Energies renouvelables: du soutien prudent à l'hostilité frontale, les oppositions divisées

  • AFP
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De la main tendue des socialistes et des Verts à l'hostilité frontale du RN, les oppositions ont affiché leurs priorités et tracé leurs lignes rouges lundi au lancement de l'examen du projet de loi sur les énergies renouvelables (EnR) à l'Assemblée.

- PS et Verts ouverts -

A gauche, écolos et socialistes sont les plus conciliants malgré des critiques.

Saluant "certaines avancées", l'écologiste Charles Fournier a relevé des "manques" du projet de loi. Il a cité "l'implication des citoyens" et demandé d'aller plus loin notamment sur la "question cruciale des filières économiques et des emplois" pour des EnR "made in France".

La socialiste Marie-Noëlle Battistel a aussi estimé que la loi proposait des mesures "utiles" et salué un dialogue "constructif" avec la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Elle a identifié parmi les "points durs" faisant "encore obstacle à un vote favorable" la question du "partage de la valeur". Les députés PS sont opposés au principe d'une "ristourne sur la facture" des "riverains" d'éoliennes ou de panneaux solaires, "un mécanisme source de conflit", auquel ils préfèrent un "fonds" commun pour la rénovation énergétique de l'habitat notamment.

- LFI et PCF sur leur faim -

L'Insoumise Clémence Guetté a demandé au gouvernement de "revoir sa copie", en estimant que le texte laisse "le champ libre aux entreprises privées".

Parmi les "lignes rouges" de LFI, elle a cité le "refus des atteintes à la biodiversité" et demandé, à l'instar des autres groupes de gauche, que la priorité soit mise sur "les zones déjà artificialisées" pour installer des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques.

Plus sévères encore, les communistes auraient préféré débattre de "la question des délestages", plutôt que "sur un projet de loi qui ne résoudra pas la crise de l'hiver qui vient", a lancé d'emblée le député Sébastien Jumel (PCF).

"Ce projet de loi est un signal au marché : en France c'est désormais open bar au développement sans contraintes des ENR", pour "les VRP d'éoliennes ou des panneaux solaires", a-t-il critiqué, plaidant pour davantage "respecter les maires", "pour préserver la pêche artisanale" et "pour réaffirmer la stratégie publique".

- Liot "constructif" -

Pour le petit groupe indépendant Liot, Jean-Louis Bricout a fait valoir son "esprit constructif" sur ce texte, tout en appelant à "respecter" les élus locaux et la population des territoires.

"Le texte n'est pas complet. Il manque quelques garde-fous", a-t-il plaidé, notamment pour que les territoires aient "les dispositions juridiques, opposables pour pouvoir dire non" aux projets EnR "quand c'est nécessaire".

- LR et le veto des maires -

Pour Les Républicains, le député Emmanuel Maquet a sans surprise défendu la filière nucléaire en fustigeant "10 ans de démantèlement de notre filière d'excellence, de subvention massive" aux renouvelables, "une électricité intermittente".

Il a rappelé les priorités de la droite dans les débats à venir, comme l'établissement d'une "distance d'éloignement des éoliennes sur terre" et "sur mer" à au moins 40 km des côtes, et un "renforcement" du rôle des élus, qui prendrait la forme d'un véto des maires.

Il s'est également opposé au retour dans le texte d'un article pour réduire certains recours contre les EnR. "Il ne s'agit de rien de moins que que d'écraser le droit commun et accessoirement la faune et la flore". "Vous devez ne pas franchir ces lignes rouges si vous voulez obtenir notre soutien sur ce texte", a-t-il lancé à la ministre.

- "Loi suicidaire" pour le RN -

A l'extrême droite,le RN Jean-Philippe Tanguy s'est lancé dans une diatribe contre une "loi suicidaire", des "bouffées délirantes" du gouvernement, "soumis" à l'Union européenne et à la "folie allemande".

Il a fustigé une "gigantesque promotion des énergies intermittentes", des éoliennes en mer qui vont "défigurer nos côtes" et des panneaux solaires "dont les Français découvriront vite qu'ils produiront bien peu d'énergie et qu'ils auront massivement enrichi la Chine".

M. Tanguy a plaidé pour le "potentiel hydroélectrique", la "géothermie", "l'hydrogène".

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