Énergie : vers un boom de la consommation d'électricité en France dans les années à venir

  • AFP
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Le verdissement des voitures et des modes de chauffage, conjugué à la décarbonation de l'industrie via l'hydrogène, vont conduire à un boom de la consommation d'électricité d'ici 2050, en France comme à l'étranger, selon les projections.

Si le monde veut juguler le réchauffement climatique, il devra renoncer aux énergies fossiles - pétrole, charbon, ou même gaz - responsables aujourd'hui de l'essentiel des émissions de dioxyde de carbone (CO2), et "électrifier" largement ses consommations énergétiques.

"Le monde de demain sera plus électrique (...) Nous devons être en mesure de produire jusqu'à 60% d'électricité en plus qu'aujourd'hui", a déclaré jeudi à Belfort Emmanuel Macron en dévoilant un plan de relance du nucléaire civil et de développement des énergies renouvelables (éolienne, solaire et hydroélectrique).

Au terme de deux ans de travaux, RTE, le gestionnaire des réseaux électriques, a élaboré plusieurs scénarios de consommation électrique dans le pays : tous, y compris le plus "sobre" en matière de besoins, estiment que la consommation d'électricité sera plus élevée en 2050 qu'aujourd'hui.

Au maximum, les hypothèses vont jusqu'à une consommation annuelle de 754 terawatt-heures (TWh) en France en 2050, en cas de développement massif de l'hydrogène pour accompagner un phénomène de réindustrialisation destiné à abaisser l'empreinte carbone du pays sur ses importations.

Pour que l'industrie lourde puisse continuer à produire de l'acier, du ciment ou des produits chimiques et pharmaceutiques sans émettre de CO2, l'hydrogène a un rôle central, à condition d'être vert lui même : c'est à dire issu d'une électrolyse de la molécule d'eau (H20) qui sépare l'hydrogène et l'oxygène à partir d'électricité elle-même générée à partir d'énergies renouvelables ou bas carbone.

L'hydrogène vert devrait ainsi remplacer le charbon dans les industries qui ont besoin de beaucoup de chaleur comme la sidérurgie, ou permettre de stocker les énergies intermittentes que sont l'énergie solaire ou éolienne, via les piles à combustible. Les transports lourds pourraient aussi recourir à l'hydrogène pour remplacer leurs carburants fossiles.

Le scénario médian pour la demande d'électricité, dit "de référence", table sur une consommation de 645 TWh par an en 2050, soit une hausse de 35% par rapport à aujourd'hui.

Avec trois secteurs qui augmenteraient fortement du fait des nouveaux usages : les transports (+85 TWh sur la période), l'industrie (+65 TWh) et la production d'hydrogène (+50 TWh).

Dans le même temps, certains secteurs comme le logement résidentiel et le tertiaire verraient leur consommation d'électricité diminuer grâce à l'amélioration de l'efficacité énergétique (isolation des bâtiments, chaudières au fuel remplacées par des pompes à chaleur).

La demande pour l'éclairage qui a déjà beaucoup diminué pourrait être divisée par quatre d'ici 2050, selon RTE, sous l'effet notamment de la généralisation des ampoules LED.

Pour tenir cette trajectoire médiane, "plus de 40% du parc automobile léger et plus de 80% des immatriculations neuves doivent être composés de véhicules électriques ou hybrides rechargeables à l'horizon 2035", prévient RTE.

Le gestionnaire du réseau retient aussi un scénario dit "de sobriété", prévoyant une consommation totale d'électricité de 555 TWh par an en France en 2050, plus proche de ce que prônent les écologistes.

Pour RTE, cela suppose des choix de société : développement de l'habitat collectif, baisse du chauffage, limitation des déplacements...

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