Factures d'énergie : vent d'inquiétude chez les maires, réunis en congrès

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Partagés entre colère, inquiétude et abattement, les maires de France, réunis en congrès à Paris, ne savent plus de quoi leur avenir sera fait avec, pour la première fois, la crainte difficilement exprimable de ne plus pouvoir payer leurs factures.

À Jonquières (Vaucluse), 5 500 habitants, la facture d'électricité de la commune a été multipliée par deux et celle du gaz a bondi de 2,7% en quelques mois. "On a essayé de limiter la casse en renégociant les contrats mais ce n'est pas évident et ça va encore se corser en 2023", témoigne le maire, Louis Biscarrat.

"Avec le changement climatique, c'est maintenant qu'il faudrait investir, isoler les façades des bâtiments publics mais paradoxalement, on a de moins en moins de marge de manœuvre", se désole-t-il, "les dotations ne suivent pas l'inflation et on ne voit pas de lueur à l'horizon".

Avec un surcoût de 60 000 euros pour l'énergie sur un budget de 100 000 euros, le maire de Saint-Martin-la-Plaine (Loire, près de 4 000 habitants) navigue lui aussi à vue pour 2023.

"On va absorber la hausse et limiter au maximum le coût pour les familles mais on ne pourra le faire pendant des années et ça va obérer notre capacité d'emprunter pour investir", constate Martial Fauchet, qui doit en plus composer avec deux châteaux qui sont "de véritables passoires énergétiques".

Interrogés sur le soutien de l'État, les maires ne voient pas comment bénéficier de "l'amortisseur électricité" annoncé fin octobre par Elisabeth Borne.

Claude Windstein, maire de La Petite Pierre, commune de 622 habitants du Bas-Rhin, se dit "très réservé, voire dépité" et va jusqu'à "compter la moindre feuille de papier et surveiller les déplacements des agents municipaux".

Il faut dire que les chaufferies des bâtiments communaux "ont plus de quarante ans et fonctionnent au fioul", dont le prix s'est envolé de 40%. La mairie a voulu passer à une chaudière à pellets mais le prix du matériau a "lui aussi augmenté".

Plus d'autonomie

Aux prix de l'énergie s'ajoute le constat de subventions en berne.

"Avant, pour rénover une salle polyvalente, on pouvait espérer 40% de subventions, aujourd'hui c'est 20%", poursuit l'élu alsacien, qui ne sait pas non plus où trouver les 300 000 euros annuels qu'il faudrait investir pendant dix ans "pour éviter que les remparts du village, qui datent du XIVe siècle, ne se cassent la figure".

Selon une enquête du Cevipof parue lundi, 35% des 3 700 maires interrogés se disent "très préoccupés" et 42% "préoccupés" par le renchérissement des coûts de l'énergie.

"Ils ne sont pas inquiets au sens où ils seraient anxieux face à l'avenir mais ils sont préoccupés parce que l'ampleur de cette crise révèle que pour une fois, ils n'ont pas forcément les moyens de réagir", observe Martial Foucault, le directeur du Cevipof.

De plus, les élus sont demandeurs d'un soutien très fort de l'Etat, mais cette demande "les met en porte-à-faux dans la mesure où ils aspirent aussi à plus d'autonomie et de décentralisation", ajoute M. Foucault.

"Il y a deux états d'esprit qui se succèdent chez les maires: l'abattement et la colère", prévient André Laignel, vice-président de l'Association des maires de France.

"La vérité, c'est qu'on n'a jamais connu une situation aussi difficile pour les collectivités territoriales qui jouent un rôle d'amortisseur social dans notre pays, tandis que le gouvernement nous dit « circulez, vous êtes en bonne santé »", poursuit le maire d'Issoudun (Indre).

La plupart des élus interrogés refusent toutefois de se laisser abattre, telle Denise Gils, maire de Peyriac-Minervois, commune de 1 200 habitants dans l'Aude. "On fait avec, on se débrouille et on essaie d'être optimiste", assure la maire. Grâce à une météo plutôt clémente, elle confie n'avoir pas encore beaucoup allumé le chauffage de ses bâtiments communaux.

Commentaires

Philippe HUET

Attention à ce que vous écrivez : "celle (la facture) du gaz a bondi de 2,7% en quelques mois"
2.7% ce n'est pas vraiment ce qu'on pourrait qualifier de bon.

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