Défense : la dissuasion nucléaire fait débat à l'Assemblée nationale

  • AFP
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La "dissuasion nucléaire de demain" a fait débat mardi soir à l'Assemblée nationale, avec les appels des communistes, des écologistes et de LFI à un "désarmement multilatéral", pendant que les autres groupes défendaient une "assurance-vie" pour la France.

La modernisation de la dissuasion occupe une bonne place dans le projet de loi de programmation militaire - la trajectoire budgétaire 2024-2030 des Armées - au programme durant deux semaines en première lecture, avant un vote solennel annoncé le mercredi 7 juin dans l'hémicycle.

Parmi les plus critiques, le chef du parti communiste Fabien Roussel a de nouveau appelé la "France à prendre des initiatives pour un désarmement multilatéral en matière d'arme nucléaire". Il a pointé du doigt le coût de la dissuasion : "environ 52 milliards d'euros" prévus de 2024 à 2030 pour les "composantes aérienne, navale et aéronavale", selon le rapport parlementaire qui accompagne le texte.

Mais "tant qu'il n'y a pas de désarmement multilatéral, nous acceptons que le nucléaire reste la clé de voûte" de la défense française, a cependant nuancé Fabien Roussel, durant des débats où le ton apaisé a été salué sur tous les bancs.

"On voit des hackers intervenir dans les réseaux les plus sécurisés du monde", "l'arme nucléaire devient une cible potentielle", "je préfère qu'elle n'existe pas", a enchaîné son collègue Jean-Paul Lecoq.

Le sujet divise à gauche. Les socialistes se sont abstenus sur les amendements de leurs collègues de la coalition Nupes favorables à une "réflexion" sur une dissuasion ne "reposant pas sur l'arme nucléaire". Et les élus PS ont fait adopter des amendements de Mélanie Thomin puis d'Isabelle Santiago sur la "crédibilité" de la dissuasion nucléaire, une "composante essentielle de notre défense nationale".

Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a défendu la "doctrine" de la France en matière de dissuasion nucléaire, une arme "défensive, strictement suffisante", pour la "défense des intérêts vitaux" face à un "compétiteur d'origine étatique".

Il a mis en garde contre toute tentative de chercher une "alternative" à la dissuasion, car il faudrait "trouver quelque chose d'aussi terrifiant", avec le risque de "prolifération" d'autres armes, par exemple "biologiques". Vis-à-vis de "compétiteurs", il a aussi appelé à ne pas instiller "toute forme d'expression de doute" sur l'utilité ou l'efficacité de la dissuasion nucléaire française.

La dissuasion est une "assurance-vie", a souligné le rapporteur macroniste Jean-Michel Jacques, mentionnant comme le LR Jean-Louis Thiériot le contexte de l'invasion russe en Ukraine.

En conclusion, les députés ont adopté un amendement de la cheffe du groupe écologiste Cyrielle Chatelain rappelant les "obligations" de la France dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), avec le soutien du ministre Lecornu.

Commentaires

Hervé Palluel

Plutôt que de dissuader, la France ferait mieux de programmer une sortie progressive de l'énergie atomique, qui présente de trop nombreux défauts et risques pour répondre aux besoins actuels.
Notre pays, qui vit encore un peu dans le regret des 30 glorieuses, est marquée sur le plan énergétique par le succès et la très rapide mise en œuvre de son programme nucléaire des années 1970 aux années 1990. A l’époque il s’agissait d’assurer notre souveraineté, dans le contexte du choc pétrolier, avec une absence d’alternatives crédibles.
Le besoin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de se passer du gaz russe pourrait laisser penser que nous sommes à l’aube d’un renouveau de la filière nucléaire.
Ce serait une grande erreur de croire que ce choix est le plus efficace, le plus sûr et le plus économique. Nous vivons en effet une « révolution silencieuse » des énergies renouvelables. Les techniques, les rendements, les coûts : tout change très vite dans le domaine. Et s’appuyer sur ce nouveau contexte change complètement la donne.

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