Hydrocarbures: un appel d'offres égyptien jugé « illégal » par Khartoum

  • AFP
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Le Soudan a qualifié mercredi d'"illégal" un appel d'offres lancé par une entreprise égyptienne pour l'exploitation de blocs d'exploration de pétrole et de gaz dans une zone de la mer Rouge revendiquée par les deux pays.

Le 10 mars, la holding égyptienne South Valley Egyptian Petroleum a lancé un appel d'offres pour l'exploitation de dix blocs d'exploration de pétrole et de gaz dans des eaux territoriales dites égyptiennes sur la mer Rouge, sans préciser leur localisation exacte.

"Cette opération illégale pourrait entraîner des poursuites judiciaires à l'encontre des parties impliquées" dans cet appel d'offres, a indiqué mercredi le ministre d'Etat soudanais du Pétrole et du Gaz, Saad El-Deen El-Bushra, dans des propos rapportés par l'agence de presse officielle Suna.

L'administration par l'Égypte du triangle d'Halaïb, un territoire de 20 000 km2 frontalier des deux pays situé au bord de la mer Rouge et riche en minéraux, est contestée par Khartoum qui affirme y avoir un "droit de souveraineté". La question est source de tensions entre les deux pays depuis des années, malgré un réchauffement des relations diplomatiques entre le Caire et Khartoum après un sommet en octobre.

Selon le ministre soudanais du Pétrole et du Gaz, quatre de ces blocs d'exploration sont situés dans les "territoires soudanais d'Halaïb" et cela représente une "ingérence directe" dans l'application par le ministère de son autorité en matière d'allocation de licences pour l'exploration pétrolière et gazière de ces zones.

"J'appelle toutes les entreprises, consultants et groupes d'étude à arrêter leurs activités dans cette zone sans quoi ils feront l'objet de poursuites judiciaires", a-t-il ajouté, précisant que Khartoum était prêt à mener des travaux d'exploration conjoints dans ces zones à conditions que les deux pays concluent des accords pour cela.

Après une détérioration de leurs relations en 2017, lorsque le président soudanais Omar el-Béchir avait accusé l'Égypte de soutenir des opposants soudanais dans les zones de conflit du pays, notamment au Darfour (ouest), Le Caire et Khartoum ont récemment surmonté leurs différends.

Le Soudan a notamment levé en octobre l'interdiction d'importer des produits d'Égypte, imposée pendant 17 mois.

Ces derniers mois, l'Égypte a régulièrement appelé à la stabilité chez son voisin, secoué depuis décembre par un mouvement de contestation antigouvernementale inédit. "L'Égypte soutient totalement la sécurité et la stabilité du Soudan, qui sont fondamentales pour sa sécurité nationale", avait déclaré le président égyptien en janvier.

Depuis le début des manifestations, déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain le 19 décembre, 31 personnes sont mortes selon un bilan officiel. L'ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre d'au moins 51 morts. M. Béchir a refusé de démissionner et a instauré le 22 février l'état d'urgence dans tout le pays.

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