Face au changement climatique, les constats après la COP26

  • AFP
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Échec retentissant comme à Copenhague en 2009 ? Succès historique comme à Paris en 2015 ? Entre les deux ? La dernière conférence climat de l'ONU a inspiré tous ces sentiments et, alors que l'humanité tente de se sauver d'elle-même, le temps de l'action concrète est venu.

D'un côté, la militante suédoise Greta Thunberg fustigeant devant plus de 100 000 jeunes rassemblés à Glasgow un "festival du greenwashing". De l'autre, des experts rompus aux négociations climatiques saluant des avancées solides, voire historiques, dans la lutte contre le réchauffement.

Et au milieu, de nombreux observateurs qui oscillent entre approbation et critique, entre espoir et désespoir face aux résultats de cette COP26 de Glasgow qui était vue comme cruciale pour l'avenir de l'humanité. "Le Pacte climatique de Glasgow représente plus que ce que à quoi nous nous attendions, mais moins que ce que nous espérions", résume Dann Mitchell, du service météo britannique Met Office.

Un entre-deux pas si surprenant en matière de lutte pour le climat. Telle mesure ou tel engagement est-il un vrai progrès ou au contraire une réponse inadéquate ? Tout dépend de la façon dont on mesure. Ainsi, comparé à ce qui existait avant cette COP, le premier appel de quelque 200 pays à réduire l'utilisation du charbon, ou la promesse de doubler l'aide financière annuelle destinée à l'adaptation des pays pauvres aux catastrophes, sont des avancées importantes. Tout comme l'encouragement à soumettre d'ici fin 2022 des engagements plus ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mais ces victoires remportées de haute lutte à la COP26 semblent modestes au regard des constats scientifiques et des conséquences de la crise climatique déjà tangibles sur le terrain.

« Bretelle de sortie »

Au fil de l'année 2021, à travers la planète, les humains ont vécu dans leur chair la férocité des incendies, inondations et canicules appelés à se multiplier avec la hausse de la température. En arrivant à Glasgow, le monde était donc bien décidé à tout faire pour respecter l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris : limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, pour éviter le pire alors que chaque dixième de degré compte.

"En tant qu'optimiste, pour Glasgow, je vois le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide", commente Alden Meyer, du centre de réflexion E3G. "Mais l'atmosphère répond aux émissions, pas aux décisions des COP, et il reste beaucoup à faire pour traduire des discours forts en réalité".

L'alerte rouge lancée en août par les experts climat de l'ONU (Giec) est claire. En 3 000 pages, ils passent en revue toutes les données physiques de la science climatique, n'y trouvant aucune bonne nouvelle. Il est ainsi probable que le réchauffement atteigne le seuil de +1,5°C autour de 2030 ; que le niveau des océans augmente plus rapidement que prévu; que les "puits de carbone" naturels que sont les forêts, les sols et les océans donnent des signes de faiblesse. Le risque de "points de non retour" menace déjà des écosystèmes indispensables à l'équilibre climatique, comme l'Amazonie, qui pourrait se transformer en savane ou le permafrost de l'Arctique, ce sol toujours gelé qui en fondant pourrait libérer d'immenses volumes de CO2 et de méthane.

"Ne vous y trompez pas, nous sommes toujours sur la route de l'enfer", alerte Dave Reay, patron du Climate Change Institute d'Edimbourg. "Mais au moins, Glasgow a créé une bretelle de sortie".

« Objectifs basés sur la science »

La deuxième partie du rapport du Giec, centrée sur les impacts du réchauffement, dont l'AFP a obtenu une version préliminaire avant sa publication en février 2022, met en lumière un autre fossé entre les avancées de Glasgow et les besoins à long terme: l'aide aux pays pauvres.

Ainsi, selon ce texte, aider les pays les plus vulnérables à faire face aux impacts dévastateurs du réchauffement va rapidement nécessiter des milliers de milliards de dollars par an. Bien plus que les 100 milliards par an promis par les pays riches aux pays en développement à partir de 2020, une promesse en outre toujours pas tenue.

Après cette COP et face aux catastrophes qui se multiplient, la question climatique restera certainement à la Une d'ici la COP27 fin 2022 en Egypte. La suite de cette saga catastrophe dépendra dans une large mesure des quatre principaux émetteurs, responsables de 60% des émissions mondiales (États-Unis, Chine, Union européenne, et Inde), appelés à faire plus pour réduire leurs émissions.

Mais aussi du secteur privé qui selon certains observateurs entre dans une transformation majeure avec des capitaux privés qui commencent à affluer pour entamer la décarbonation nécessaire de tous les secteurs de l'économie.

À Glasgow, l'ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney a ainsi assuré que "l'argent est là si le monde veut s'en servir", en présentant une alliance de 500 banques, assureurs et gestionnaires d'actifs représentant 130 000 milliards de dollars.

Mais certains scientifiques doutent que le marché seul puisse être la solution, si les gouvernements ne jouent pas leur rôle. "Nous ne pouvons pas attendre que les incitations faites aux marchés portent leurs fruits", commente Johan Rockstrom, directeur du Potsdam Institute for Climate Impact Research. "Il faut donner un prix au carbone au niveau mondial, il faut mettre en place des objectifs basés sur la science qui soient transformés en lois".

Commentaires

Vlady

Le "marché" privilégie toujours les intérêts PRIVÉS , jamais les intérêts COLLECTIFS !! Ce ne sont les INCITATIONS qui feront avancer le Schmilblick" , mais les OBLIGATIONS !!! C ' est au monde politique qu ' incombe la responsabilité d ' imposer la marche à suivre !

Serge Rochain

Les COP ça sert à constater que l'on n'a pas tenu les engagements de la cop précédente, et à en prendre de nouveaux afin de pouvoir constater à la suivante que l'on ne les aura pas tenus non plus.
De cop en cop, ainsi va le monde.

Albatros

Il faut dédramatiser ces COP. Et je m'interroge sur le fait que personne ne met en doute l'efficacité de ces monstrueux meetings dans lesquels des super VIP viennent faire la morale aux vulgaires citoyens que nous sommes en leur intimant de ne surtout pas vivre comme eux, le cul bien au chaud.
J'ai une pensée sincère pour les pauvres gens à qui les politiques européennes veulent interdire l'accès à l'énergie et qui ont besoin de râcler le peu de bois disponible pour cuire leurs aliments parce que les riches ont décidé qu'ils ne doivent pas utiliser le gaz naturel.
Sans compter les effets de discours morbides sur la psyché de nombre de jeunes (comme je plains la petite Greta !) qui feront monter encore la consommation d'anti-dépresseurs en France, championne du monde de la déprime. C'est préoccupant.
J'espère qu'ils auront du soleil en Egypte et qu'ils pourront se baigner dans la Mer Rouge.
Courage à ceux qui travaillent.

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