inquiètent de "certaines questions non résolues ou en instance, telles que l'accès aux matières premières (en particulier les matières premières sensibles) pour les entreprises européennes dans des pays tiers".
Concernant la régulation des marchés financiers, "la France et l'Allemagne devraient entreprendre une étude globale sur les effets macro-économiques cumulés des normes Bâle III et Solvabilité II ainsi que de toutes les nouvelles réglementations en matière de financement des entreprises".
Au sujet de la politique de la concurrence, "l'Europe doit adopter une position plus ferme à l'égard des marchés mondiaux et de la mondialisation". "La capacité de concurrents potentiels non européens à s'attaquer aux positions sur le marché européen doit être prise en compte lors de l'évaluation de l'impact des fusions d'entreprises européennes", souligne le rapport.
Les auteurs conseillent d'"éviter d'introduire de nouvelles propositions législatives susceptibles de nuire aux investissements, comme les procédures +d'actions collectives+ dans le cadre de la concurrence européenne".
Ils appellent à réduire les dépenses publiques en France et en Allemagne. "La France et l'Allemagne doivent définir des objectifs de convergence fiscale entre elles dans les trois prochaines années", estiment les auteurs, incitant à "réduire les taxes sur les facteurs de production". "La fiscalité doit porter sur les revenus professionnels plutôt que sur le capital et les possessions."
Pour soutenir l'innovation, ils citent en exemple le crédit d'impôt recherche de la France, en appelant la Commission à "inciter chaque Etat membre à mettre en place" un tel système.