Essequibo: le Venezuela et le Guyana vont tenter d'apaiser les tensions

  • AFP
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Les présidents du Venezuela et du Guyana se rencontrent jeudi pour tenter d'apaiser les tensions à propos du différend territorial autour de l'Essequibo qui oppose de longue date leurs deux pays.

Administré par Georgetown et revendiqué par Caracas, ce territoire de 160.000 km2, riche en pétrole et ressources naturelles, sera au coeur de la rencontre du président vénézuélien Nicolas Maduro et son homologue guyanais Irfaan Ali, sur l'archipel caribbéen de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

La réunion prévue à 14H00 GMT est organisée sous l'égide de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de la Communauté des Etats latino-américains et caribéens (CELAC) dont la présidence tournante est assurée par Saint-Vincent-et-les-Grenadines.

Un proche conseiller du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, Celso Amorim, y participera. Le Brésil a renforcé sa présence militaire à ses frontières avec les deux pays et exhorté samedi M. Maduro à s'abstenir de "mesures unilatérales".

Sadio Garavini di Turno, ancien ambassadeur vénézuélien au Guyana, a dit à l'AFP s'attendre au mieux à un communiqué commun dans lequel les deux parties s'engageraient à "apaiser l'escalade" et à "poursuivre les discussions pour désamorcer les tensions".

La tension grimpe depuis le référendum organisé le 3 décembre par Caracas sur un rattachement de l'Essequibo, approuvé à 95% selon des chiffres officiels contestés.

Le Venezuela soutient que le territoire lui appartient et que la véritable frontière date de l'empire espagnol en 1777. Le Guyana, indépendant depuis 1966, estime que les frontières ont été actées en 1899 lorsque le Royaume-Uni était la puissance coloniale.

Quelque 125.000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans ce territoire couvrant les deux tiers de sa superficie.

Le différend est devant la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l'ONU, non reconnue par le Venezuela. Le Guyana a également saisi le Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est réuni vendredi à huis clos.

"Nous allons à Saint-Vincent avec de grandes attentes et un grand désir de paix, de conciliation et (d'esprit) de travail", a déclaré lundi aux journalistes le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Yvan Gil, évoquant d'éventuelles "formules" de "coopération en matière de pétrole et de gaz".

Il a souligné que le Venezuela a travaillé "avec tous les gouvernements du Guyana jusqu'en 2015", année de la découverte par le géant américain ExxonMobil de vastes gisements de pétrole dans le territoire contesté.

Les récents appels d'offres du Guyana pour l'exploitation pétrolière dans la zone ont ravivé ce vieux conflit territorial qui suscite l'inquiétude parmi les autres pays d'Amérique du Sud.

Les Etats-Unis ont affirmé leur "soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana" et des exercices aériens ont été menés la semaine dernière.

M. Maduro a espéré débattre jeudi des "menaces" liées à "l'implication du Commandement Sud des Etats-Unis, qui a commencé ses opérations dans le territoire".

"Nous allons continuer à travailler avec nos partenaires" a rétorqué M. Ali auprès de l'AFP. "Le différend (territorial) est devant la CIJ, il ne fait pas l'objet de négociations et cela ne changera pas".

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