Entente très cordiale au programme pour la visite d'État d'Emmanuel Macron au Royaume-Uni

  • Connaissance des Énergies avec AFP
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Emmanuel Macron est attendu mardi au Royaume-Uni, à l'invitation du roi Charles III, pour une visite d'État de trois jours destinée à consacrer le retour à "l'entente cordiale" entre Paris et Londres et le réarrimage du pays à l'Europe cinq ans après le Brexit.

Volonté d'un « reset »

Cette visite d'État sera la première d'un chef d'État de l'Union européenne depuis le Brexit, entré en vigueur en 2020, et elle précèdera celle de Donald Trump, attendu lui en septembre.

Entre procession en calèche et dîner au château de Windsor, le président français et son épouse Brigitte auront droit à tous les honneurs du protocole royal. Autre privilège rare, Emmanuel Macron s'adressera mardi au Parlement britannique. La visite sera ponctuée jeudi par un sommet entre le chef de l'État et le Premier ministre Keir Starmer à Londres.

Autant de signes de la volonté du royaume de regarder de nouveau vers l'Europe à l'heure des grands bouleversements géopolitiques, avec la guerre en Ukraine et le retour d'un Donald Trump plus imprévisible que jamais à la Maison Blanche, veut croire Paris.

Dès son arrivée à Downing Street, en juillet 2024, le Premier ministre travailliste Keir Starmer a "marqué sa volonté d'un reset (réinitialisation) entre le Royaume-Uni et l'Europe", souligne l'Elysée.

La dernière visite d'État, plus haut niveau d'accueil protocolaire, d'un président français outre-Manche remonte à Nicolas Sarkozy en 2008. Dans l'intervalle, le Brexit et les vives tensions avec le Premier ministre conservateur Boris Johnson avaient fortement mis à mal la tradition d'"Entente cordiale" initiée par une série d'accords entre les deux pays en 1904.

Migrants traversant la Manche

Après des mois de négociations, Européens et Britanniques ont conclu un nouveau partenariat stratégique, en particulier dans la défense, lors d'un sommet inédit depuis le Brexit le 19 mai.

Le sommet franco-britannique va "parachever les éléments de ce reset", assure l'Elysée, pointant "une reconvergence" autour "d'intérêts partagés". Keir Starmer, qui s'est entretenu samedi par téléphone avec Emmanuel Macron, promet des "avancées" sur la lutte contre les trafics de migrants et la défense.

Londres s'est déjà félicité vendredi d'un "durcissement" dans les pratiques des forces de l'ordre françaises après un reportage de la BBC montrant des gendarmes crever un bateau pneumatique rempli de migrants à coups de cutter, non loin de la plage. En vertu du droit international, les forces de l'ordre ne peuvent intervenir que pour porter secours à une embarcation qui est déjà en mer et en aucun cas l'intercepter.

Mais le Premier ministre britannique, sous la pression de l'extrême droite, réclame des interventions plus radicales côté français. Et à Paris, le ministère de l'Intérieur n'exclut plus d'intercepter les "taxi boats" jusqu'à 300 mètres de la côte. Plus de 20 500 personnes ont traversé la Manche sur les six premiers mois de l'année 2025, un record.

Arme nucléaire

La France et le Royaume-Uni, les deux seuls pays en Europe dotés de l'arme nucléaire, de grandes capacités de projection militaires et membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, vont aussi renforcer leur coopération en matière de défense.

Celle-ci repose sur les accords de Lancaster House, signés en 2010, avec un volet nucléaire, la mise en place d'une force expéditionnaire conjointe et la fabrication en commun de missiles (groupe MBDA).

"Mais la guerre à très grande échelle est depuis retournée sur le continent européen" et les accords vont donc devoir être "adaptés à cette nouvelle réalité", à la fois sur le volet nucléaire, le volet opérationnel et le volet capacitaire, pointe l'Elysée.

Emmanuel Macron revendique une proximité de vues avec Charles III, venu en visite d'État en France en septembre 2023, sur de nombreux sujets, de l'Europe à l'environnement. Il a développé aussi une relation étroite avec Keir Starmer, notamment sur l'Ukraine. "J'ai une relation personnelle très forte avec lui, comme avec le président Trump", a confié jeudi le Premier ministre lors d'une conférence de presse.

Même son de cloche à Paris, même si une certaine méfiance plane toujours à l'égard des Britanniques, jugés encore très dépendants des États-Unis. "Il y a un chemin très singulier et on peut le bâtir", assure-t-on au sommet de l'État.

Tous deux œuvrent à mobiliser les Européens derrière l'Ukraine devant le risque que Donald Trump ne privilégie la normalisation des relations avec la Russie sur une paix juste et durable.

Ils coprésideront d'ailleurs jeudi en visioconférence depuis la base de Northwood, près de Londres, une réunion des pays de la "coalition volontaires", qui travaillent à renforcer les capacités de défense de l'Ukraine face à la Russie.

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