Des éoliennes flottantes en Méditerranée ? Le débat public est ouvert

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Les Français, des régions méridionales mais pas seulement, sont invités à se prononcer sur un projet inédit qui intéresse tout le pays : l'installation d'éoliennes flottantes en Méditerranée. Consultation en ligne, réunions publiques mais aussi échanges sur les plages pour impliquer les estivants, la commission du débat public veut ouvrir au maximum la concertation prévue du 12 juillet au 31 octobre et qui porte sur l'édification de deux parcs.

Il s'agit de deux sites de 750 mégawatts (MW) chacun, soit une cinquantaine d'éoliennes par champ. De quoi alimenter annuellement près de trois millions d'habitants, selon les pouvoirs publics. Pour lutter contre le réchauffement climatique et diversifier sa production électrique, la France vise 40% d'énergie renouvelable en 2030 (20% en 2019), via notamment 1 000 MW d'éolien offshore en plus par an. Les sites restent cependant à déterminer.

Discuter maintenant !

En Méditerranée française, ils ne pourront trouver leur place que dans le Golfe du Lion, entre Fos-sur-Mer et Perpignan, du fait des régimes de vents. Au débat public de contribuer à préciser leur localisation, mais la question posée va bien au-delà : faut-il développer d'importants parcs éoliens en mer Méditerranée ?

"Ce sera LE débat d'opportunité sur le développement de l'éolien en Méditerranée", explique le président de la Commission particulière du débat (CPDP), le sociologue et urbaniste Etienne Ballan. Car "1,5 GW ce n'est que le début. On est à un moment de bascule : fait-on de la Méditerranée un lieu de production électrique forte ? C'est maintenant qu'il faut en discuter, après il sera trop tard. Faut-il y aller? Si oui, où et à quelles conditions ? A-t-on d'autres moyens de produire ou de consommer ? On va sortir du dialogue micro-local", dit cet enseignant à l'École nationale supérieure de paysage, qui avait déjà présidé au débat sur les éoliennes de Dieppe. La Manche n'est pas la Méditerranée : "la question environnementale est majeure ici, le milieu marin n'y est pas très en forme...", dit-il.

Quid aussi du partage des lieux avec la navigation commerciale, les plaisanciers, les pêcheurs (moins nombreux qu'en Atlantique) ? Quelles perspectives économiques (secteur du flottant en pointe, modernisation des ports de Fos et Port-La-Nouvelle...) ? Le débat promet d'être nourri, a fortiori dans un contexte de regain de contestation des éoliennes, sujet récurrent de la campagne des régionales.

Inconnues

"Nous en sommes à 14 débats publics sur l'éolien en mer. Dès le premier en 2010, on avait dit qu'il en fallait un par façade. Là on y vient", se félicite Chantal Jouanno, qui préside la Commission nationale du débat public (CNDP). C'est "assez génial", dit-elle : "le sujet est posé dans sa globalité. On va parler de l'opportunité de l'éolien en mer, de la planification, des enjeux environnementaux. Surtout en Méditerranée : c'est la mer la plus fragile. Ce débat va probablement cristalliser tous les autres".

Depuis dix ans, les questions sont souvent les mêmes, constate-t-elle : interrogations sur le bilan carbone, impacts paysagers et environnementaux. Et les études, toujours, manquent. "Depuis 2010 on a le problème du manque d'études. Il n'y a pas d'études versées dans les dossiers, on les demande et on n'a rien !", déplore-t-elle, ajoutant qu'en fin de parcours aussi, le critère environnemental - et pas juste le prix - doit contribuer à différencier les constructeurs.

Pour ce débat méditerranéen, le dossier comprendra une synthèse bibliographique des connaissances, avec des cartes sur la présence du grand dauphin, les oiseaux... Mais "cela ne couvre pas tous les sujets. Comment le dauphin va-t-il réagir ? On n'a pas la réponse", relève M. Ballan. "Il faut donner la parole aux scientifiques," dit-il. "Il faut aussi aller au bout de la question du paysage. Nous aurons des visites de lieux, nous irons marcher à Fos".

Enfin, "il est important que l'État nous explique sa logique : il nous dit que si l'on prend du retard, tout s'écroule. A-t-il un plan B ? Peut-on décaler, et si non, pourquoi ?" Autre inconnue, les impacts d'une technologie flottante récente. En Méditerranée, on attend trois parcs pilotes de trois éoliennes d'ici 2022-23, au large de Gruissan, Leucate et Fos.

Les organisateurs du débat doivent publier une synthèse pour décembre. L'État devra y répondre d'ici mars 2022 - peu avant l'élection présidentielle.

Pour participer au débat public sur les éoliennes flottantes en Méditerranée, cliquez ici.

Commentaires

Martinor

Pour lutter contre le réchauffement climatique . . .
En France on n'a pas besoin de ça !
Cordialement

JORER44

Je viens de transmettre un message. Concernant le vôtre; je suis d'accord à 100%
Cordialement.

Thomas

Et si on a besoin de "ça" car ces projets arriveront quand des centrales nucléaires fermeront... voir pour cela les dernières publications de Rte "futurs énergétiques 2050".
L'éolien en mer sera dans le mix électrique futur, dire l'inverse = manque de vision sur l'évolution du mix = position anti climat. Car en effet même en relançant massivement du nucléaire on devra avoir des EnR.

BrigitteMB

Les scénarios du rapport RTE ont été contraints aux conditions imposées par la LTECV (et appliquées ensuite par la SNBC et la PPE), ils ne justifient donc en rien les mix qui leur ont été imposés.
Vouloir se servir ensuite de ces scénarios RTE comme "justification" des mix, c'est se mordre la queue, ce sont les deux Dupond(t) qui se tiennent l'un à l'autre, pour les lecteurs de Tinitin !

De la même manière la fermeture de réacteurs en bon état de marche est gravée dans le "marbre" d'accords pré-électoraux douteux, pas dans une réelle stratégie climatique...

Enfin il est quelque peu étonnant d'affirmer qu'on est incapables de construire en 29 ans une puissance nucléaire inférieure à celle qui a été construite en 15-20 ans...

Thomas

@Brigitte
Faux. Lisez le dernier document de Rte. Les scénarios étudiés pour 2050 ne sont pas contraint par une quelconque loi et vont constituer une aide à la décision. Lisez bien, ils le rappellent noir sur blanc.
Quant au rythme de construction des centrales, vous ne serez pas sans savoir que les conditions d’aujourd’hui ne sont plus tout à fait pareil que dans les années 70.. maintenant on consulte le public plusieurs fois, on fait des demandes d’autorisations environnementales, on gère des potentiels recours... et Rte le précise : lors de la concertation, les industriels du nucleaire n’ont pas demandé de regarder des scénarios supérieurs à 50% en 2050.

JORER44

l'article parle de 750 Mw. C'est donc la puissance installée sur chacun des parcs pour 50 éoliennes offhore et non une énergie.
Si je calcule la puissance installée d'une éolienne, sa puissance est de 15 Mw. Sauf méconnaissance de ma part, aucune éolienne offshore n'a une telle puissance. Il y a des études en cours pour augmenter la puissance, mais ce ne sont des études pour l'instant.
Si je comprends bien: l'énergie annuelle produite par chacun des parcs, avec le coefficient de charge de 0,34, sera de 2,2 Twh, 4,4 pour 2 parcs soit 0,83% de la production nationale. Personnellement, j'ai des doutes.
On parle du comportement du grand dauphin, mais pas de celui de l'être humain. Le grand dauphin ne dira rien, mais l'être humain....si!
J'ajoute que la production de 4,4 Twh "éolien "émettra 2,3 fois plus de CO2 que la même avec une production nucléaire (source GIEC)...je ne vois pas l'utilité de l'éolien qui ne produit que le tiers de son temps!
Je suis d'accord avec Martinor ci-dessus
Cordialement.

Serge Rochain

"entre Fos-sur-Mer et Perpignan" à cause du régime des vents où pour ne pas déranger la faune de la côte d'azure ?

Abadie

Jorer44, pourquoi dite vous que les 4,4Twh produiront 2,3 fois plus de CO2 que le nucléaire ? Avez vous une explication, cela me semble bizarre, car c'est le vent seul qui est le moteur de ces éoliennes, vous parlez peut-être du bilan CO2 de leurs fabrications et de leurs installations ? Merci pour l'info si vous l'avez.

JORER44

http://energie.lexpansion.com/energie-nucleaire/le-nucleaire-emet-moins….
https://reseaudurable.com/bilan-carbone-production-electricite-france/
Ci-dessus: les liens concernant l'étude sur l'émission de CO2 par source d'énergie
- le premier est dans le rapport 2 au lieu de 2,3
- le deuxième est dans un rapport beaucoup plus important
Il existe bien un autre lien pour pour joindre le tableau donnant les émissions de co2 par source d'énergiemais il est d'une telle longueur!!! Il est préférable d'aller sur Google en tappant;
'images de tableau 'émission de co2 par sources d'énergie'
et vous consulterezz les images pour atteindre le tableau d'émission de co2 par sources d'énergie
Concernant la source du GIEC , je me souviens de ces 6g pour le nucléaire et 14 g pour l'éolien; désolé, je ne la retrouve plus. je la recherche.

Denis Margot

2 parcs éoliens de 750 MW, de quoi alimenter 3 millions d’habitants ? Peut-on demander un minimum d’honnêteté aux promoteurs des moulins à vents ? La consommation en France est environ 475 TWh, soit 7300 kWh par habitant. Ces 2 parcs avec un FC de 25 % produiront par an 3300 GWh, soit l’électricité pour 450 000 habitants et non 3 millions. Ces parcs, sauf erreur, fourniront à peine 15% de l’électricité à ces habitants. Prévoir plusieurs vélos avec dynamos pour compenser les très fréquentes coupures d’électricité. Vélos non fournis, à la charge des généreux abonnés. Vive le vent, vive le vélo et vive la malhonnêteté.

Abadie

La consommation par habitant ne me semble pas être le bon indicateur, je pense que la consommation par foyer est plus adaptée.En moyenne un foyer doit comprendre entre 3 et 4 personnes, à vérifier, ce qui change les chiffres.

Denis Margot

Une métrique par habitant paraît bien plus adaptée que par foyer qui, comme vous le soulignez, n’est pas vraiment défini (3 ou 4 personnes, résidentiel seul… ?). Cela inclut tout ce qu’un habitant « moyen » consomme (l’électricité du logement, ses propres besoins, mais aussi ce que d’autres consomment pour lui (les entreprises, l’industrie, l’électricité publique…)). Le résidentiel représente un gros tiers de l’électricité consommée, mais le reste est néanmoins indispensable pour que l’économie fonctionne, il faut donc bien produire cette électricité. Avec 33% de FC, on arrive à 600 000 habitants, c’est mieux, mais toujours loin du compte (il ne reste plus qu’à trouver 80% de l’électricité ailleurs).

metomol45

Haliade est prévue pour 12 Mw et a fourni 13 en test Ellen'est pas destinée pour l'instant à des sites flottants

Blin Jean

La consommation annuelle par habitant est de 2.223 KWh par habitant en 2020, stable depuis 10 ans source Sélectra).

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