« Notre-Câble-des-Landes » ? : haute tension autour d'un chantier de ligne électrique

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Un futur "Notre-Câble-des-Landes" ? Le chantier d'une ligne électrique à très haute tension entre la France et l'Espagne, qui doit débuter en octobre, suscite une forte opposition d'habitants dans les Landes, où le tracé souterrain traverse des zones habitées et touristiques.

Deux liaisons souterraines et sous-marines sont prévues pour relier le poste de Cubnezais, à proximité de Bordeaux, à celui de Gatika, près de Bilbao en Espagne. Les travaux, dont le démarrage était initialement prévu lundi, commenceront "courant octobre", a précisé vendredi à l'AFP une porte-parole du gestionnaire du réseau de transport d'électricité (RTE).

"Elles permettront de porter à 5 000 mégawatts la connexion entre France et Espagne, contre 2 800 aujourd'hui", explique Dominique Millan, directeur développement et ingénierie pour RTE dans le Sud-Ouest. Soit l'équivalent de l'alimentation en électricité de cinq millions de foyers, selon les besoins des deux côtés de la frontière.

Ce projet à plus de trois milliards d'euros, porté par les sociétés RTE en France et Red Eléctrica en Espagne, est "d'une importance majeure" selon le responsable: "on est dans une logique de décarbonation des usages, donc à une hausse des besoins en électricité". Une interconnexion quasi-similaire (2 000 mégawatts, 320 000 volts) existe déjà de l'autre côté des Pyrénées, avec 65 kilomètres de câbles souterrains entre Baixas (Pyrénées-Orientales) et Santa Llogaia (Espagne).

D'une tension de 400 000 volts, la nouvelle ligne s'étend sur environ 400 kilomètres, dont 272 km en tracé sous-marin et le reste enterré dans le sol à 1,5 m de profondeur. Les câbles devaient initialement passer par le gouf de Capbreton, dans le golfe de Gascogne, mais il s'est avéré "impossible" de franchir ce canyon sous-marin long de 300 km sur 4 500 mètres de profondeur, dit RTE.

Conséquence: le tracé revu sur 27 km traverse désormais cinq communes des Landes en souterrain, loin des centres urbains mais en milieu naturel, sous des pistes cyclables ou des secteurs boisés, proche de campings et de certains quartiers. Ce qui fait bondir une partie de la population locale.

« Mascarade »

Depuis des mois, au sein du collectif "Stop THT 40", des habitants militent pour que soit évaluée une troisième option: longer l'autoroute A63 jusqu'à la frontière espagnole. C'est ce que préconise le Conseil national de la protection de la nature (CNPN), qui a rendu en août 2022 un avis défavorable au tracé actuel.

Impossible, répond RTE, au regard des ouvrages d'art sur cet axe routier entre Hendaye et Bilbao. "Pas une virgule n'a changé malgré un refus à 94% des votants lors de la première enquête d'utilité publique en 2021", s'insurge Sylvie Fort, habitante de Soorts-Hossegor, qui verra la ligne enfouie sur un terrain sous sa fenêtre. "On a vécu ça comme une véritable mascarade."

Le tracé fixé "dans sa globalité" reste seulement modifiable "à quelques mètres près, dans le détail", argue Dominique Millan. Pour les habitants, l'inquiétude d'une ligne d'une puissance inédite est aussi d'ordre sanitaire, bien que RTE assure qu'elle ne présente "aucun risque pour la santé". "C'est difficile de faire confiance à RTE, qui nous rétorque que c'est à nous d'apporter la preuve qu'il peut y avoir un danger. C'est à eux de nous prouver qu'il n'y en a aucun", insiste Marie Darzacq, membre du collectif d'opposants.

Des élus sont sur la même longueur d'onde. Le maire de Capbreton, Patrick Laclédère, a fait savoir qu'il déposerait un référé-suspension devant le tribunal administratif "dès que le chantier débutera". "On utilise tout ce qu'on peut pour gagner du temps", affirme l'édile.

Le collectif Stop THT 40, lui, évacue toute "action plus radicale de sa part", préférant "trouver un consensus". "On veut que les autorités prennent la mesure avant, que ça ne finisse pas comme à Sainte-Soline, parce qu'on sait qu'au niveau national, il y a des gens qui peuvent y voir une nouvelle lutte, un Notre-Câble-des-Landes". Allusion à la longue mobilisation contre un projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Commentaires

Serge Rochain

Ils préféreraient sans doute une ligne aerienne allignant des pylones de 90 m de haut tous les 350 m .... puisque seules les éoliennes dénaturent le paysage, c'est que les 300 000 pylones de RTE qui soutiennent la ligne THT de 400 KV en zébrant la France sur 105 000 Km n'ont jamais occasionné la moindre opposition comme les ont déclenché les 8000 éoliennes du pays, non ?

Rochain Serge

Non, mais vous, vous confondez clairement échange aux frontières avec réseau interne RTE.
LE RÉSEAU de distribution D'ENEDIS ce n'est pas 300 000 pylônes de 90 m de haut, et 105 00 km de ligne c'est des millions de km de lignes. Et des millions de pylônes et poteaux de tailles diverses selon la tension de la section.
Vous êtes dans l'ihnorence du réseau comme du reste.

Serge Rochain

En deux mots, vous ne savez pas de quoi vous parlez ! Vous bégayez !
Vous prétendez que je fais une confusion mais en quoi mon message était-il confus ?
Le collecteur de la production de RTE c'est un réseau THT qui zèbre la France sur 105000 Km supporté par 300 000 pylônes de 90 m de haut ! Il relie les pays limitrophes, les centrales de production, et les milliers de points de jonction d'ENEDIS qui est chargé de la répartition et de la distribution avec son propre réseau de MT et BT en s'appuyant sur un réseau de plusieurs million de Km dont près de la moitié enterré et le reste en aérien supporté par des millions de petits pylônes et de poteaux de hauteurs variée en fonction de la tension du segment..
Apprenez quelque chose au lieu de faire le sachant en bégayant votre ignorance !

Denis Margot

L’article parle très clairement d’un problème de distribution, pas de production, mais vous ne pouvez vous empêcher de la ramener avec votre problématique éoliennes vs pylônes et votre fiel habituel. En sus, les pylônes, c’est plutôt 30 à 50 m que 90 m.

Rochain Serge

1) non l'article parle de la ligne reliant la France a l'Espagne par l'ouest. Celle par l'Est est déjà là.
2) non la encore vous avez tout faux. Pour la ligne collectrice de RTE à 400 KVla 'norme d' isolation c'est 90 m.
Renseignez vous sur les sites EDF au lieu de parler comme toujours à tort et à travers en fonction de vos convictions dogmatiques.
Je perd mon temps avec vous qui n' avez pas envie de savoir mais seulement d'imposer vos convictions vaseuses comme la part de vos semblables
J'ai assez perdu de temps adieu !

Denis Margot

Pour les convictions vaseuses, vous êtes un maître.
1) L’article parle de distribution, pas de production, c’est d’ailleurs ce que vous confirmez par votre réponse, et c’est ce que je vous dis depuis le début.
2) Où avez-vous vu que les lignes 400 kV doivent utiliser des pylônes de 90 m ? Hydro Québec utilise des lignes de 735 kV et la hauteur typique des pylônes est 50 m (https://www.hydroquebec.com/data/developpement-durable/pdf/13_Perceptio… ).
3) 90 m pour un pylône, c’est haut et coûteux. On les utilise pour franchir des obstacles, mais sinon, on redescend sur Terre.

Thomas

Alors qu'il est urgent d'adapter les réseaux a des consommations électriques de plus en plus importantes pour décarboner de nombeux usages, même passer un cable 2 mètres sous terre provoque une levée de bouclier... Le syndrome de ce fameux NIMBY - not in my backyard - "pas devant chez moi" à encore frappé.. Peut être que ces opposants préfèrent que leurs enfants et petits enfants aient une vie bien moins agréable que la leur dans un monde à + 3°c??

GV

Faut quand même voir où passe le câble. S'il implique de bousiller des terrains agricoles, des arbres, une intéressante biodiversité, des zones humides où que sais-je encore, ce n'est pas forcément judicieux. La fuite en avant du toujours plus ne saurait justifier la bétonisation à outrance ou la destruction de milieux naturels sensibles. Nos manières d'appréhender la consommation doivent impérativement changer pour laisser place en priorité à la sobriété, qui est la meilleure des façons de limiter les dixièmes de degrés de réchauffement qui s'accumulent progressivement.

Serge Rochain

Où qu'ils passent cela n'a aucune importance des qu'ils seront recouverts la nature reprendra ses droits sans attendre en surface
Vous confondez une destruction qui demeurera durant des centaines de milliers d'années concernant la totalité de la surface de la planète vers laquelle on court actuellement avec des dommages locaux, toujours parcellaires, et tellement provisoires qu'il s'effaceront entre quelques mois et quelques années au pire.
La sobriété est un joli mot mais ce n'est pas en se privant ne seraitce que du confort actuel que les choses ne vont pas empirer si on ne produit pas plus d'électricité. C'est entre deux et trois fois ce que l'on produit aujourd'hui qui nous permettra de cesser de diffuser le CO2 dans l'atmosphere et non pas en l'empéchant sous des pretextes fallacieux et naïfs

GV

Je ne suis pas sûr que le monde ait besoin de doux rêveurs qui pensent que la technologie nous sauvera, que replanter de jeunes arbres apporte autant de bienfaits que les anciens qu’on détruit (treewashing), qu’il y aura assez de minerais et autres ressources pour une consommation d’énergie et de matière en croissance continues conformément à une politique productiviste d'un autre siècle, avec les avions et les véhicules électriques toujours plus nombreux , qu’aller à rebours des multiples alertes scientifiques n’est pas si grave et surtout permettra de grapiller quelques points de croissance du PIB…
Souvenez-vous de cette fameuse grenouille qu’on plonge dans une casserole d’eau un peu tiède et qui (au début) trouve ça plutôt agréable.
Quant à la sobriété qui vous fait doucement rigoler, voilà de quoi répondre sérieusement à vos idées reçues et à la caricature que vous en faites : https://bonpote.com/10-idees-recues-sur-la-sobriete-des-modes-de-vie/

Serge Rochain

OUI je vois..... vous n'êtes sur de rien si ce n'est que vous vous êtes convaincu que je ne vivais que d'idées reçues.
Mais je n'ai aucune idée reçue, elles me viennent de mes recherches à partir de faits mesurables et mesurés.
Mais si c'est là une gymnastique qui vous semble être hors de votre portée, restez dans le doute, c'est déjà beaucoup mieux que de militer sur les forums en étalant son ignorance.
https://www.editions-complicites.fr/pages-auteurs/serge-rochain/

freudon Saké

Dictature du monopole étatique électrique de la république bolchévik des nucléopathes !

J'invite tous ces gens à échanger leurs radiateurs contre des poêles, la gazinière contre une cuisinière à bois avec bouilleur et à mettre des panneaux photovoltaïques récupérant la chaleur, afin de supprimer leur chauffe-eau électrique et leur dépendance à EDF, idem pour les mairies et les entreprises.

En plus, ils vont économiser beaucoup d'argent.

Partout il y a des entreprises avec des toits et des parkings qui peuvent produire local à partir du photovoltaïque qui revient moins cher, à 82,5 euros du MWh, prix moyen pour les petites installations, que l'électricité centralisée transportée d'EDF et de RTE.

Votre facture = 1/3 d'électricité ¨+ 1/3 de taxes + 1/3 de transports.

Benjamin

La multiplication à tout vas des interconnexions est une mauvaise chose pour la souveraineté et l’indépendance de notre pays. Les locaux ont donc raison de s'y opposer, mais il est dommage que leurs arguments soient si mauvais et hors sol. La vraie raison de s'opposer à cette interconnexion est qu'elle n'est qu'un outil de spéculation et de trading d'électricité, et dégrade notre souveraineté. Elle n'apporte strictement aucun bénéfice en termes de robustesse du réseau européen puisqu'étant une ligne HVDC, elle ne transmet pas le synchronisme.
De manière générale, les scénarios de RTE planifient un recourt fortement accru aux interconnexions pour notre sécurité d'approvisionnement. Où est-elle l'indépendance des EnR (ou du nucléaire d'ailleurs) si on doit importer plus de 5% du temps au risque de finir en délestages/black-out pour combler les déficits de production ? RTE est biaisé en faveur des interconnexions (normal, c'est eux qu'on paye pour les construire et les exploiter...) et préfère importer de l'électricité crade au charbon d'Allemagne que de dire qu'il faut de nouvelles capacités thermiques de pointe en France.

On rappellera juste les ordres de grandeur de stocks : un embargo sur l'uranium vous laisse 10 ans, un embargo sur le pétrole vous laisse 10 semaines, un embargo sur l'électricité vous laisse 10 secondes...

Circulez, y a rien à voir...

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