Énergies renouvelables : le gouvernement français négocie avec Bruxelles pour ne pas payer de pénalités

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Le gouvernement français tente de négocier avec Bruxelles pour ne pas avoir à verser de compensations dues en raison de son retard sur le déploiement des énergies renouvelables, selon un courrier de la ministre de la Transition énergétique consulté mercredi par l'AFP.

Dans cette missive à la Commissaire européenne à l'Energie, Kadri Simson, Agnès Pannier-Runacher reconnait que la France n'avait pas atteint en 2020 les objectifs fixés par une directive européenne en 2009, à savoir 23% d'énergies renouvelables dans sa consommation finale énergétique.

Mais cet objectif était particulièrement ambitieux et ne tenait pas compte du "caractère très décarboné du mix électrique français" en raison du nucléaire, fait-elle valoir dans le document daté du 20 octobre et dévoilé dans un premier temps par Le Monde.

Et la France a augmenté la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique de 46,1% entre 2012 et 2020, "soit 10 points de plus que la moyenne européenne", plaide-t-elle encore.

Si la France devait, comme le prévoit la directive en cas de non-atteinte des objectifs, acheter "a posteriori (des) volumes de production d'énergies renouvelables à d'autres Etats membres", cela n'aurait "aucun effet sur le volume d'énergies renouvelables consommées sur le territoire de l'Union", ajoute-t-elle.

Cinq pays - la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, Malte et la Slovénie - ont eu recours à ce dispositif, ce que ne souhaite pas la France.

Selon la ministre, l'argent serait plus utile dans des programmes favorisant concrètement les énergies renouvelables et la sortie des énergies fossiles.

Dans cette perspective, le gouvernement a notamment présenté mercredi une "Stratégie française pour l'énergie et le climat" (SFEC) destinée à "sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles", qui prévoit de développer massivement l'énergie solaire, l'éolien en mer et le nucléaire.

La lettre de la ministre de la Transition écologique s'inscrit dans le cadre de discussions avec la Commission européenne, l'objectif étant de trouver un accord politique prenant en compte la particularité du mix décarboné de la France, fait-on valoir au ministère.

Commentaires

Ceyal
On peut souhaiter que la France soit condamnée ...pour mieux montrer la stupidité du système ... et derouler ainsi le tapis rouge aux populistes pour les prochaines élections européennes. Source : electricity maps 2022 Allemagne : 473g de CO2 par kWh, 49% de renouvelable France : 90 g de CO2 par kWh, 27% de renouvelable
Vincent
60% du mix électrique français est aujourd'hui décarboné. Nous savons que supprimer ces 60% de fossile va passer par une augmentation de l'électrification. Notre principal levier est donc de développer les ENR et de suivre notre ambition sur ce sujet. Les ENR sont là pour remplacer les fossiles, pas le nucléaire. C'est ça que les pronucléaires anti-ENR ne comprennent manifestement pas. Mais vous avez le droit d'être pro nucléaire ET pro ENR, vous savez ? Il suffit juste de vouloir la sortie des fossiles pour ça.
studer
Il n'y a pas que le système qui soit "stupide" (car ce sont des objectifs de moyens, pas de résultats lesquels ont excellents pour les émissions du secteur énergétique). C'est d'abord nos politiques qui le sont, en raison de leur incompétence qui les a conduits à accepter ces 23 %, alors qu'il n'étaient pas forcés de le faire. Il est vrai que nous avons longtemps eu des ministres de l'Energie qui étaient aussi ministre de l'Ecologie, et issus des rands d'EELV... dont pleins d'idéologie antinucléaire et sans aucune culture scientifique qui aurait pu les empêcher de prendre des engagements inconsidérés auprès de Bruxelles... qui n'en demandaient pas tant : les Allemands, encore plus fans d'énergies renouvelables, ont pris des engagements plus prudents et surtout... ont conservés leurs centrales au charbon, polluant ainsi toute l'Europe. Sanctionner la France dans ces conditions serait totalement injuste.
Ceyal
On peut en effet être pro nucléaire et pro ENR. Par contre il est illusoire de penser que les ENR vont remplacer completement le fossile en raison de leur intermittence ... mais c'est hélas la pensée ultra dominante des ecolos victimes du virus anti-nucleaire Le solaire produit pas grand chose au cœur de l'hiver et ZERO à l'heure de pointe en hiver. Pas de chance c'est à ce moment là que le réseau électrique cherche des kWh partout ...
Guillaume
Si du jour au lendemain on devait supprimer le nucléaire et les énergies fossiles, on serait au pied du mur et on trouverait des solutions pour lisser davantage les pointes : décalages de consommation, rénovations énergétiques performantes rendant les besoins de chauffage extrêmement faibles, sobriété, ENR, stockage, etc.
Vincent
Votre avis ne vaut pas les centaines ou milliers d'études scientifiques sur ce sujet... Le nucléaire a un potentiel encore plus limité pour remplacer les fossiles à l'échelle mondiale, il serait temps d'en prendre conscience. D'ici 2030, les ENR peuvent permettre de réduire 8GtCO2/An, là où le nucléaire n'a qu'un potentiel de 1GtCO2. Données du GIEC. Cela ne veut bien sûr pas dire qu'il ne faut pas faire de nucléaire, qui fait bien partie des solutions, mais juste que sont potentiel est 8 fois plus faible que les ENR sur les 10 prochaines années. Par ailleurs, un mix 100% nucléaire n'est pas non plus possible, contrairement à ce que vous sous-entendez, car il ne réagit pas assez vite : il faut aussi du gaz (ou de l'hydro) pour la stabilité du réseau. D'ailleurs on a encore 10GW de gaz aujourd'hui en France. Sur les ENR, il y a 10 ans, les personnes comme vous disaient que les réseaux électriques s'effondreraient avec 20% d'ENRi seulement. Aujourd'hui, on voit bien que ça n'est pas le cas. Quant aux mix 100% ENR, les études comme RTE abordent ce sujet (et on commence à voir le résultat sur des régions entières, comme en Australie). Sur le court terme, les batteries feront l'affaire et ça tombe bien, on en a besoin pour le transport. Pour le moyen terme, les STEPs seront là. Sur le long terme (notamment pour le cas que vous mentionnez de la vague de froid en hiver), il faudra des gaz verts et on parle de 3% de la production annuelle. Dans un premier temps, si ces 3% sont fossiles, la belle affaire, puisque l'idée est de remplacer les applications où on est aujourd'hui 100% fossile, ou presque (le transport notamment). Pour en revenir au cas français, pour remplacer les 60% du mix énergétique qui repose sur les fossiles aujourd'hui, notre principal levier est les ENRi. Quant au nucléaire, si déjà on arrive à remplacer l'existant d'ici 2050, ce sera déjà un petit miracle technologique et industriel. En aucun cas ces développements ne pourront couvrir l'intégralité de la demande future (50% dans le scénario N03 de RTE, avec 14 EPR et des SMR d'ici 2050). Bref, semer le doute sur les ENR, notre premier levier et de loin, c'est du pain béni pour les industries fossiles.
Goldorak
Personne ne parle d'un 100% nucléaire en France, Il est indéniable que l'Hydraulique reste l'une des meilleures source d'electricité car elle est fiable et pilotable et elle apporte donc une variablité sur reseau indispensable.. Les anti ENR parle exclusivement de l'éolien et du solaire et de leur priorité dans le reseau (priorité donné pour faciliter l'injection de fonds dans les ENR)
Ceyal
D'ailleurs cette règle Européenne d'un pourcentage de renouvelable à été instituée pour casser le nucléaire... elle est d'ailleurs reprise avec entrain par les partis politiques français antinucléaires (cf. Élections de 2022)

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