EDF : des défis colossaux à court et long terme

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Remettre en service un maximum de réacteurs nucléaires, en construire de nouveaux, prolonger les anciens, le tout malgré une dette colossale: c'est "énormément de travail" et des défis colossaux qui attendent EDF dans les années à venir.

Garantir la disponibilité du parc nucléaire

C'est le dossier en haut de la pile et il ressemble à une course d'endurance: continuer à remettre en service un maximum de réacteurs nucléaires, débranchés pour des opérations de maintenance et des réparations de micro-fissures relevées sur des portions de tuyauteries.

En 2022, la disponibilité moyenne du parc nucléaire est tombée à 54% (contre 73% sur la période 2015-2019) et la production d'électricité nucléaire à 279 TWh, menaçant le pays de coupures en plein hiver.

Résultat, la France a dû importer de l'électricité, mais aussi du gaz, consommé en quantité record en 2022 pour faire tourner ses propres centrales.

EDF promet de remonter la production nucléaire entre 300 et 330 TWh en 2023.

Brancher l'EPR de Flamanville

L'autre grande urgence est l'EPR de Flamanville, en construction depuis 2007 et dont les coûts et le calendrier ne cessent de déraper.

Un nouveau retard de six mois a été annoncé en décembre pour une mise en service désormais prévue mi-2024. Le chantier a déjà pris déjà 12 ans de retard et sa facture devrait coûter 13,2 milliards d'euros, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards.

Relancer un programme nucléaire

Alors que les besoins en électricité vont exploser pour que la France puisse se passer d'énergies fossiles, le gouvernement a commandé à EDF six nouveaux réacteurs EPR de seconde génération, avec une option pour huit autres.

Un virage à 180 degrés comparé à la décision de 2015 de fermer 14 réacteurs après la catastrophe de Fukushima en 2011.

Outre l'adhésion des Français, EDF va devoir trouver des financements -le coût des six EPR2 est chiffré à 51,7 milliards- et mobiliser toute une filière qui va devoir former et recruter des milliers d'ingénieurs et de techniciens.

L'objectif est de mettre en service un premier EPR2 en 2035 à Penly en Normandie.

Prolonger les anciennes centrales nucléaires

Les plus vieux parmi les 56 réacteurs français fonctionnent depuis la fin des années 1970 et EDF doit rapidement apporter la preuve que leur durée de vie pourra être prolongée au-delà de 50 ans.

Certains composants comme la cuve, élément le plus sensible du réacteur, ne sont pas remplaçables, et d'autres le sont difficilement, comme les coudes moulés fixés à la cuve.

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) souhaite donc "que l'hypothèse d'une poursuite de fonctionnement des réacteurs actuels jusqu'à et au-delà de 60 ans soit étudiée et justifiée par anticipation par EDF d'ici fin 2024".

- Passer le cap de la renationalisation -

La renationalisation à 100% d'EDF annoncée en 2022, pour 9,7 milliards d'euros, est contrariée par l'hostilité de salariés actionnaires qui contestent les méthodes cavalières du gouvernement et un prix de rachat de 12 euros trop faible des actions.

Déjà principal actionnaire à 84%, l'Etat souhaite libérer EDF de la Bourse pour relancer plus facilement le nucléaire.

L'opération a partiellement réussi et l'Etat détient près de 96% du capital depuis le 8 février. Mais la clôture reste suspendue à une décision de la cour d'appel de Paris, attendue au plus tard le 2 mai.

Se financer

A moyen terme, EDF va devoir résoudre un problème de sous-capitalisation et de sous-rémunération, et dégager des marges de manoeuvre.

Sa dette a atteint 64,5 milliards d'euros fin 2022.

Le bouclier tarifaire décrété par l'Etat, qui lui a coûté cher, s'appuie notamment sur le mécanisme baptisé "Accès régulé à l'électricité nucléaire historique" (Arenh), régulièrement dénoncé par EDF et qui contraint l'entreprise à vendre sa production à prix cassés aux fournisseurs alternatifs.

En 2022, EDF a redoublé de malchance, obligé d'acheter 13,8 TWh sur les marchés de gros, alors que les prix explosaient et qu'il avait été vendeur net en 2021 à hauteur de 69,5 TWh.

L'Etat s'interroge sur la manière de financer le nouveau programme nucléaire, et l'épargne des livrets A pourrait apporter une partie de la solution, selon Les Echos.

Commentaires

Rblase
En dehors des problèmes posés par la non disponibilité de l'EPR de Flamanville il faut relativiser le cout, 13.5Mds ce n'est guère que ce que dépense la France pour les éoliennes en 1.5 année (9Mds par an). Dans un cas (EPR) le capital sera productif 60ans dans l'autre cas 20 ans, et dans le cas de l'éolien il faudra un plus construire des centrales à GAZ pour compenser l'intermittence.
Daphné
64 milliards d'euros d'endettement ( 940E/hab.) pour notre EDF bientôt toute nationale,( malgré la rogne des salariés-actionnaires) c'est beaucoup mais ... Bernard Arnault est Français . Avec une fortune de 176 milliards d'euros, orgueil de la France, il pourrait faire un geste pour son pays qui soulagerait des millions de français comme lui. En prêtant 64 milliards à EDF pour souffler , remboursable à lon-on-ong terme et sans intérêts il lui resterait encore 112 milliards de fortune personnelle. Evidemment il peut dire: "pourquoi moi et pas les autres?"- Il aurait raison: Organiser un petit forum entre grands oligarques milliardaires français qui pourraient contribuer patriotiquement à parts égales ou... proportionnelles ( à voter entre eux) au redressement d'EDF et à la progression de nos ressources et notre autonomie énergétique et l'aboutissement enfin de nos projets et travaux en cours. On saurait où va l'argent . Pas comme en Ukraine où il sert à tuer ou bien il est détourné.
Goldorak
Bernard Arnault, c'est 213Milliards actuellement. Le souci c'est que, comme quasi tout les riches, cet argent concerne souvent majoritairement des titres de leur propre société. Pour récupérer de l'argent frais, ils ont donc besoin de les vendre, ce qui est compliqué en terme de droit sur les décisions sur la société.
Daphné
Goldorak: autant pour moi! J'avais oublié qu'évidemment, vendre en grande quantité des actions pour avoir des liquidités, c'est immédiatement introduire un doute et faire chûter ces mêmes actions de sa sociiété. J'ai fantasmé sur la liberté en occident en pensant que les milliadaires pouvaient disposer à leur guise de leur fortune (après impôts bien sûr) Ce n'est pas le cas. Si cela était et qu'il n'y ait aucune proposition c'est que ni les grands patrons ni les actionnaires ne sont patriotes et qu'ils se foutent éperdument d'EDF. Et puis, EDF n'a rien demandé ( ça ne se fait pas). Elle compte sur ses ressources : ses clients , l'état actionnaire, les exportations de sa production pour assurer la demande c'est-à-dire la disponibiité de l'offre, la sécurisation des sources et la stabilité des prix bas. On veut croire qu' aussi, avec le plus de la récupération de l'ENH, elle équilibrera ses comptes .

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