- Connaissance des Énergies avec AFP
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Une délicate et coûteuse vidange d'un barrage hydroélectrique contesté, proche du Mont-Saint-Michel, va démarrer en septembre, a-t-on appris jeudi auprès de l'Etat. La dernière vidange intervenue sur ce barrage de la Sélune, en 1993, avait provoqué une grave pollution de la baie située à une trentaine de km et classée au patrimoine mondiale de l'Unesco.
Mais pour "éviter" cela, "nous allons draguer les sédiments, avant de baisser le niveau de l'eau" du barrage, a expliqué à l'AFP Rémy Brun, directeur de l'environnement à la direction des territoires (DDTM) de la Manche. Un arrêté préfectoral en ce sens est attendu dans les jours qui viennent, précise-t-il.
L'opération, qui va coûter 20 millions d'euros à l'Etat, devrait s'achever à l'été 2018, selon M. Brun. Près de 560 000 m3 de sédiments vont être déplacés ou confinés pour que l'eau vidangée ne les emporte pas et que la baie ne soit pas polluée. Les métaux lourds ont tendance à s'accumuler au niveau des barrages. Le niveau d'eau du barrage dit de Vezins (26 mètres de haut, 280 mètres de long) va ensuite être baissé progressivement entre avril 2017 et l'été 2018, selon la DDTM.
L'Etat décidera alors s'il poursuit l'opération en arasant ce barrage et celui, voisin, de La Roche qui Boit, ou s'il concède Vezins à un exploitant. L'arrêté prévoit les deux scénarios, précise M. Brun. La destruction de ces deux barrages avait été annoncée par l'Etat en 2009 pour "rétablir la qualité de l'eau", et la migration des saumons, et mettre ainsi le site "en conformité" avec le droit européen. Une commission d'enquête publique avait donné un avis favorable à ces opérations début décembre 2014.
Mais la ministre Ségolène Royal avait dans la foulée estimé qu'il était possible "d'étudier des solutions alternatives" à la destruction. Depuis, les services de l'Etat "étaient" certes "parvenus à la conclusion" qu'il n'était techniquement pas possible de se mettre en conformité sans détruire les barrages, mais "il semblerait qu'il y ait un repreneur qui puisse éventuellement exploiter le barrage. Le député (Guénaël Huet, LR ndlr) a communiqué un dossier à la ministre", a poursuivi M. Brun.
Le repreneur devra prouver que son projet est compatible avec les exigences de Bruxelles, précise-t-il. Ces barrages qui datent de 1932 et 1919 produisaient en 2012, 0,04% de la production électrique française.